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L’Arsia : 20 ans d’évolution

au service des éleveurs

Pour la troisième fois, l’Arsia a ouvert ses portes au grand public. L’opportunité d’en apprendre plus sur le fonctionnement de cette Asbl, fondée en 2003 et basée à Ciney. Son objectif ? Encadrer les éleveurs pour l’identification et l’amélioration de la santé de leurs animaux. Une association qui se dit au plus près des réalités du monde agricole, tout en assurant le rôle d’intermédiaire entre les fermes et les autorités fédérales.

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Pour les éleveurs, apprendre que son cheptel a été infecté par telle ou telle maladie est un véritable coup de massue. D’autant plus lorsqu’elle est subclinique, sans aucun symptôme apparent. C’est pourquoi les tests effectués par les laboratoires, tels que celui de l’Arsia, doivent être d’une fiabilité irréprochable. Un travail conséquent puisqu’en 2023, ce ne sont pas moins de 5.942 analyses par jour qui ont été réalisées, avec un pic en hiver, lorsque les bêtes sont à l’étable. « Nous savons que les éleveurs peuvent remettre en cause un résultat surtout lorsqu’il est inattendu. De plus, nous pouvons nous retrouver avec ce qu’on appelle un faux positif. C’est pour cette raison qu’il y a systématiquement une confirmation et que l’on ne se fie pas à un seul test. C’est seulement lorsque toutes les procédures ont été réalisées que des mesures sanitaires peuvent être prises », nous informe Jean-Yves Houtain, directeur du département épidémiologie et encadrement sanitaire à l’Arsia.

Et c’est au service dispatching de l’association que tout commence. C’est là qu’arrivent les échantillons provenant des différentes fermes. Après avoir été réceptionnés et triés, ceux-ci sont encodés, conditionnés puis analysés. Ces prélèvements peuvent prendre différentes formes. Il y a du sang, bien entendu, mais aussi les biopsies auriculaires, comme on nous l’indique au service de sérologie qui vérifie si la bête a développé des anticorps. Grâce à un morceau de cartilage de l’oreille, ces spécialistes peuvent donc détecter des virus, comme le BVD (bovine viral diarrhea), mais aussi obtenir l’ADN du veau, lequel sera conservé à l’Arsia durant toute la vie de l’animal.

Des autopsies pour une meilleure prévention

Après la sérologie, direction le service de pathologie et sa salle d’autopsie. Sur les tables sont déposés plusieurs cadavres. Il en a environ 7.000 qui arrivent chaque année, et ce notamment grâce au protocole avortement développé par l’Asbl. Avec son service de ramassage en ferme, les éleveurs peuvent envoyer les avortons directement à Ciney pour être autopsiés. « Dans le cadre de la brucellose, il est important de rappeler que dans les années 90, annuellement et dans tous les troupeaux, les animaux étaient échantillonnés. Dans les années 80, c’était deux fois sur l’hiver. Lorsque les efforts de lutte contre la brucellose ont porté leurs fruits, nous avons proposé à l’État d’investir dans les causes d’avortement. Donc, les fonds précédemment alloués aux prises de sang ont ainsi été redirigés vers ce protocole », poursuit Jean-Yves Houtain.

Un service important et surtout gratuit pour les détenteurs qui peuvent connaître les causes de mortalité et mettre en place les meilleurs traitements possibles pour leur cheptel. « Par exemple, nous avons eu un épisode de leptospirose durant un an. Le système de protocole avortement a permis de lancer l’alerte sur cette maladie, et de permettre aux éleveurs de prendre les mesures adéquates contre elle ».

Des maladies plus exotiques

Malheureusement pour le monde de l’élevage, les maladies évoluent. Quand l’une est éradiquée, parfois, c’est une autre qui apparaît. Et les nouvelles pathologies auxquelles le monde agricole doit désormais faire face sont notamment associées au phénomène de réchauffement climatique. « Ce sont des maladies vectorielles, donc plus difficiles à maîtriser », indique d’ailleurs le vétérinaire. À l’instar de la fièvre catarrhale ovine, ce sont, en effet, les insectes qui transmettent le virus d’un animal à l’autre. Par ailleurs, force est de constater que face à ces problématiques exotiques, très peu de vaccins, aux normes européennes, sont disponibles. « De plus, pour les détenteurs, c’est très difficile de s’en prémunir efficacement », poursuit-il en indiquant que pour mettre sur le marché un nouveau vaccin, même avec une procédure accélérée, cela prend un an. Une année qui peut sembler une éternité pour les éleveurs qui voient leurs bêtes tombées malades sans réellement pouvoir agir…

Concernant les autovaccins, par contre, l’Arsia a réussi à faire évoluer leur production. Le principe ? Prendre une bactérie isolée dans l’exploitation agricole, la multiplier et la tuer. Les doses de ces vaccins personnalisés ne peuvent être utilisées que dans la ferme dans laquelle se trouve la souche. Bref, un moyen efficace de protéger son troupeau avant qu’il ne soit atteint par une pathologie.

Des agents sur le terrain

Outre ces différents moyens, l’Arsia est aussi présente directement sur le terrain avec, entre autres, des visites de prévention dans les étables.

Quatre agents du service de traçabilité vont aussi à la rencontre des agriculteurs. Leur rôle ? Les aider dans les situations difficiles, par exemple, quand plusieurs bêtes ne sont pas identifiées correctement, ou encore encadrer les nouveaux arrivants pour ces formalités administratives. C’est également l’opportunité pour eux de découvrir « Cerise », soit le « Centre d’Enregistrement et de Régulation de l’Information des Services à l’Élevage ». Un portail qui permet d’identifier des animaux en quelques clics. Un service visant à faciliter les formalités administratives, histoire de soulager les agriculteurs qui doivent jongler quotidiennement entre leurs obligations bureaucratiques et la gestion quotidienne de leur cheptel.

Déborah Toussaint

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Voix de la terre L’été est bel et bien arrivé et, Hélios soit loué, on a enfin une saison ensoleillée. Les premières moissons ont déjà eu lieu et il en va de même pour les foins tellement l’herbe pousse, stimulée par de brefs épisodes pluvieux et de magnifiques semaines de lumière. C’est presque trop parfait… Dans un élan de fantaisie ou de croyances, j’ai envie de vous dire qu’on est en train de vivre un moment qui est de l’ordre du mythique.
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