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Pac, normes, importations ukrainiennes : la commission sur la sellette

Si le commissaire européen à l’Agriculture est conscient que l’inquiétude des agriculteurs est liée à la transition verte, il assure que la Pac n’est pas un problème.

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Janusz Wojciechowski convient toutefois que les fonds disponibles sont insuffisants, tout en indiquant que ce sera la tâche du prochain parlement de se battre pour un budget renforcé.

La BCAE 8 fâche toujours agriculteurs et Etats membres

Il a aussi concédé qu’un élément « vert » de la nouvelle Pac inquiétait les États membres et génèrait la colère des agriculteurs.

Il s’agit bien sûr de la BCAE 8, en d’autres termes, l’obligation de réserver au moins 4 % des terres arables des exploitations de plus de 10 hectares à des surfaces ou éléments non productifs.

« L’année dernière, nous avons suspendu cette obligation par un acte délégué de la commission. Cette année, malgré la forte pression exercée par les agriculteurs, nous ne pouvons pas réitérer cette dérogation sans modifier l’acte de base » a souligné le commissaire européen.

Il a toutefois admis soutenir la proposition soumise par la France d’autoriser la culture de légumineuses sur ces surfaces.

« Oui, la Pac fonctionne ! »

Dans une perspective plus large, après une année de mise en œuvre, la commission estime être parvenue à un bon compromis dans les plans stratégiques de la Pac, en trouvant un équilibre entre la fonction productive de l’agriculture et les tâches liées à l’environnement et au climat.

« La politique agricole commune fonctionne » a d’ailleurs déclaré M. Wojciechowski qui s’est félicité de la mise en œuvre des éco-régimes « particulièrement bénéfiques pour les agriculteurs actifs, qui reçoivent des paiements pour des pratiques telles que la culture du carbone ou le bien-être des animaux, pour lesquelles ils ne recevaient pas de paiements auparavant ».

Conflit russo-ukrainien : la commission rassure

Dans les turbulences que traverse le secteur agricole, le commissaire a avancé quelques chiffres positifs. Il nous a ainsi appris que de janvier à septembre 2023, l’Europe a enregistré un excédent de plus de 40 milliards €, les exportations ayant augmenté de 5 % par rapport à 2022 et les importations ayant diminué de 2 %.

« Telle est l’histoire de la réussite de l’agriculture européenne » s’est-il réjoui avant d’aborder les conséquences du conflit russo-ukrainien.

Il a rappelé l’aide apportée aux agriculteurs de l’UE touchés par la guerre avec l’activation de l’aide de la réserve de crise.

« Mais surtout, nous avons inclus l’agriculture dans les possibilités d’extension des aides d’État nationales. Grâce à cela, en 2022 et 2023, les agriculteurs de 22 pays ont bénéficié d’une aide d’État, pour un montant total de 9,3 milliards €» a développé M. Wojciechowski.

Marchés agricoles en pleine mutation

Le commissaire l’a reconnu, l’ouverture totale aux importations agricoles en provenance d’Ukraine a malheureusement entraîné d’importantes menaces concurrentielles pour bon nombre d’agriculteurs européens qui sont toujours confrontés à un marché en pleine mutation.

En 2021, seuls 16 % des exportations agricoles ukrainiennes étaient destinées au marché de l’UE. En 2022 et 2023, c’est déjà plus de la moitié.

En 2022, les importations agricoles de l’Ukraine vers l’UE ont presque doublé, passant de 7 à 13 milliards €. En 2023, elles franchiront également le seuil des 12 milliards €.

Si la commission reste déterminée à continuer à soutenir l’Ukraine, elle a assuré qu’elle tiendra compte « des sensibilités de l’UE ».

Attendue depuis plusieurs semaines, la proposition de la commission visant à prolonger les mesures commerciales autonomes pour l’Ukraine, qui expirent le 5 juin, n’a toujours pas été présentée.

Mesures protectionnistes en vue ?

Janusz Wojciechowski a eu le mérite de s’exprimer à titre personnel en faveur de la mise en place de mesures protectionnistes.

Au vu des chiffres fournis par ses services, il y a en effet de quoi donner de nouvelles sueurs froides au secteur agricoles européen !

On parle quand même de hausse substantielles des volumes d’importation de certaines denrées, notamment les céréales qui enregistreraient une hausse de 48 % en volume, des huiles végétales, du sucre (en hausse de 302.000 tonnes), de la volaille (hausse de 61 %) et des œufs (un hausse de160 %).

Marie-France Vienne

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