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Une BD «Le champ des possibles» et puis… ZUT!

C’est toujours avec curiosité que nous observons comment le monde agricole est perçu par ceux qui n’en sont pas.

Temps de lecture : 3 min

Fin octobre, un festival de la bande dessinée était organisé au village voisin. J’y découvre une BD parlant d’agriculture. Je la feuillette et l’auteur est justement présent pour me la dédicacer. En fait, c’est un travail collectif : un scénariste, un dessinateur et le héros qui est mis en scène.

Il s’agit d’un citadin qui perd son emploi et se lance dans le maraîchage bio, quelque part dans le Brabant wallon. Il raconte ses hésitations, ses difficultés, souvent avec humour.

J’y ai découvert le terme de « nimaculteur », de N.I.M.A, acronyme de « Non Issu du Milieu Agricole ». J’ai apprécié le ton non-agressif du héros vis-à-vis des autres agriculteurs. Il n’a pas besoin de diaboliser autrui pour exister. Au contraire, notre héros déclare : « Moi, je prends les idées de tous les côtés. J’essaye de faire preuve d’ouverture envers toutes les techniques, en les adaptant à ma réalité ».

Il ose même prendre distance par rapport à quelques paradoxes, comme le bio d’importation ou le poids des formalités quand il faut se réclamer d’un label. Bref, il prône le circuit court, en confiance.

Bien sûr, les trois premières pages sont caricaturales, mais tellement excessives qu’elles font sourire plus qu’autre chose. On comprend qu’il faille d’emblée rassurer la cible de lecture privilégiée. Alors oui, le fil rouge est gentiment bobo mais sans être prétentieux ni sentencieux.

Quelques jours plus tard, veille de l’Armistice, la Rtbf propose un reportage dans un autre village de Hesbaye, avec un humour décalé, un peu à la manière de strip-tease. En fait, je ne sais pas trop si l’autodérision est consciente mais le titre donne le ton : « Z.U.T. » pour Zone d’Urgence à Transformer (sous-entendu parce que polluée, contaminée, empoisonnée).

Le réalisateur commence fort, dans un cimetière, avec une question ouverte : quel est l’impact des pesticides sur la densité de population dans ce cimetière ?

Gros plan sur une militante activiste pour qui la réponse ne fait pas l’ombre d’un doute : il faut chercher du côté des fermiers du coin, avec tous leurs produits épandus sur les champs. Le dérisoire est toujours croustillant quand les experts sont auto-proclamés.

Pour donner le change, une agricultrice incarne le monde agricole traditionnel et invite la caméra dans un vrai champ avec un zoom sur une motte de terre bien vivante. Elle explique la complexité des choix en agriculture face à l’univers impitoyable des YNIAKA.

Un médecin, avec un look à la Pierre Richard sur le tard, intervient comme représentant du monde médical. Apparemment, sans les pulvérisateurs des agriculteurs, tous les villages de Hesbaye seraient peuplés d’immortels.

Évidemment, le glyphosate n’est pas oublié. Ainsi, l’émission reste accessible à Monsieur Tout le monde.

Bref, entre « Chronique d’une mort annoncée » d’un côté et « Non-assistance à plante en danger » de l’autre, le débat reste ouvert.

Quel message le réalisateur a-t-il voulu passer ? Apparemment, les méchantes multinationales de l’agro-industrie soutenues par d’infâmes politiciens, n’auraient pas fini de comploter contre notre santé. Ainsi, les cinéastes d’investigation ont encore de beaux jours devant eux pour en parler de multiples façons.

JMP

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