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Comment adapter son bâtiment d’élevage ?

Ventilation, accès à l’eau, nourriture, rafraîchissement, ou encore rayonnement solaire, voici plusieurs facteurs à prendre en considération pour adapter au mieux son bâtiment d’élevage aux changements de températures. Plusieurs éléments qui, mis bout à bout, permettront au troupeau d’être protégé au mieux de la chaleur.

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En 30 ans, les températures moyennes ont augmenté de 1,2 degré à Bruxelles. À l’avenir, on peut donc s’attendre à des vagues de chaleur, tant le jour que la nuit, ou encore à des précipitations abondantes, comme nous avons déjà pu l’observer cette année. Les événements climatiques extrêmes risquent également d’être plus fréquents, avec des périodes de sécheresse, des chutes de neige et de grêle ou encore des vents violents au printemps et en automne. Face à ces aléas climatiques, il est plus que jamais nécessaire de trouver les bons leviers.

Pour les éleveurs, cette adaptation implique notamment une attention particulière portée à leurs bâtiments, comme l’a souligné Josi Flaba, expert en la matière, lors d’une journée d’étude organisée par l’Aredb et le comice d’Ourthe Amblève. Des constructions représentant un investissement important et à long terme, et qui permettent de préserver le bien-être des animaux. Et attention : la température n’est pas le seul paramètre à prendre en compte au sein de bâtiments. L’agriculteur devra, en effet, être attentif à plusieurs éléments comme l’humidité relative de l’air, sa vitesse de déplacement, et le rayonnement global (solaire, au niveau de la toiture, des murs, du bardage…).

L’eau : un facteur vital

Nous l’avons souligné à plusieurs reprises dans notre journal, mais il est toujours utile de le rappeler : une eau de bonne qualité et en quantité nécessaire est indispensable ! Par ailleurs, en période de canicule, elle est consommée en grande quantité : plus de 120 l par jour et 20 l par minute pour une vache laitière. Il est donc primordial pour les bovins d’y avoir accès le plus facilement possible. L’éleveur devra, dès lors, éviter de placer ce point d’eau dans un endroit difficilement accessible, comme un cul-de-sac, ou dans un lieu avec des couloirs d’exercices trop étroits. Il faudra compter une auge, plus conseillée que des abreuvoirs individuels, de 2,5 m pour 20 vaches, avec un plan d’eau calme de 10 cm d’épaisseur, le tout à une température comprise entre 10 et 15 degrés.

Concernant la nourriture, chaque vache devrait disposer d’un espace de 70 à 75 cm à l’auge, soit plus d’une place par animal. Cela augmente ainsi la place de 65 cm initialement prévue, ce qui permettra de réduire la compétition entre les bêtes pour accéder à leur alimentation.

Toujours pour diminuer cette compétition, mais également pour contribuer au maintien d’un bon niveau d’ingestion de la ration de base, il est recommandé que la nourriture, appétissante et fraîche, soit disponible en permanence. Les repousses de fourrages et les robots distributeurs peuvent être des moyens utiles pour y parvenir.

Enfin, pour le confort des bêtes et pour atténuer les effets du stress thermique, un essai a démontré que l’utilisation de matelas de logette à eau semble être une stratégie prometteuse.

Protéger les animaux du rayonnement solaire

Les vaches ont besoin de lumière, c’est certain, mais attention à ne pas confondre lumière et chaleur. Josi Flaba conseille d’ailleurs de protéger les animaux contre le rayonnement solaire.

Ce dernier peut être direct (via des ouvertures en pignon ou au niveau des longs pans) ou indirect (en passant par la toiture, via les matériaux de bardage ou l’environnement du bâtiment). Une des solutions mise en avant par ce spécialiste est de placer un débord au niveau de la toiture. Celui-ci permettra un ensoleillement en hiver et de l’ombre en été, tout en protégeant la nourriture du soleil.

Les matériaux translucides sont, quant à eux, à éviter, particulièrement pour ceux placés dans les versants orientés au sud. Pour éliminer leur effet négatif, une peinture d’ombrage peut être utilisée sur leur face inférieure. Cela permettra une réduction de température comprise entre 3 et 5 degrés.

Pour la toiture, les toits en tôles isolées ainsi qu’une peinture claire sont, si possible, à privilégier. « Des panneaux photovoltaïques permettent aussi de réduire la température sous la toiture », ajoute l’expert.

Un bâtiment bien ventilé

Lors de sa conception, le bâtiment doit être réfléchi pour favoriser une ventilation naturelle, avec, par exemple, des ouvertures réglables selon les températures. Ainsi, en période estivale, une des solutions pourrait être d’ouvrir totalement les longs pans. Ces derniers devront, être orientés face aux vents dominants. Afin de réduire l’impact du stress thermique et d’apporter une sensation de fraîcheur au troupeau, l’éleveur pourra aussi placer une ventilation mécanique en installant des ventilateurs. Ceux-ci peuvent soit déplacer l’air de façon verticale (du haut vers le bas), ou horizontale. Mais avant de se lancer, il faut être attentif à plusieurs facteurs, car placer une ventilation mécanique ne s’improvise pas. « Tout d’abord, faire circuler de l’air chaud à l’intérieur du bâtiment ne présente aucun intérêt. L’endroit devra donc être suffisamment ouvert. Ensuite, une des erreurs fréquentes est de vouloir limiter les investissements en se dirigeant vers un équipement trop peu performant. Ou alors mal placer les ventilateurs et ainsi créer des zones où la température est confortable et d’autres où elle ne l’est pas du tout».

Il faudra donc être attentif à leur emplacement, leur réglage, leur vitesse d’air à la mise en route, et garder à l’esprit de bien entretenir cet équipement.

Pour les conditions extrêmes

Comme le dit le proverbe, mieux vaut prévenir que guérir. Dès lors, avant de se lancer dans la construction, assurez-vous que le futur bâtiment ne se situe pas dans une zone inondable. Évitez également les zones de ruissellement ou alors, mettez en place des dispositifs pour éviter les écoulements. En hiver, attention aux chutes de neige, dont le poids peut varier de 50 à 100 kg/m². Pour la grêle, il vaut mieux utiliser de la tôle métallique, moins fragile que les plaques ondulées. Le bâtiment devra aussi résister à des vents violents de plus de 100 km/h. Enfin, en ce qui concerne les risques d’incendies, la construction devra être évidement éloignée de la végétation combustible, avec, si possible, une zone par fonction bien distincte au sein du bâtiment.

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