Démonstration d’outils : le désherbage, un défi partagé à l’ère du numérique
À Hannut, lors de la Journée interprofessionnelle du bio, plusieurs démonstrations d’outils de désherbage ont été organisées. Entre automatisation et innovation, voici un aperçu des solutions mises en avant.

Maverick de Odd.Bot
Maverick est un robot de petite dimension (2,05 m x 1,7 m x 1,55 m), à deux roues motrices à l’arrière et pesant 400 kg. Sa largeur de travail est ajustable entre 1,5 m et 2,25 m.
Il déracine les adventices, uniquement dans le rang, à l’aide d’une pince et grâce à un système de détection caméra basé sur l’intelligence artificielle. Il possède deux bras robotiques devant lesquels se situe donc une caméra qui distingue la culture.
La machine est entièrement électrique et peut fonctionner en autonomie jusqu’à 24h sur batterie. Elle peut désherber aussi bien de nuit que de jour, avec un rendement d’un à deux hectares.
Elle est capable de travailler dans les champs de carottes, oignons et chicons, à partir du stade optimal de deux ou trois feuilles. Le robot détecte les obstacles et tourne en bout de ligne.
Il est déjà commercialisé, principalement aux Pays-Bas, à partir de 100.000 €.
L’Andela Electro-Weeder
La bineuse électrique Electro-Weeder permet d’éliminer les mauvaises herbes entre les rangs à l’aide de « peignes » métalliques, alimentés par une haute tension de 9.000 V. Ce passage du courant arrête le flux de sève, provoque un échauffement et la mort de la plante.
La culture est protégée du courant par des plaques en plastique. La machine est adaptée pour les carottes, oignons, patates douces et pour les faux semis. Son avantage est qu’elle laisse le sol intact, sans créer un lit de semence pour d’éventuelles adventices.
Elle doit être utilisée en conditions sèches et est capable de travailler sur un sol dur, à plat ou sur bute et nécessite un tracteur d’une puissance comprise entre 80 et 200 ch. En condition trop humide, la dispersion du courant dans le sol est plus importante et l’efficacité sur les adventices est réduite.
La vitesse de conduite est de 2 à 6 km/h en fonction de la densité de mauvaises herbes et le débit de chantier est de 50 a/h.
L’engin peut être équipé d’un guidage par caméra. Il est composé d’un châssis, séparé par un isolant de la partie galvanisée mise sous tension, et d’un générateur électrique alimenté par le tracteur via la prise de force, tournant à 1.000 tour/min.
Weed-e, le lit de désherbage
Cette machine de désherbage manuel proposée par FieldWorkers est munie de panneau solaire, d’une batterie au lithium et est présentée comme complémentaire aux autres outils. Selon la firme, le désherbage manuel reste le moyen le plus efficace d’éliminer les adventices trop développées que pour être détruite par d’autres moyens robotiques ou mécaniques.
Le lit est adapté pour deux travailleurs allongés sur des planches et a une vitesse ajustable comprise entre 0 et 1 km/h. La machine peut être arrêtée et redémarrée par le pied du travailleur, en pressant un « bouton pause » situé à l’arrière de la planche. Cela lui permet de toujours avoir les mains libres.
L’engin ne possède que trois roues, une à l’avant et deux à l’arrière, afin de rester droit et de ne pas devoir diriger continuellement le lit. Les roues arrière peuvent être écartées jusqu’à 3,20 m.
FD 20 de Farmdroïd
FD 20 est un robot qui combine à la fois le semis et le désherbage des cultures de manière autonome. Initialement prévu pour les betteraves, il est désormais possible de semer plus de 80 espèces, comme des oignons, des chicons, des chicorées et des haricots.
Lors du semis, la position de chaque graine est enregistrée pour faciliter le binage dans la ligne.
Il est recommandé de l’employer pour une surface de maximum 20 ha car il doit revenir à la même place tous les cinq jours et assez tôt après le semis. L’objectif de cette machine est de ne pas permettre aux adventices de s’implanter. Elle agit donc principalement sur des mauvaises herbes aux stades filament ou cotylédonnaire.
Les éléments de binage sont composés de pattes d’oie pour l’entre rang et de couteaux pour la ligne. La largeur de la machine est de 3 m. Elle travaille de 4 à 12 rangs, en trois ou quatre roues.
L’engin peut être contrôlé à distance sur un téléphone et peut travailler 24h sur 24 grâce à ses panneaux solaires. Sa vitesse varie de 500 m/h à 1 km/h.
ARA d’Ecorobotix
Équipé de 156 buses en 6 m, ce système de pulvérisation ultra-localisée est muni de caméras couplées à des algorithmes de reconnaissances afin de cibler spécifiquement les adventices. Celles-ci sont renfermées dans un capot contenant également un éclairage led, afin de garantir des conditions de luminosité homogènes et constantes.
Le traitement peut se réaliser à une vitesse de 7 km/h. Les trois rampes sont positionnées à 26 cm du sol et les buses, espacées de 4 cm les unes des autres, peuvent pulvériser sur des surfaces de 6x6 cm.
Les modules arrières génèrent un Wifi et assurent la communication avec l’opérateur, situé dans le tracteur.
Les commandes de la machine sont programmées via une tablette, en y spécifiant certains renseignements, tels que le type de culture, le contexte de travail (l’élimination de toutes les adventices ou pulvérisation de la culture seule, par exemple).
Deux cuves sont attelées à l’avant du tracteur, l’une d’eau claire et l’autre de bouillie, afin de gérer l’incertitude de la quantité à pulvériser. Le conseil est de préparer 20 l de bouillie et de commencer la pulvérisation. La tablette affiche ensuite la consommation réelle. Le restant de bouillie nécessaire pourra être préparé sur le champ avec la cuve d’eau claire.
La bineuse Ullmanna
L’outil de désherbage mécanique d’Ullmanna est équipé de six caméras et de l’intelligence artificielle. Il est capable de détecter la culture ainsi que le centre de la plante.
Initialement développée en collaboration avec Beneo pour les chicorées bio, la machine peut être adaptée pour d’autres cultures en quelques heures, comme les betteraves, le maïs et les potirons, en mémorisant des photos de la culture.
Destinée à désherber dans la ligne, elle élimine les adventices grâce à des couteaux qui « s’ouvrent et se referment » sur la ligne une vingtaine de fois par seconde, après avoir reconnu la culture. Ces couteaux sont actionnés par air comprimé, ce qui est plus efficace et rapide que l’hydraulique.
Le taux de recouvrement dans la ligne s’élève de 80 à 90 %, en fonction de la volonté de l’agriculteur. La profondeur de travail est aussi réglable. Des éléments peuvent également être additionnés afin de couvrir le désherbage de l’interligne en même temps.
La vitesse de la machine est de 1,5 à 2 km/h mais peut atteindre 5 km/h en betterave, soit environ 1 ha/h. Elle permet ainsi une réduction de 80 % de la main-d’œuvre pour le désherbage manuel. L’engin est autoguidé par l’intermédiaire d’un translateur.
IC Weeder de Lemken
l’IC Weeder est un outil de désherbage mécanique dans la ligne, entre les plants qui doivent être espacés d’au minimum 20 cm. Une distance minimale de 25 cm est également recommandée entre les rangs.
La machine est composée de plusieurs parties. À l’avant, un capot renferme tous les éléments pneumatiques (compresseurs, traitement de l’air) qui pilotent les éléments de binage. Ce capot intègre également six caméras et un éclairage led. Grâce à des capteurs de position, les deux roues montées sur des vérins corrigent l’inclinaison des caméras afin qu’elles soient constamment parallèles au sol. Un translateur permet également le guidage des rangs.
L’intelligence artificielle est également employée pour cette machine. Par mémorisation de plus de 1.500 photos de diverses variétés de betteraves à différents stades, l’engin est capable de distinguer les betteraves des mauvaises herbes, indépendamment du stade. Le désherbage peut ainsi commencer assez tôt durant le développement de la culture.
Les éléments de binage sont formés de dents pour travailler entre les lignes et de couteaux en forme de faucille pour agir dans le rang et contourner la plante. La vitesse des couteaux est réglable suivant le type de culture ainsi que la distance de travail entre les éléments et la culture.
Cette machine peut travailler dans les légumes, avec une détection des adventices par le mode « couleur » ou « vert », ce qui la rend apte à désherber des laitues rouges ou des choux. À l’arrière de celle-ci, il est possible d’envoyer un jet d’air vers la culture afin de la « nettoyer » des éventuelles projections de terre.
L’engin exige de 4 à 12 rangs (de 2 à 6 m de large), avec une vitesse de travail pouvant atteindre un maximum de 1 à 1,5 km/h
Chopstar 3 – 60, la bineuse d’Einböck
La bineuse Chopstar est une bineuse à 12 rangs, avec un écartement de 45 cm. Elle est associée à un translateur linéaire Rowguard 500 qui peut être adapté à n’importe quelles autres bineuses du marché, pour un guidage précis. Un tracteur de 150 ch est suffisant pour porter le translateur.
Des vannes proportionnelles permettent un guidage doux. La machine est équipée de caméra avec le mode 2D et 3D ainsi qu’une analyse de la colorimétrie pour un suivi optimal de la culture en fonction des différents stades de développement et du niveau de salissement.
Concernant la bineuse Chopstar, celle-ci peut être outillée de roues en acier afin d’assurer une meilleure assise de la machine et un meilleur suivi dans le terrain vallonné. Des lames Lelièvre, un cœur patte d’oie et des disques de protections sont également montés sur la machine. Cette dernière étant assez longue, elle assure un poids suffisant même sur des éléments très plats, leur permettant de pénétrer le sol dans toutes les conditions. Les doigts Kress sont indépendants par rapport aux éléments de binage.
Le contrôle des sections se fait via l’Isobus ou manuellement.
La bineuse Lemken, EC Weeder
Le système de guidage caméra IC light mène la bineuse pour un désherbage dans la ligne. Sur une machine à huit rangs, deux caméras suivent 2x2 rangs. Celles-ci peuvent travailler ensemble afin d’augmenter la précision ou en mode « auto-switch » (celle qui ne suit plus les lignes est désactivée) pour le travail dans les courtes lignes.
Le châssis est supporté par deux roues et est relié à la bineuse par 2x4 bras parallélogramme qui permettent des mouvements souples et désolidarisent le tracteur de la machine. Les éléments se règlent par une manivelle.
Les sarcleuses à doigts sont montées sur des bras indépendants des éléments de binage pour ne pas être influencée par le mouvement du parallélogramme. Brevetée par Lemken, la pièce métallique a la particularité d’être située au-dessus des doigts en caoutchouc, ce qui empêche l’accumulation de terre entre les deux et garantit le maintien de l’agressivité des doigts.
La machine est également équipée d’un terminal Isobus combiné au signal caméra CCI ainsi que d’éléments Combi montés sur roulement à billes sans entretien avec un relevage hydraulique des éléments. Un contrôle de pression est aussi disponible. Réglable en dix positions, il est géré directement depuis la cabine et permet d’ajouter du poids sur l’élément en conditions sèches.
La bineuse Multicrop de Monosem
La bineuse de Monosem est à la fois adaptée pour les grandes cultures que pour le maraîchage et se distingue par son parallélogramme et la position ses éléments.
Ce parallélogramme revient assez fort sur l’élément, ce qui permet en conditions sèches et difficiles de garder le poids de la machine sur les éléments et de garantir leur stabilité. À l’inverse, les roues situées sur chaque élément permettent de supporter le poids de l’élément dans les terres plus légères.
Le réglage des éléments se réalise par crans de 0,5 cm de profondeur et la machine est pilotée par caméra. Des disques protègent le rang, les éléments sont interchangeables et la fertilisation peut être intégrée avec une distribution Isobus.
La bineuse Metis de Agrivaux
C’est avec les soucis de rentabilité et de productivité face à des fenêtres de travail réduite par les aléas climatiques et avec l’envie de simplifier son utilisation que la bineuse Metis est présentée.
Le bon réglage d’une bineuse garantit à l’utilisateur un travail précis et efficace. Par conséquent, leur automatisation peut être une aide précieuse pour pouvoir travailler dans de nombreuses conditions. Pour ce faire, le système Isobus est intégré à la machine ainsi que prochainement, un système de pulvérisation ultra-localisé dans la ligne à placer à l’avant du tracteur.
La machine en tant que telle est adaptable à toutes les cultures et peut couvrir 18 rangs. Elle possède également un translateur SS300, le système Isobus et une console CCI pour le paramétrage ainsi que des pattes d’oies, des doigts rotatifs souples et une herse étrille. Le réglage de la profondeur de travail se réalise au moyen d’une manivelle.