Mieux vaut prévenir que guérir
Premièrement, il s’agit de favoriser la régulation naturelle des nuisibles des cultures dans le paysage agricole. Cette régulation naturelle est le résultat de la prédation et du parasitisme des auxiliaires de cultures sur les nuisibles.
Ces auxiliaires constituent une biodiversité utile à l’agriculture qu’il est primordial de préserver. Pour ce faire, il convient de leur offrir des habitats stables, notamment pour la période hivernale, et de la nourriture via du pollen, du nectar et des proies alternatives. Cela implique nécessairement le développement et le renforcement du maillage écologique dans le paysage agricole (figure 2).
Deuxièmement, il convient d’éviter et de ralentir les infestations de nuisibles dans la parcelle. Ceci est possible en mettant en œuvre une diversité de pratiques agronomiques reconnues pour leur efficacité. Citons entre autres : cultiver des variétés résistantes, diversifier les rotations pour respecter les délais de retours des (familles de) cultures, gérer les résidus de cultures pour ne pas créer des réservoirs de nuisibles, adapter (et potentiellement décaler) les dates de semis pour désynchroniser la présence de nuisibles des stades sensibles des cultures, associer les cultures pour diluer la présence de plantes hôtes.
Ces mesures préventives constituent le socle de la lutte intégrée (figure 1). C’est donc seulement une fois que toutes celles-ci sont mises en œuvre que des interventions curatives peuvent être envisagées, si une présence de nuisibles est néanmoins jugée comme problématique.
Observer avant d’intervenir
En effet, toute intervention implique préalablement d’évaluer le risque que représente la présence des nuisibles pour la culture. Cela implique d’observer les cultures régulièrement et de quantifier les infestations de nuisibles ainsi que la présence des auxiliaires.
Ces observations quantitatives doivent être confrontées à des seuils de nuisibilité (tableau 1), communiqués par les centres pilotes, qui évaluent le risque pour la production en fonction du degré d’infestation et de l’avancement de la culture. Les systèmes d’avertissements (émis par les centres pilotes également) permettent de comparer ses propres chiffres à ceux d’un réseau de parcelles régional.
Les financementspour les auxiliaires
Diverses mesures agro-environnementales et climatiques (Maec) et éco-régimes permettent d’attirer et préserver les auxiliaires en bordure de parcelles cultivées (tableau 2).
La Maec « Parcelle aménagée pour les butineurs » (MC7) est une bande fleurie pérenne implantée pour 5 ans et payée 1.800 €/ha/an. Elle est un outil efficace pour la lutte intégrée car elle offre nourriture (nectar, pollen et proies alternatives) et gîte (abri, notamment pour l’hiver) aux auxiliaires. De même les haies, si composées d’essences mellifères indigènes, procurent une nourriture variée et une stabilité essentielle aux auxiliaires dans le paysage. Elles sont financées par l’éco-régime « Maillage écologique » à hauteur de 450 €/km/an.
Les Maec « Parcelle aménagée Faune » (MC7, 1.800 €/ha/an) et « Tournière enherbée » (MB5, 1.200 €/ha/an) sont pérennes et donc stables, mais peu fleuries. À l’inverse, la Maec « Parcelle aménagée à fleurs des champs » (MC7, 1.800 €/ha/an) et la « Jachère mellifère de printemps » (900 €/ha), reprise en éco-régime « Maillage écologique », sont riches en fleurs mais potentiellement détruites avant l’hiver et n’offrent donc pas de zone d’hivernage. La « Jachère mellifère d’automne » (900 €/ha) est moins fleurie mais maintenue pendant l’hiver.
Natagriwal
