clament les acteurs de la filière
La transition vers d’autres variétés
Les agriculteurs vont de l’avant
De la réduction de l’utilisation des produits de protection des plantes, grâce au recours à de nouvelles variétés, à l’agriculture de conservation, il n’y a parfois qu’un pas. Les industriels l’ont compris et plusieurs débloquent des moyens financiers pour les agriculteurs souhaitant s’inscrire dans cette transition. C’est notamment le cas de McCain.
Loïc Piat détaille : « Nous avons remarqué que les rendements faiblissent un peu partout dans le monde, depuis une dizaine d’années. Les questions en matière de législation, enjeux climatiques, produits phytosanitaires… sont de plus en plus fréquentes. Nous pensons que l’agriculture de conservation des sols peut être une piste de solution. Pour autant que celle-ci ne s’interdise rien mais vise à retrouver la fertilité des sols et, in fine, palier l’érosion des rendements ».
Le programme a été développé à destination des agriculteurs volontaires. Il comporte deux volets, l’un technique, l’autre économique. Dans le premier, des experts sont présents et accompagnent les participants dans différents domaines : meilleure utilisation des intrants et des produits de protection des plantes, rééquilibrage de la teneur en matière organique des sols, prise en compte de la biodiversité… afin d’adopter de nouvelles pratiques et d’accroître la durabilité de la filière. « L’accompagnement concerne toutefois l’ensemble des cultures de la rotation, c’est pourquoi nous cherchons des cultivateurs qui ne louent pas les terres pour une seule année. » Difficile, en effet, de mettre sur pied un tel suivi si le volontaire n’occupe qu’une seule fois la parcelle.
Le second volet s’articule, lui, autour de contrats spécifiques, incluant des primes. Pour McCain, ce dispositif est actuellement accessible en France, aux Pays-Bas et en Pologne mais devrait voir le jour en Belgique également. En parallèle, des groupes d’échange ont été mis sur pied pour permettre aux participants de progresser ensemble.
Nicolas Mullier, en sa qualité de producteur, confirme que les agriculteurs apportent leur pierre à l’édifice. « Personnellement, je travaille en non-labour. J’accorde une grande importance à la couverture des sols. Le tout, sans prime… Preuve, une fois encore, que nous sommes prêts à nous adapter et à aller de l’avant. »
Emanuel Van den Broeke enchaîne : « L’agriculteur est un entrepreneur, qui prend également des initiatives. Si l’industrie venait à imposer un paquet de mesures, les planteurs n’auraient pas envie de s’impliquer dans la transition ».
Répondre aux attentesde chaque acteur
Les efforts menés en matière d’agriculture de conservation ne doivent pas occulter l’impact sévère que la pomme de terre peut avoir sur la structure des sols, tant lors de la plantation que des arrachages. Ceux-ci ont d’ailleurs laissé des traces, cette année comme à l’automne 2023.
« On s’est tourné vers des variétés dont la période de croissance est plus longue. De ce fait, les arrachages ont lieu tardivement, dans des conditions parfois exécrables. Les parcelles en portent longtemps les séquelles… », éclaire Kürt Demeulemeester. Une seule solution, selon lui, contournera cette problématique : s’orienter vers des variétés caractérisées par des périodes de croissance moins longue. « Il sera toujours plus facile de récolter une pomme de terre précoce. »
Dans ce cadre, l’établissement de partenariats entre la recherche, l’industrie et les maisons de plants, en vue d’identifier les variétés répondants aux défis rencontrés par chaque acteur de la filière, semble faire l’unanimité. « Les collaborations existent déjà, et permettent d’identifier les traits à améliorer pour répondre aux attentes de tous », commente d’ailleurs Hervé Vanderschuren.
Et M. Demeulemeester de confirmer : « Nous manquons de plants améliorés et multipliés en Belgique ». Selon lui, il convient également d’axer le travail sur les variétés requérant moins de traitements. Ce qui séduit Nicolas Mullier : « Ce serait favorable, pour l’environnement, mais aussi pour l’image de l’agriculture ».
L’industrie suit le mouvement. « Une fois les variétés ciblées identifiées, il convient de disposer des surfaces nécessaires pour alimenter les usines en matières premières. Il faut que tout le monde travaille ensemble », concluent de concert Emanuel Van den Broeke et Loïc Piat.
