Une demande de production locale réelle pour l’oignon botte
La culture de l’oignon botte est traditionnelle dans la moitié sud de la France. Une demande de production locale est réelle dans les fermes maraîchères diversifiées.
Les oignons blancs peuvent se cultiver une bonne partie de l’année et conviennent bien pour cette culture.
Notons que les oignons de couleur sont sélectionnés pour former leur bulbe en jours longs, c’est-à-dire en été et conviennent moins bien chez nous pour cette destination. Ces types sont produits chez nous en vue de récolter des oignons de garde dans des fermes spécialisées ou en rotation avec des grandes cultures.
Allonger la rotation avec les légumes traditionnels
Sous serre maraîchère : récolte de fin mars à début mai
Nous plantons en octobre jusque mi-novembre sous serre maraîchère les mottes semées 6 semaines auparavant et qui seront récoltées en mars sous abris et en mai en plein air. Cette période est intéressante pour le maraîcher diversifié dans la vente en circuit court pour élargir la gamme de légumes locaux à présenter. De plus, La valorisation des surfaces disponibles par une culture qui ne nécessite pas de chauffage mérite notre attention.
Récolte de mai et juin en plein air
Cette culture d’hiver est plantée en septembre, en plein air, après un semis en mottes réalisé 6 semaines plus tôt. Lors d’hiver à froid modéré ou « normal », la culture peut réussir. Les grands froids peuvent amener des pertes importantes, mais ce ne fut pas le cas lors des dernières années. Un semis en place est possible aussi, mais la question du désherbage est compliquée à résoudre. C’est une période de vente appréciée aussi pour des raisons d’élargissement de la gamme de légumes à présenter. Le fait de semer en mottes et de planter 6 semaines plus tard permet de mieux maîtriser l’enherbement qui est un des principaux soucis de cette culture.
Récoltes de juin à août en plein air
En semant sous abris sur mottes en mars, nous pouvons planifier la plantation en plein air de mi-avril à mai et une récolte de juin à août.
Récoltes de septembre et octobre en plein air
Le semis en mottes ou en place en mai-juin avec la plantation des mottes en juin-juillet donnera une récolte de septembre et octobre.
Travailler avec des semences de 1 ou 2 ans
De Vaugirard et autres types Extra-hâtif parisien, Malakoff, De Paris peuvent supporter des hivers de nos régions. Elody donne un petit bulbe allongé qui différencie ce type.
Barona et Premier sont des standards, De Barletta est un classique mais au rendement inférieur, Barona et Marzatica se développent rapidement. Toutes ces variétés sont des oignons blancs de type méridional qui ne supportent que les hivers doux ou la culture sous abris antigel.
Il est conseillé de travailler avec des semences d’un ou de deux ans, pas plus, pour garder une levée régulière sur chaque motte pressée.
Maîtriser l’enherbement
L’implantation des racines venant des mottes ne pose pas de problème particulier, la levée pour les semis en place non plus. La préparation du sol vise donc surtout la maîtrise de l’enherbement par des faux-semis et l’obtention d’une structure aérée sur au moins quelques cm de profondeur.
Privilégier le compost mûr
Pour tenir compte d’exportations de l’ordre de 130 unités d’N, de 45 de P2O5, de 160 de K, de 35 de MgO, la fertilisation sera incluse dans la logique de rotation ou apportée pour la culture. Les composts mûrs conviennent bien. Les fumiers et composts frais sont évités avant cette culture.
Un semis en mottes pressées
Pour l’oignon botte, le semis se fait le plus souvent en mottes pressées de 3,5 ou de 4 cm à raison de 4 graines par motte. La plantation se fera 6 semaines plus tard à la densité de 25 mottes/m², par exemple avec 12 cm entre plantes et 30 cm entre lignes. Il est envisageable d’utiliser les trous de plantation sur un paillage plastique après une autre culture différente des Alliacées, c’est une belle économie de travail et de coûts. Les mottes sont enterrées complètement.
Le semis en place est possible à condition de savoir maîtriser le désherbage pour cette culture peu couvrante. C’est la difficulté de la culture, mais la courte période d’occupation des parcelles permet de gérer la plupart des situations.
Les températures de germination optimales sont entre 15 et 18 ºC, d’où l’intérêt des élevages sur mottes pressées sous abris.
Le désherbage est important
Les besoins en eau sont de 350 mm pour la période de production.
Le désherbage est important. La plantation sur film plastique noir est une solution. Les faux-semis et le désherbage thermique juste avant la plantation sont souvent suffisants pour les terres relativement « propres ». Notons que l’oignon peut supporter le désherbage thermique du stade « crosse » au stade 4-5 feuilles.
Les possibilités d’emploi d’herbicides sont réduites. D’une part peu de produits sont homologués, d’autre part, le court cycle de végétation limite les possibilités d’interventions en post-plantation.
Les faux-semis, les binages, l’emploi de paillage plastique noir d’une autre culture, les brûleurs sont autant de possibilités efficaces. Combinées à une large rotation et au maintien des parcelles à un faible niveau d’enherbement au fil de la rotation, cela suffit souvent. En cas de nécessité, le sarclage peut encore être nécessaire.
20 à 25 bottes/m²
À la récolte, les bulbes des oignons sont encore petits, de l’ordre de 2,5 cm de diamètre ou même moins. Le feuillage peut être raccourci pour homogénéiser la présentation et enlever les bouts de feuilles séchés. Les oignons sont assemblés en bottes de 4 plantes parées.
La récolte n’est mécanisée que dans les grandes exploitations.
Nous pouvons tabler sur une production de l’ordre de 20 à 25 bottes par m².
Des comptages menés en maraîchage bio en fermes maraîchères diversifiées par les équipes Interreg Wallonie-Flandre-Haut de France dans le projet Vetabio ont permis d’estimer le temps de travail à 150h/10 ares. Les travaux de désherbage sont significativement importants dans ce total.
Les maladies et ravageurs
La fonte des semis est un risque en toutes saisons. Plusieurs champignons sont en cause : Rhizoctonia solani, Pythium, Botrytis cinerea, Fusarium. L’excès d’humidité dans les mottes ou le lit de semis favorisent la fonte, ainsi qu’une rotation de moins de 5 ans.
La pourriture blanche (Stromatinia cepivora) est à surveiller de près en respectant des rotations longues et en évitant la contamination des sols au départ de contaminations transportées par des engins, notamment.
Botrytis allii est une maladie fréquente. Nous pouvons réduire son importance en évitant les excès d’azote dans le sol et éventuellement par protection fongicide.
Le mildiou de mai à octobre est une maladie qui se développe en plein air sur l’oignon botte chez nous. Sous abris, l’aération conditionne le développement de cette maladie.
La mouche de l’oignon (Delia antiantiqua et la mouche des semis (Delia platura) peuvent pondre dans le sol à proximité des semis ou des plantations, près du collet des plantes. Les galeries creusées par les larves peuvent être contaminées par des bactéries amenant une pourriture humide.
La mouche des Alliacées (Phytomyza gymnostoma) provoque des déformations du feuillage au printemps et en automne. Mais, le plus souvent, ce ravageur n’a pas le temps d’occasionner de gros dégâts en oignons bottes.
