Après deux années difficiles,la consommation bio repart à la hausse
Si la consommation bio a été largement marquée par la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, résultant de la guerre en Ukraine, elle semble progressivement inverser la tendance. Plusieurs indicateurs le confirment : le taux de pénétration du bio demeure stable, tandis que les dépenses consacrées aux denrées issues de ce mode de production augmentent, de même que les parts de marchés des produits bio.

Outre un panorama précis du paysage agricole bio wallon dressé par Biowallonie (lire en pages précédentes), Julien Capozziello et Catherine Timmermans, tous deux actifs au sein de l’Observatoire de la consommation (Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité) livrent un état des lieux des achats en magasins et de la consommation de produits bio en Wallonie et en Belgique.
520 millions d’euros dépensés en Wallonie
Les dépenses totales des ménages belges pour les produits alimentaires bio s’élevaient à 1,285 milliard d’euros l’année dernière. Il s’agit là d’une hausse 8,6 % par rapport à 2024. Au sud du pays, ce montant culmine à 520 millions, en hausse de 10,5 % (
Le bio a donc vécu au rythme des crises. Ainsi, si la pandémie de covid-19 a été favorable à la filière – le consommateur, privé de restaurant, souhaitait se faire plaisir – il en a été tout autre suite à la guerre en Ukraine. Celle-ci a eu de lourdes conséquences, notamment sur le portefeuille des Belges. Dans ce contexte, bon nombre de consommateurs se sont détournés du bio, ce qui s’est traduit par un recul significatif des dépenses en 2022. La baisse s’est atténuée en 2023, davantage en raison de l’inflation que de la croissance des volumes achetés. 2024 marque le début d’une reprise progressive.
Par ailleurs, l’Observatoire constate que 98,4 % des ménages wallons ont acheté au minimum une fois un produit alimentaire bio au cours de l’année 2024. Un chiffre similaire à ce qui avait été observé en 2023.
317 €, en moyenne, par ménage wallon
Parmi les ménages wallons ayant consommé bio en 2024, 22,7 % sont à l’origine de 79,4 % des dépenses en produits bio ; ce sont les consommateurs réguliers. 32,6 % (consommateurs occasionnels) représentent 15 % des dépenses bio tant que les 44,70 % de consommateurs restants (consommateurs exceptionnels) endossent 5,6 % des dépenses bio.
L’année dernière, les ménages wallons ont dépensé en moyenne 317,10 € en produits bio (+5,9 %). Ce montant grimpe à 1.107,60 € (+11 %) pour les consommateurs réguliers, soit une moyenne de 92,30 € par mois. Les consommateurs occasionnels ont déboursé 146,10 € (12,18 €/mois en moyenne) tandis que les consommateurs exceptionnels limitent leurs dépenses à 39,80 € par an (3,32 €/mois).
La fréquence d’achat de produits bio s’affiche en léger progrès. Elle s’élève à 34 actes d’achats (contre 32 en 2023), malgré de grandes disparités entre les groupes d’acheteurs. Les consommateurs réguliers ont acheté des produits bio 86 fois par an. Les consommateurs occasionnels et exceptionnels ont respectivement réalisé 30 et 11 actes d’achats en 2024.
L’Observatoire de la consommation livre également une comparaison par habitant. On y apprend que le Wallon a dépensé, en moyenne, 141,12 € en produits bio, contre 125,70 € en 2023 (+15,42 €).
Les magasins bio retrouvent des couleurs
Selon l’Observatoire de la consommation, en 2024, les supermarchés étaient, une nouvelle fois, les lieux en Wallonie où les dépenses en produits alimentaires bio sont les plus importantes (38,5 % de la part totale des ventes en produits bio), suivis par les magasins bio (17,4 %). À eux deux, ils couvrent plus de 55 % des dépenses enregistrées. La catégorie « Autres » (magasins de proximité, achats transfrontaliers…) complète le podium, avec 16,2 %. Les boucheries et les hard discount (tels que Lidl et Aldi) sont en quatrième et cinquième positions, avec respectivement 8 % et 5 % des dépenses totales en produits bio (figure 2).
Si l’on s’intéresse à l’évolution par canal de distribution, on constate que les magasins bio, qui ont atteint un pic en 2020 (30,9 %), voient leur part de marché s’éroder depuis lors. Cependant, entre 2023 et 2024, une légère embellie est enregistrée, avec une hausse de 0,7 % des parts de marché.
Les grandes et moyennes surfaces (y compris les hard discount) détenaient, elles, 47,6 % des parts de marché en 2024 contre 47,4 % en 2023. Cette stabilité cache, en réalité, une légère croissance des parts de marché détenues par les supermarchés (-1,8 %) alors que les hypermarchés et les hard discount s’affichent quelque peu en recul (-0,8 % chacun).
Enfin, avec 18,7 % des parts de marché, les circuits courts gagnent une nouvelle fois du terrain (+1,2 %). Dans ce total, les boucheries se taillent une place de choix (8,2 % des parts de marché) tandis que les magasins à la ferme s’adjugent 4 % des parts de marché.