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Ammoniac en bâtiment avicoles: influencer favorablement les concentrations grâce à l’alimentation des poulets de chair

Il est possible d’influencer favorablement les concentrations d’ammoniac dans le poulailler par le biais de l’alimentation des poulets de chair. Via la litière, sans impact négatif sur le bien-être des animaux, c’est moins évident. C’est ce qu’a montré la recherche doctorale de Madri Brink (ILVO/UGent).

Temps de lecture : 5 min

L’élevage de poulets de chair est une source importante de protéines animales mais, comme d’autres secteurs de l’élevage, il est associé à la production de certaines émissions comme l’ammoniac, le principal polluant gazeux chez les poulets de chair. Des stratégies d’atténuation visant à réduire ces émissions sont donc nécessaires. La préférence est donnée aux stratégies orientées vers la source qui améliorent en outre la qualité de l’air dans le bâtiment elle-même. Cela peut être bénéfique tant pour le bien-être de l’aviculteur que pour celui des animaux.

Recherche doctorale sur les émissions d’ammoniac

Madri Brink a mené une recherche doctorale sur ce sujet, intitulée « Stratégies orientées vers les sources pour atténuer les émissions d’ammoniac dans la production de poulets de chair ». Les tests faisaient partie du projet Vlaio-LA « Vers une industrie avicole plus durable grâce à une réduction à la source des émissions d’ammoniac », que l’ILVO a coordonné.

Au cours de son doctorat, Mme Brink a étudié les effets d’un certain nombre de stratégies nutritionnelles axées sur les sources ainsi que les stratégies de gestion sur la qualité de la litière et la volatilisation de l’ammoniac celle-ci sans perdre de vue les performances, le rendement des carcasses, la qualité de la viande et les paramètres de bien-être animal tels que les lésions des coussinets plantaires. Les stratégies nutritionnelles ont principalement porté sur la réduction de la teneur en protéines brutes dans l’alimentation, sur l’alimentation en plusieurs étapes et sur la forme de l’alimentation fournie. En termes de gestion, des essais ont été réalisés sur le type de litière, le degré d’aération de la litière et la teneur en humidité de la litière.

Stratégies nutritionnelles

Lors d’un premier essai, la teneur en protéines brutes dans l’alimentation a été réduite de 10 % pendant les phases de croissance et de finition, mais avec l’ajout d’acides aminés essentiels. Cette réduction n’a pas nui aux performances, au rendement et à la qualité de la viande et a entraîné une baisse des concentrations d’ammoniac au niveau de la litière au cours des deux dernières semaines de l’essai. Une réduction supplémentaire de la teneur en protéines brutes(-20 %) a entraîné une chute radicale des performances et n’était donc pas souhaitable.

Dans un essai portant sur la forme de l’alimentation, l’alimentation sous forme de farine a permis d’améliorer la qualité de la litière et de réduire les lésions aux pattes par rapport à l’alimentation sous forme de granulés. Cependant, l’ammoniac pouvait se volatiliser plus facilement à partir de la litière libre, ce qui a entraîné des concentrations d’ammoniac plus élevées au niveau de la litière à l’âge de 5 semaines. Les performances et le rendement à l’abattage étaient nettement moins bons lorsque la farine était fournie.

Une troisième stratégie nutritionnelle consistait à fournir l’alimentation en plusieurs phases (5 phases contre 3 phases). Au cours de chaque phase, l’alimentation a été formulée en fonction des besoins spécifiques des poulets de chair dans cette phase (de vie). Les résultats ont montré une rétention d’azote plus élevée et une excrétion d’azote plus faible avec l’alimentation à cinq phases, avec des performances et une efficacité de la carcasse inchangées.

Stratégies de management

Comme première stratégie de management, les effets de différents types de litière ont été étudiés sur divers paramètres. Des copeaux de bois, de la anas de lin, de la tourbe, de l’ensilage de maïs, de la paille hachée et pellets de lin – 6 types de litière couramment utilisés en Europe – ont été étudiés. Les résultats ont montré que les copeaux de bois, les anas de lin et la paille hachée formaient facilement une croûte lorsque la teneur en humidité augmentait. La volatilisation de l’ammoniac de la litière a été moindre, mais les lésions aux pattes ont été plus nombreuses.

En revanche, la tourbe est restée meuble plus longtemps dans l’essai et a causé moins de problèmes de bien-être pour les animaux, mais elle a de nouveau produit des concentrations d’ammoniac plus élevées au niveau de la litière. Le type de litière le plus approprié n’a pas pu être déduit de cet essai. Il est possible qu’un mélange de différents types matériaux soit le plus optimal à utiliser dans les poulaillers.

Un dernier test a permis d’examiner l’effet de la texture de la litière ou de sa teneur en humidité sur la volatilisation de l’ammoniac. Avec un ratissage régulier de la litière, des concentrations d’ammoniac plus élevées ont été enregistrées. Une activité microbienne plus importante a été observée, ce qui a entraîné une plus grande conversion de l’azote en ammoniac. L’ajout d’eau a entraîné une baisse de la qualité de la litière et une augmentation des lésions du coussinet plantaire chez les poulets de chair, mais a donné les concentrations d’ammoniac les plus faibles au niveau de la litière.

Une réduction de l’ammoniac possible

La recherche montre ainsi que les concentrations d’ammoniac au niveau de la litière dans les poulaillers de poulets de chair peuvent être réduites en incorporant une plus faible teneur en protéines brutes dans l’alimentation, en donnant des aliments au fur et à mesure des besoins ou en donnant des granulés au lieu de la farine. Quant au type de litière, il s’agit d’un équilibre difficile entre l’environnement et le bien-être des animaux : la litière non tassée donne moins de lésions du coussinet plantaire mais des concentrations d’ammoniac plus élevées, tandis que la litière tassée donne plus de lésions mais moins d’ammoniac.

Karolien Langendries

Pluimveeloket

Madri Brink et Evelyne Delezie

ILVO

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