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Du champ au parlement

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Des agriculteurs engagés en politique… La pratique n’est pas nouvelle et plusieurs d’entre eux sont d’ailleurs bourgmestre ou échevin de leur commune ou siègent dans un parlement de notre pays.

À l’approche du méga-scrutin du 9 juin prochain, des représentants et représentantes de la terre, parfois pensionné(e)s, se présentent sur de nombreuses listes, tous partis confondus. Nos confrères du Soir se sont récemment penchés sur le profil professionnel des candidats francophones et nous livrent quelques enseignements en la matière. Ainsi, et ce ne sont que des exemples, le MR aligne 11 % d’agriculteur sur ses listes régionale et fédérale en Brabant wallon (aucun chiffre n’a été livré par le parti pour les autres provinces) tandis qu’Ecolo aligne 4 % de fermiers sur ses différentes listes. Quant aux autres formations, elles accueillent des agriculteurs dans leurs rangs mais les regroupent dans la catégorie « autres », aux côtés de candidats issus de divers horizons professionnels. Ils ne fournissent donc pas de données complémentaires.

À la lumière de ces chiffres, on peut se demander quelles sont les motivations des cultivateurs et éleveurs à s’impliquer en politique ? Ou, à l’inverse, pourquoi les différents groupes de gauche, du centre et de droite les recrutent pour renforcer leurs troupes ?

Pour répondre à la première question, on peut évoquer la nécessité de défendre les intérêts de leur profession mais aussi de remettre les problèmes du monde agricole sur le devant de la scène, après plusieurs semaines d’actions. Le désir d’apporter des réponses aux questions et préoccupations de leurs pairs est également prégnant. Enfin, citons le besoin d’amener un vécu de terrain au cœur des débats, notamment lorsque se négocient des politiques agricoles et environnementales dans des sphères bien éloignées des réalités quotidiennes des « gens de la terre ».

Du côté des partis, intégrer des agriculteurs sur les listes électorales permet de bénéficier de leur expérience et de leur expertise sur des questions liées à la ruralité. Mais aussi de l’image dont ils jouissent au sein de leur communauté, en vue d’obtenir des voix provenant de différents secteurs de la société… Intégrer des colistiers issus d’horizons professionnels divers permet également une meilleure compréhension des attentes des uns et des autres. À l’heure de concevoir les listes, le capital sympathie dont sont auréolés les agriculteurs depuis ce début d’année a certainement joué, lui aussi, un rôle. En bref, il s’agit autant de répondre à un besoin stratégique que d’un souci de représentativité et d’expertise sectorielle.

Toutefois, bien loin d’être de simples « attrape-voix », les fermiers entendent peser de tout leur poids dans la campagne en cours et, pour ceux qui seront élus, dans les différentes assemblées de notre pays. Aux côtés d’infirmières, d’enseignants, d’ouvriers, de restaurateurs, de fonctionnaires… ils représentent la diversité de notre société, parfois oubliée par nos « députés de carrière ». Leur défi ne sera pas simple, les embûches seront nombreuses… Mais ils pourront certainement être fiers du travail accompli et des efforts consentis pour atteindre leurs objectifs.

Jérémy Vandegoor

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