à prendre en compte pour la déclaration fiscale
Le principe du forfait
Le principe du forfait agricole repose sur une moyenne applicable à défaut de comptabilité. Concernant les revenus professionnels, les agriculteurs et horticulteurs doivent, en principe, comme d’autres indépendants, introduire une déclaration d’une comptabilité probante. Mais, en règle générale, ils ne sont pas soumis à la législation comptable des entreprises commerciales. Ils ne disposent donc pas d’une comptabilité probante. C’est pourquoi ils peuvent être imposés à partir de bases forfaitaires.
Après une étude approfondie et un certain nombre de discussions, l’administration fiscale, en concertation avec les groupes professionnels, convient chaque année d’une base forfaitaire qui peut être utilisée pour déterminer le bénéfice des agriculteurs ou horticulteurs ne recourant pas à une comptabilité fiscale. On peut considérer cela comme une moyenne générale, exprimée sous le vocable de bénéfice semi-brut. Celui-ci est fixé par région, et/ou par secteur ou culture.
Attention à l’abus
Il y a quelques années, un texte a été ajouté dans le but d’exclure un certain nombre d’abus. En bref, cela signifie que lorsqu’il existe un lien étroit entre les entreprises (entreprise unipersonnelle et société à la même adresse, les deux conjoints ayant une société agricole distincte…), il n’est plus accepté qu’une entreprise suive le système normal et que l’autre utilise le taux forfaitaire, sauf s’il peut être démontré que les transactions entre elles sont parfaitement conformes au marché.
Le bénéfice semi-brut
Le bénéfice semi-brut est un montant forfaitaire. Il ne signifie ni bénéfice brut ni bénéfice net. Il s’agit d’un montant qui est appliqué sur une certaine unité lors du calcul du bénéfice forfaitaire.
Il peut être déterminé par ha de surface agricole exploitée, par porc engraissé vendu, par are de fraisiers, par poule pondeuse, par ha de pommiers basses tiges… Le critère utilisé pour l’application du barème varie donc de secteur à secteur et il est basé sur l’activité économique de l’entreprise.
Le bénéfice semi-brut est un chiffre forfaitaire, situé entre le bénéfice brut (chiffre d’affaires) et le bénéfice net (bénéfice imposable). Les négociations en vue de la détermination du bénéfice semi-brut tiennent compte de toutes les ventes et d’une partie des dépenses (déductibles) de l’exploitation.
Dans sa déclaration, l’agriculteur peut encore déduire un nombre assez restreint de postes de frais pour arriver au bénéfice net.
Le bénéfice brut est la somme de toutes les ventes et perceptions.
Si on en déduit les dépenses générales ou achats, on obtient alors le bénéfice semi-brut.
Si, du bénéfice semi-brut, on déduit les dépenses ou achats individuels, on obtient alors le bénéfice net, et c’est lui qui est taxable.
Trois chiffres par région
Trois montants de bénéfice semi-brut sont déterminés par région agricole, en fonction de la destination du terrain agricole. Ils sont déterminés par ha :
– le bénéfice semi-brut pour les surfaces fourragères affectées à la production laitière (lait) ;
– le bénéfice semi-brut pour les surfaces fourragères non affectées à la production laitière (viande) ;
– le bénéfice semi-brut pour l’autre superficie agricole ordinaire (cultures).
Calcul du bénéfice semi-brutlait, viande, cultures
Le calcul du bénéfice semi-brut d’une exploitation agricole normale se déroule en trois étapes.
Exemple de calcul
Surface « lait » de plus de 35 ha
Plus-values pour la culture de pommes de terre
Le bénéfice semi-brut en élevage porcin
En élevage de truies, le bénéfice semi-brut complémentaire est calculé en multipliant le nombre moyen de truies productives présentes par le bénéfice semi-brut. L’élevage de truies ayant connu une année excellente année 2023, le chiffre déterminé est élevé : 485 euros.
Les exploitations de porcs à l’engraissement doivent déclarer un bénéfice semi-brut complémentaire qui dépend du nombre de porcs engraissés vendus en 2023. Le montant est de 20 euros par porc engraissé.
Dans les exploitations qui engraissent des porcs sous contrat, le bénéfice semi-brut complémentaire est de 9 euros par porc engraissé.
Pour les exploitations de plus de 5.000 porcs à l’engraissement, une progression de 0,002 euro par porc vendu sera introduite jusqu’à un maximum de 11.000 porcs vendus. Pour les grandes entreprises, le taux forfaitaire peut ainsi passer cette année à 32 euros pour les porcs vendus au-delà des 5.000.
La mesure de soutien payée en 2023 par l’asbl Belpork (Projet Bepork) dans le cadre de la castration sous anesthésie est incluse dans le bénéfice semi-brut et ne doit plus faire l’objet d’une déclaration supplémentaire.
Porcs et surface agricole
Les éleveurs de porcs ont droit à une diminution de la surface agricole qui entre en ligne de compte pour le bénéfice semi-brut agricole via l’application du calcul suivant : (nombre de truies x 15) + nombre de porcs engraissés – (nombre d’ha de l’exploitation agricole x 50)/1.000. Cette diminution ne peut pas être supérieure à 2,5 ha.
Autres revenus imposables à ajouter
Outre le bénéfice semi-brut agricole et le bénéfice semi-brut complémentaire pour les éleveurs de porcs, un certain nombre d’autres primes ou bénéfices complémentaires doit également venir s’ajouter au bénéfice imposable.
C’est le cas de cultures spéciales (production de pommes, poires, fraises, raisins…) pour lesquelles des barèmes particuliers ont été calculés.
C’est également le cas pour l’engraissement de veaux et l’aviculture.
Une progression a également été introduite pour les poulets de chair et, pour les entreprises horticoles dont le chiffre d’affaires réel est supérieur à 115 % du chiffre d’affaires forfaitaire, une surface horticole supplémentaire doit être déclarée.
En outre, en horticulture, il ne faut pas oublier d’ajouter au bénéfice semi-brut la partie du précompte professionnel du personnel saisonnier qui n’a pas dû être payée à partir du 1er juillet 2023.
La plupart des primes reçues par les agriculteurs et horticulteurs sont en principe à ajouter au bénéfice semi-brut. Un nombre restreint d’indemnisations est déjà inclus dans le calcul du bénéfice semi-brut. Il existe également des indemnisations dues à des frais supplémentaires ou à des rendements moindres. Ces aides ne doivent donc plus s’ajouter au bénéfice semi-brut. C’est le cas notamment des aides spécifiques pour l’agriculture biologique et l’agriculture agri-environnementale. Ces aides sont imposées à un taux particulier de 16,5 %. Elles doivent être retirées du bénéfice semi-brut avant de pouvoir les mentionner dans le code correspondant du formulaire.
Les aides comme le paiement de base (plus la prime aux jeunes agriculteurs et le verdissement) et la prime vaches allaitantes doivent être ajoutées au bénéfice semi-brut. Elles bénéficient d’un taux réduit de 12,5 %.
L’aide VLIF reçue par les agriculteurs en 2023 – pour leur propre compte ou par l’intermédiaire de leur institution financière – est exonérée d’impôt.
Autres bénéfices
Des bénéfices venant d’opérations complémentaires doivent être ajoutés au bénéfice semi-brut. Parmi ceux-ci, notons :
– la vente de lait de ferme en dehors du circuit habituel : 0,22 euro/l (la vente de lait à la ferme au particulier pour sa consommation personnelle n’entre pas en ligne de compte) ; la vente de beurre ou de fromage est également incluse dans le résultat semi-brut, et ne doit pas être indiquée ;
– la vente directe de viande d’animaux de la ferme (par carcasse, demi-carcasse, quartier ou morceaux découpés) aux consommateurs ;
– la vente des produits de la ferme sur des marchés fermiers ;
– les travaux agricoles rémunérés pour d’autres agriculteurs ;
– le commerce de bestiaux, d’engrais et d’aliments pour bétail ;
– l’exploitation d’un manège ;
– l’organisation de vacances à la ferme ;
– la vente de certificats verts, si producteur professionnel ;
– les revenus de la location ou sous-location de terrains affectés à l’exercice de la profession du bénéficiaire, y compris dans le cadre de contrats de culture ;
– …
Cela ne s’applique pas à la compensation payée par certaines usines pour les betteraves sucrières congelées, car elle est incluse dans le bénéfice semi-brut. De même, le supplément ou la réduction de prix résultant d’accords d’atténuation des risques est inclus dans le bénéfice semi-brut et ne doit pas faire l’objet d’une déclaration ou d’une déduction supplémentaire.
Les agriculteurs et horticulteurs ne doivent donc pas seulement faire un calcul forfaitaire pour établir leurs bénéfices. Ils doivent aussi prendre en compte que certaines primes et gains obtenus d’activités complémentaires doivent être déclarés en plus du bénéfice semi-brut. les coûts liés à ces bénéfices complémentaires peuvent évidemment venir en déduction.
Frais déductibles et pertes
Le montant du bénéfice semi-brut, augmenté d’une série de bénéfices complémentaires, peut être diminué par la soustraction de certaines dépenses ou pertes, individuellement déductibles. Seules les pertes et dépenses reprises dans le forfait agricole sont déductibles. Les autres frais, qui surviennent dans l’exploitation agricole, sont considérés comme étant inclus dans le calcul du bénéfice semi-brut.
Pertes exceptionnellesen cultures et bétail
Il faut retirer 20 % de la perte constatée par la commission de constatation des dégâts ou par le contrôleur.
Le résultat est multiplié par la surface atteinte pour calculer la surface à prendre en considération. Sur cette surface, on applique le bénéfice semi-brut correct et un coefficient de perte (1 pour le foin, 1,5 pour les céréales, le lin, les chicorées, les légumineuses et le colza, 2 pour les betteraves, les pommes de terre et le maïs fourrage), pour aboutir à la perte déductible.
Les pertes qui surviennent dans les cultures fourragères peuvent éventuellement être réparties sur 2 années, (2x 50 %) car on considère que ces pertes portent leurs préjudices sur 2 ans. Les cultures fourragères considérées sont : les céréales fourragères, les betteraves fourragères, les fourrages verts, les foins, les pommes de terre.
Pour les pommes de terre non récoltées ou endommagées lors du stockage au hangar, la déduction est possible à condition de présenter des preuves suffisantes.
Pour le volet animal de l’exploitation, les pertes se présentent sous la forme de maladies ou mortalités. Ces pertes doivent être prouvées, par exemple, par les documents délivrés par les entreprises de destruction agréées (Rendac), les vétérinaires, l’abattoir…
Le texte du barème mentionne les montants à prendre en compte pour calculer les pertes déductibles. À noter que certaines pertes (chez les porcs, chez les bovins dans les exploitations touchées par le botulisme…) peuvent être déduites sur deux années. Compte tenu de la situation économique exceptionnellement mauvaise de l’élevage porcin au cours des années précédentes, les pertes dues à la mortalité tant en 2021, 2022 qu’en 2023 peuvent être déduites en 2023.
Les fermages
Les fermages afférents à l’année 2023 et se rapportant aux terrains pris en location peuvent être déduits du bénéfice semi-brut ; le loyer afférent aux bâtiments professionnels a été pris en compte lors de la détermination du forfait et ne peut donc être déduit individuellement. Notez qu’il peut en être différemment en horticulture et en arboriculture.
L’exploitant locataire doit annexer à sa déclaration un relevé indiquant les bénéficiaires, le montant du
Salaires et travaux déductibles
Charges sociales et cotisations
Les cotisations au statut social des travailleurs indépendants ainsi que les cotisations pour la pension complémentaire libre des indépendants (PCLI) sont également déductibles. La prime pour le revenu garanti peut également être déduite.
Taxes et prélèvements
Le forfait agricole ne prévoit pas de dispositions spécifiques en matière de taxes et d’impôts. On se reportera aux règles générales de l’imposition des personnes physiques. Un certain nombre de taxes et d’impôts que l’exploitation agricole doit payer sont déductibles du bénéfice semi-brut. Voici une liste non exhaustive de charges déductibles :
– précompte immobilier (pour les immeubles à usage professionnel comme les terrains agricoles et les bâtiments d’exploitation) ;
– taxe de circulation ;
– prélèvement kilométrique ;
– taxe sur les eaux usées…
Intérêts d’emprunt
Tous les intérêts d’emprunts qui sont engagés professionnellement sont déductibles du bénéfice semi-brut. Il importe peu qu’ils soient hypothécaires ou sous seing privé, ou encore qui en est le prêteur.
L’important, c’est que l’intérêt brut soit déductible. Cela signifie que la subvention-intérêt que la banque reçoit doit être ajoutée à l’intérêt net qui doit être payé, comme il ressort de l’attestation qui est délivrée par la banque.
Cotisations professionnelles
Les cotisations syndicales payées aux associations professionnelles d’agriculteurs reconnues (Algemeen Boerensyndicaat, Boerenbond, Fédération wallonne de l’agriculture), les cotisations au Service de remplacement à l’exploitation pour les agriculteurs et les cotisations payées aux associations, groupements ou autres instances s’occupant de l’organisation des vacances à la ferme sont déductibles.
Honoraires
Peuvent être déduits :
– les honoraires payés aux conseillers fiscaux ;
– les honoraires et les frais de médicaments, à l’exclusion des frais d’insémination artificielle et de transfert d’embryons, payés en 2023 au vétérinaire et au châtreur ;
– les frais de médicaments payés au pharmacien, à condition qu’une facture soit délivrée par livraison et que cette facture donne l’énumération détaillée des produits livrés ;
– les frais d’analyse, de recherches et d’expertises payés et le prix des vaccins achetés, soit à l’I.N.R.V., soit aux Centres de dépistage des maladies du bétail.
Amortissement de quotas de production ou de quotas de primes
Les amortissements des actifs matériels sont déjà calculés dans le bénéfice semi-brut, de sorte que seuls les amortissements sur les actifs immatériels, comme les quotas de production et quotas de primes, sont encore individuellement déductibles.
Le forfait agricole rejoint les règles générales de l’imposition des personnes physiques, de sorte que la durée d’amortissement de ces quotas doit s’étaler sur au moins 5 ans. Il n’est pas permis d’amortir sur une période plus courte.
Non-paiement de livraisons
Les pertes à caractère professionnel qui résultent du non-paiement de livraisons faites par des agriculteurs peuvent, en principe, être déduite du bénéfice semi-brut pour autant qu’elle soit « liquide et certaine » et que son montant soit connu à la fin de l’année. Il n’est pas permis de prévoir dans la déclaration forfaitaire une provision pour des pertes vraisemblables.
Vol ou détournementd’un élément d’actif
Les pertes résultant du vol ou du détournement d’un élément d’actif affecté à l’exercice d’une activité professionnelle sont déductibles à titre de frais professionnels, pour la période imposable au cours de laquelle elles ont acquis le caractère de pertes liquides et certaines.
Location de quotas
Le loyer de quotas ou la redevance pour cession de quotas de prime afférents à l’année 2023 et se rapportant aux quotas de production pris en location et aux quotas de primes acquis temporairement sont déductibles individuellement du bénéfice semi-brut.
Autres frais professionnels
Outre les éléments cités plus avant, un certain nombre d’autres frais peuvent être déduits :
– les frais d’analyse ;
– la contribution payée à l’Afsca et/ou aux organismes d’inspection et de certification agréés ;
– les rémunérations des conjoints aidants (le maxi-statut offre une couverture complète en matière de protection sociale) ;
– La prime d’assurance payée pour une assurance contre les intempéries dans le secteur agricole ;
– les frais pour des cultures spéciales (cultures légumières, cultures fruitières, etc.). Il faut vérifier dans chaque texte de barème quels coûts peuvent être individuellement déduits
Calculs du bénéfice semi-brut
Il faut d’abord se souvenir que la « superficie fourragère affectée à la production laitière » est le résultat de la division de la quantité de lait de vache commercialisé (tous les produits laitiers vendus : lait, crème, beurre, fromage, yoghourt, boissons lactées, etc.) par :
a) 8.200 en région herbagère (Fagne), en Famenne, en Ardenne et en région jurassique ;
b) 8.700 dans les Dunes, en région limoneuse et en Condroz ;
c) 9.200 en région sablo-limoneuse : enclave du centre du Hainaut (sauf Campine hennuyère), en Campine hennuyère et en Haute Ardenne ;
d) 9.700 en région herbagère (Liège) – Sous-régions C et D ;
e) 9.800 en Polders, en région sablonneuse (sauf Brabant), en Campine (Brabant et Limbourg) et en région herbagère (Liège) – Sous-région A-B ;
f) 10.400 en Campine (Anvers) ;
g) 9.300 dans les autres régions ou sous-régions du Royaume.
Pour cette superficie fourragère affectée à la production laitière (SL), il convient d’appliquer les bénéfices semi-bruts repris dans le tableau.
La « superficie fourragère non affectée à la production laitière » est censée correspondre à la différence entre :
– la superficie fourragère (tant celle faisant l’objet de la déclaration de superficies en Belgique que, le cas échéant, celles situées à l’étranger) ;
– et la « superficie fourragère affectée à la production laitière ». Le bénéfice semi-brut de cette superficie fourragère non affectée à la production laitière (SN) dans les régions de 6 à 20 est calculé au moyen de la formule suivante :
Bénéfice semi-brut = SN x B
L’« autre superficie agricole ordinaire » est censée correspondre au solde éventuel de la superficie réelle de l’exploitation.
Le bénéfice semi-brut de cette autre superficie agricole ordinaire (AS) est calculé au moyen du tableau et de la formule suivante :
Bénéfice semi-brut = AS x C
Calcul du bénéfice semi-brut total
Le bénéfice semi-brut total est simplement égal à la somme des bénéfices semi-bruts se rapportant aux superficies SL, SN, AS.
Salaires forfaitaires et travaux agricoles
Lorsque le montant des salaires justifiés excède celui des salaires forfaitaires, le montant des salaires justifiés est déductible dans la mesure où il ne dépasse pas le résultat de l’opération suivante :
– pour les régions 1 à 11 : S x 640,00 euros ;
– pour les régions 12 à 17 : SL x 640,00 euros pour la superficie fourragère affectée à la production laitière, SN et/ou AS x 480,00 euros pour les autres superficies,
– pour les régions 18 à 20 : SL x 640,00 euros pour la superficie fourragère affectée à la production laitière, SN et/ou AS x 320,00 euros pour les autres superficies.
Les personnes qui souhaitent consulter les textes officiels en la matière peuvent le faire à l’adresse www.fisconetplus.be sous la rubrique impôt sur le revenu/directives et commentaires administratives/bases forfaitaires de taxation/impôts directs (exercice d’imposition) 2024. Le document est également disponible sur www.sillonbelge.be sous l’article du même titre.
