Mycoplasmose: bien la connaître pour mieux la contrôler
Selon une enquête en ligne menée par l’Arsia auprès des vétérinaires en 2016, près de 75 % d’entre eux considéraient la mycoplasmose comme un problème préoccupant au sein de leur clientèle. Une maladie pour laquelle les spécialistes constatent une augmentation de la sévérité des symptômes et de la mortalité, le tout avec des traitements toujours plus difficiles à mettre en place. Dès lors, comment la reconnaître et la contrôler pour protéger au mieux son troupeau ? On fait le point.

Une bactérie particulière au traitement décevant
– Le facteur « VSP », c’est-à-dire une « Protéine de Surface Variable » qui n’est autre qu’un antigène à la surface de la bactérie permettant chez le sujet infecté la production d’anticorps. Mais précisément parce qu’il s’agit d’un antigène de surface « variable », le temps que les anticorps soient produits par l’animal, la bactérie masque cette protéine de surface en la remplaçant par une autre… les anticorps fraîchement conçus n’ont alors plus de prise sur la bactérie, et tout est à refaire !
– La bactérie se cache dans un « biofilm », sorte de « communauté » hautement structurée de micro-organismes, intégrée dans une matrice composée de polysaccharides, de protéines, de lipides et d’ADN. Cela protège la bactérie en la rendant inaccessible aux anticorps. Ce biofilm peut être présent dans le milieu extérieur mais aussi à l’intérieur du corps.
– Mycoplasma bovis peut créer une dépression ou, au contraire, une « hyper réaction » de l’organisme, en sollicitant fortement et de manière excessive les cellules immunitaires de défense. Celles-ci, en tentant de détruire le germe, impactent aussi autour de lui les tissus sains, en dégât collatéral…
Des dégâts multiples et coûteux
Selon l’âge du bovin, les symptômes varient.
Les trois portes d’entrée majoritaires sont le mufle, le pis et les voies génitales. De là, la bactérie se disperse et peut aussi infecter l’oreille, l’œil, les poumons, les articulations, le cerveau…
Ces signes cliniques sont possibles mais pas toujours présents et ne sont pas spécifiques de Mycoplasma
Les vétérinaires remarquent aussi que l’immunité de l’animal est altérée, l’exposant davantage à d’autres germes et maladies.
De plus, ces infections chroniques sont très insidieuses. Alors qu’elles ne provoquent pas nécessairement de symptômes manifestes, elles impactent la croissance des veaux et la production et/ou augmentent le nombre de cellules dans le pis. Ces animaux porteurs ne produisent pas seulement moins de viande ou de lait, ils sont également une source d’infection pour leurs congénères !
Les outils de diagnostic mis à la disposition du vétérinaire sont multiples et leur usage dépend de paramètres tels que l’âge de l’animal, le niveau de l’infection, son impact dans le cheptel et le budget de l’éleveur.
Biosécurité, un maître-mot !
Comme déjà souligné le traitement est souvent décevant suite aux particularités de la bactérie et au développement de résistances aux antibiotiques. La prévention prend dès lors toute son importance. Comment l’aborder ?
– Contre l’introduction de la maladie dans le troupeau, via les porteurs sains introduits dans le cheptel, en particulier suite à un achat. Leurs sécrétions ou productions sont potentiellement virulentes, majoritairement issues des voies respiratoires, mammaires et génitales.
Au sein du troupeau :
– Attention aux contacts directs entre animaux et indirects via tout objet (seaux…)
– Ne pas distribuez de lait d’une vache positive, ni le lait écarté, sources de contamination relativement importante. Une mère excrétrice qui contamine un lait de mélange peut infecter l’ensemble des veaux nourris.
Toujours en termes de prévention, le mycoplasme a été systématiquement recherché et ce gratuitement à l’Arsia. En 2021, toutes les prises de sang IBR ont ainsi été testées en Mycoplasma bovis. 86 % se sont révélées négatives (sur 29.482 bovins testés), et 14 % positives (sur 4.820 animaux contrôlés).
Même si la ferme est déjà infectée, il est essentiel de tester tout nouveau venu. En Belgique, il existe des souches différentes. Certaines d’entre elles pourraient être plus virulentes ou engendrer des problèmes spécifiques et différents de ceux déjà présents dans l’élevage. Elles pourraient même être plus résistantes à certains antibiotiques.
L’autovaccin, une solution quand tous les traitements sont vains
Soigner un troupeau contaminé par la mycoplasmose bovine est très souvent un défi de taille pour l’éleveur et son vétérinaire. Le seul recours aux antibiotiques pour la maîtriser n’est pas envisageable, sous peine de voir rapidement se multiplier les résistances et les échecs thérapeutiques. Quant aux vaccins commerciaux, il n’en existe pas à ce jour.
Suite à cette situation, l’Arsia a mis au point la production d’un autovaccin, alternative facilement applicable et financièrement abordable.
Pour rappel, l’autovaccin vétérinaire est préparé à partir de bactéries pathogènes isolées d’un animal malade ou sain du même élevage. Il est administré à la bête malade ou aux animaux de cette exploitation en vue de provoquer, chez ceux-ci, une immunité active. Ce traitement est disponible depuis mars 2020 (plus d’infos : www.autovaccin.be).
Avec quatre ans de recul, l’Arsia est convaincue de l’efficacité de cette approche vaccinale. Elle doit toutefois reposer sur un prérequis essentiel qui est un diagnostic vétérinaire complet des pathologies respiratoires dans le troupeau. Celui-ci doit inclure les pathogènes bactériens et viraux principaux, mais aussi les éléments zootechniques tels que le logement des animaux.
Cette étape franchie, il faut alors construire le plan de vaccination en s’appuyant sur la dynamique de la pathologie dans l’exploitation. Enfin, après une première mise en œuvre de cette solution prophylactique, il faut prendre le temps de faire le point et ajuster au besoin le schéma de vaccination. Le dialogue entre l’éleveur, son vétérinaire et le laboratoire est donc essentiel.