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Le secteur bio wallon perd du terrain pour la première fois en 20 ans mais compte rebondir

Le secteur biologique a connu un recul l’an dernier en Wallonie et perdu, pour la première fois depuis plus de 20 ans, des producteurs, a annoncé jeudi l’Asbl Biowallonie, à l’occasion de la 7e édition de la journée annuelle de réseautage du secteur bio.

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La Wallonie comptait, fin 2022, 2.010 producteurs certifiés bio. Les chiffres définitifs pour 2023 doivent encore être affinés mais tout porte à croire que le nombre de producteurs est repassé sous la barre symbolique des 2.000, avec une baisse estimée à environ 1%. «C’est la première baisse en Wallonie depuis 2003», constate le directeur de Biowallonie, Philippe Grogna.

Le recul au sud du pays s’exprime aussi en matière de production et de superficie agricole consacrée au biologique.

Les causes des difficultés actuelles du bio sont connues et ne datent pas d’hier. Elles ont débuté avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. Les coûts de production ont augmenté, ce qui nuit à la rentabilité des filières bio. Les consommateurs, face à l’inflation élevée, se sont tournés vers des produits moins onéreux. Quant à la grande et moyenne distribution, elle a été pointée du doigt, il y a un an, par une analyse de Biowallonie, pour des marges jugées excessives sur les produits bio. Mais les choses semblent s’être normalisées depuis lors.

Enfin, constate Biowallonie, plusieurs concepts et modes de production plus écologiques, comme l’agroécologie, ont fleuri ces dernières années, ce qui peut amener une certaine confusion dans l’esprit du consommateur et apporter «un flou sur le bio et ses plus-values».

Une nouvelle menace est aussi apparue: l’importation croissante de produits bio qui viennent de l’Hexagone. «On constate que la production bio a explosé ces dernières années dans certains pays européens. Cela donne notamment lieu en Belgique à des importations importantes à bas prix de bio français», explique Ariane Beaudelot, de Biowallonie.

Un retour à la croissance de la filière bio wallonne passera par un meilleur équilibre entre l’offre et la demande, et par un développement de cette dernière. Pour ce faire, Biowallonie défend l’importance d’acheter non seulement bio mais aussi local, c’est-à-dire «wallon».

L’Asbl d’encadrement du secteur bio wallon a également édité une brochure qui vise à «démystifier le bio», à «déconstruire 13 idées reçues sur le bio» et à «clarifier les plus-values réelles de l’agriculture biologique.»

Le secteur ne manque pas d’atouts, souligne-t-on encore: il répond à des enjeux environnementaux de plus en plus cruciaux. Et en Wallonie, certaines filières bio sont prometteuses, comme la vigne, la culture de lin ou les petits fruits.

Après deux années difficiles et une stabilisation attendue en 2024, l’année 2025 pourrait être celle du retour à la croissance pour le bio wallon qui compte, outre ses quelque 2.000 producteurs, également 1.000 transformateurs, grossistes et points de vente.

Plus de 275 acteurs du bio ont participé mercredi à Namur à la 7e édition de la journée annuelle de réseautage du secteur. Une «participation record», se réjouit Biowallonie, organisatrice de l’évènement. Celui-ci a permis de réunir des dizaines de producteurs et des acteurs de l’aval du secteur (transformateurs, coopératives, grossistes, points de vente, restaurateurs...). Un «speed dating» entre acheteurs, producteurs et artisans, des ateliers sur l’état du secteur et des moments de réseautage figuraient au programme de cette journée.

La Wallonie s’est doté d’un plan de développement de la production biologique qui ambitionne de porter à 30% à l’horizon 2030 la surface agricole cultivée en bio. C’est davantage que l’objectif européen qui est de 25% pour 2030.

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