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Éviter le déficit énergétique chez la vache laitière

La vache laitière utilise ses réserves corporelles pour assurer ses fonctions vitales et sa production de lait. Cependant, si son alimentation n’est pas suffisante pour couvrir tous ses besoins, l’animal peut se retrouver en déficit énergétique. Une situation avec de nombreux impacts sur la santé du bovin, sa reproduction et son rendement laitier.

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Le déficit énergétique chez les vaches laitières peut avoir plusieurs origines. Bien entendu, il peut s’agir d’un animal sous-alimenté, à cause, par exemple, d’un rationnement trop sévère, d’une pénurie de stock fourrager ou encore d’une pousse d’herbe trop faible. De plus, les semaines suivant le vêlage sont une période critique. La mise en place de la lactation nécessite beaucoup d’énergie à un moment où l’ingestion est limitée. Et si à ce moment, un déficit est physiologiquement normal, limiter son intensité et sa durée permettra d’éviter d’atteindre l’état de cétose et ses conséquences délétères.

Enfin, le déficit énergétique peut aussi arriver suite à un trouble sanitaire (par exemple : une boiterie, une acidose…) ou d’un stress provoquant une baisse d’ingestion.

Par ailleurs, la recherche HappyMoo qui s’est penchée sur ce sujet, rappelle que les éleveurs doivent agir le plus rapidement possible lorsqu’un animal se trouve dans un tel état. En effet, les conséquences d’un déficit énergétique sont nombreuses. Tout d’abord, au niveau de sa santé, la vache sera plus sujette aux maladies, comme les troubles digestifs, les problèmes locomoteurs, les maladies utérines… Une baisse de la fertilité pourra aussi être rencontrée. Quant à sa production laitière, elle pourra être fortement impactée avec une baisse de rendement, une hausse du taux butyreux, une diminution du taux protéique et de lactose.

Lorsque le déficit énergétique apparaît suite à une baisse d’ingestion ou à une restriction alimentaire, les effets sont temporaires, l’état des animaux et leur production reviendront à la normale lorsque les vaches seront réalimentées à volonté. « En revanche, un fort déficit énergétique en début de lactation peut conduire à des conséquences durables, d’une baisse de production rémanente sur l’ensemble de la lactation jusqu’à une possible réforme », souligne l’équipe de l’étude HappyMoo sur laquelle a notamment travaillé l’Ulg, le Cra-W et Elevéo.

1 vache sur 4 touchée par la cétose

Selon HappyMoo, au démarrage de la lactation, les besoins énergétiques de la vache laitière sont multipliés par 2 ou 3 jusqu’au pic de lactation qui intervient quatre à six semaines après vêlage. Or, dans le même temps, la capacité d’ingestion de la vache est limitée (-10 à -30 % autour du vêlage). Celle-ci n’atteindra son niveau maximal que deux à trois mois après vêlage. La conséquence ? Toutes les vaches sont en déficit énergétique au début de leur lactation et mobilisent leurs réserves corporelles pour apporter les nutriments nécessaires à la production laitière.

« Cette mobilisation des réserves entraîne la libération d’acides gras non estérifiés (AGNE) qui seront captés par le foie puis oxydés pour devenir des précurseurs d’énergie pour l’organisme ou de triglycérides. Cette oxydation nécessite cependant beaucoup d’énergie. Lorsque le déficit énergétique est trop important, cette énergie manque et l’oxydation des AGNE est incomplète. Cela entraîne la synthèse de corps cétoniques (acétone, beta-hydroxybutyrate (BHB) et acéto-acétate) qui s’accumulent dans le foie ou dans le sang. C’est la cétose », indique l’étude.

Cette maladie peut prendre différentes formes. Elle peut être subclinique, sans symptôme, ou clinique avec notamment une baisse important de rendement laitier, de la léthargie ou encore une perte d’appétit. Cette dernière forme impacte seulement 1 à 2 % des bovins.

Notons que cette pathologie toucherait 1 vache sur 4, principalement les hautes productrices. Elle entraîne des conséquences à court terme, comme la baisse de la production laitière, et à plus long terme, par exemple un retard à la reproduction, une hausse du risque d’autres maladies ou une réforme.

« Les pertes économiques sont estimées à 250 € par cas de cétose dont un tiers seulement est des coûts directs (mortalité, traitements, main-d’œuvre, diagnostic) », poursuit l’étude.

La détection précoce de cette pathologie chez les vaches laitières peut être réalisée en utilisant des analyses de lait, en particulier en examinant le rapport entre le taux butyreux (TB) et le taux de matière protéique (TP), avec un rapport TB/TP supérieur à 1,5.

De plus, la mesure des concentrations en acétone et BHB (bêta-hydroxybutyrate) par spectrométrie MIR (infrarouge moyen) est également un moyen de détecter la cétose.

Les recommandations

Comme indiqué précédemment, le début de lactation est particulièrement sujet au déficit énergique. Afin de limiter son intensité et sa durée, une bonne maîtrise de la conduite alimentaire autour de la période sèche est nécessaire.

Voici plusieurs recommandations de HappyMoo :

offrir une ration appétente et adaptée aux faibles besoins énergétiques des vaches pendant la période sèche permet de maintenir un bon niveau d’ingestion tout en évitant l’engraissement des vaches avant le vêlage ;

augmenter progressivement la quantité de concentrés dans les jours précédant le vêlage prépare le rumen à ingérer une ration à forte densité énergétique nécessaire au bon démarrage de la lactation ;

porter une attention particulière aux vaches laitières hautes productrices et à celles ayant déjà souffert de cétose lors d’une précédente lactation ;

réduire autant que possible l’incidence des maladies pouvant réduire l’ingestion comme les boiteries, les mammites et les troubles du péri-partum.

Et attention, même en dehors de cette période, il est primordial d’apporter une attention constante à la ration offerte avec un fourrage de qualité et, si nécessaire, des concentrés.

Des transitions de deux ou trois semaines entre deux régimes alimentaires sont également recommandées. Enfin, il convient d’éviter toute forme de stress pouvant diminuer l’ingestion. Enfin, éviter les fortes variations de la note d’état corporel est recommandé.

« Suivre régulièrement le statut des animaux reste le moyen le plus sûr de réagir à temps. Pour cela, il est nécessaire de disposer d’indicateurs faciles à utiliser en routine », conclut l’étude.

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