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Destruction des CIPAN, SIE, couvertures sur les parcelles en pente… Un compromis entre dates réglementaires, objectifs agronomiques et fenêtres météorologiques

Le choix de la date et de la technique de destruction des couverts dépend non seulement des caractéristiques du mélange à détruire mais également de son développement, du mode de gestion de l’exploitation et du calendrier réglementaire. Retour sur quelques conseils agronomiques et rappel des dates réglementaires en fonction de la « nature » de la couverture hivernale.

Temps de lecture : 4 min

Trois réglementations encadrent le mode et le calendrier de destruction des couvertures hivernales. Il s’agit du « PGDA », du « Verdissement – SIE » et de la conditionnalité.

En ce qui concerne les techniques de destruction, il faut veiller à ce qu’elles soient adaptées à la sensibilité des espèces et aux conditions météorologiques du moment. Une destruction réalisée dans de bonnes conditions contribue à garantir la décomposition des résidus et à éviter les problèmes de ressuyage au printemps.

Quant au stade de développement au moment de la destruction, il détermine l’effet engrais vert pour la culture suivante.

Stade de destruction et effet engrais vert

La couverture hivernale, en se décomposant, libère de l’azote qui sera alors disponible pour la culture suivante. Le bénéfice attendu pour la culture suivante (l’effet engrais vert), dépend du rapport carbone/azote (C/N) du couvert enfoui et de sa biomasse. Un couvert détruit vert et/ou un mélange contenant des légumineuses se décompose plus rapidement qu’un couvert lignifié. Dans le cas de la moutarde fortement lignifiée par exemple, la décomposition peut même induire une faim d’azote. Si le rapport C/N est favorable, on observe que plus la biomasse est importante au moment de la destruction, plus l’effet engrais vert est important (voir tableau 1). Au moment où le calendrier réglementaire autorise la destruction, il est donc parfois intéressant, si les conditions climatiques sont toujours favorables au développement du couvert, de le laisser en place pour maximiser son intérêt agronomique et environnemental. On valorise ainsi l’investissement réalisé. Le travail de destruction peut être planifié en commençant par les parcelles semées plus tôt et/ou qui présentent une bonne biomasse. L’objectif est d’atteindre 2 à 3 t de MS/ha (ou un minimum de 1,5 t). Cela représente au minimum un couvert à la hauteur du genou.

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Techniques de destruction

Les techniques de destruction sont d’ordre climatique (gel), mécanique (labour, travail du sol, broyage, roulage, hersage) ou chimique (herbicide). Les principaux avantages et inconvénients de ces méthodes ainsi que les espèces adaptées à chaque type de destruction figurent dans le tableau 2. Dans le cas de mélanges, le mode de destruction doit être choisi en fonction de l’espèce la plus difficile à détruire. En période hivernale, ce sont les conditions de portance des sols qui constituent le principal facteur limitant. Pour s’affranchir de cette contrainte, on peut choisir des espèces plus sensibles au froid au moment de l’implantation. Un couvert est, par ailleurs, d’autant plus sensible au gel qu’il est bien développé ou en fin de cycle. Pour renforcer l’action du froid, certains agriculteurs effectuent un passage avec un outil, là où la portance le permet ou sur sol gelé. Rouleaux, broyeurs, outils à disques, semoir « type rapide » blessent plus ou moins fortement le couvert et brisent des tiges. Cette action est favorable à la décomposition de la biomasse. De manière générale, en cas de destruction mécanique, il est préférable d’enfouir superficiellement le couvert pour favoriser sa décomposition. Enfin, la destruction chimique est strictement interdite pour les SIE.

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Calendriers réglementaires

En fonction de la nature de la couverture hivernale, les obligations suivantes sont d’application.

Couvert PGDA : Si le couvert est exclusivement destiné à satisfaire aux exigences du PGDA (90 % de couverture en zone vulnérable ou après épandage de matière organique en été), il peut être détruit à partir du 15 novembre. Sa destruction peut se faire naturellement, mécaniquement ou chimiquement. En raison des dérogations octroyées en septembre 2022 à cause des conditions météorologiques difficiles pour la récolte d’été et le semis des CIPAN, la date minimale de destruction du couvert est également décalée. Si le couvert a été implanté entre le 16 et le 30 septembre, la destruction peut avoir lieu au plus tôt 2 mois à partir du jour de semis.

Couvert SIE : Si le couvert est uniquement destiné à satisfaire aux exigences du Verdissement de la PAC, le couvert peut être détruit au plus tôt 2 mois après l’implantation (dérogation de septembre 2022).

La destruction peut se faire de manière naturelle ou mécanique. La destruction chimique est uniquement autorisée à partir du 16 février.

Couvert sur parcelle en pente R10-R15 : À partir du moment où un couvert se trouve sur une parcelle en pente de 10 % ou plus, il ne peut pas être détruit avant le 1er janvier.

Dans le cas où plusieurs législations s’appliquent, il faut respecter les obligations les plus strictes. Un agriculteur qui sème ses CIPAN également déclarées en SIE le 1er septembre, par exemple ( voir Figure 1 ), doit attendre le 15 novembre pour les détruire, afin de respecter le PGDA, alors que la dérogation en SIE de cette année lui permettrait de les détruire dès le 1er novembre si son couvert n’était soumis qu’au verdissement SIE.

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Pour toute question concernant les couverts ? Contactez l’asbl par mail à info@protecteau.be ou consultez www.protecteau.be.

D’après Protect’eau

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