La Petite Foire paysanne déménage pour sa 11e édition
L’événement est un carrefour militant, fruit d’une farouche volonté de ses organisateurs de faire se rencontrer l’humain et son environnement, coïncider l’éthique, le social et l’agroécologie en un seul lieu. Ce sera cette année-ci sur le site de la bergerie de Roiveau, à Tournay, dans l’entité de Neufchâteau.
Les organisateurs ont le souhait de faire se rencontrer l’humain et son environnement et coïncider l’éthique, le social et l’agroécologie en un seul lieu. - M-F V.
Par : Marie-France Vienne
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Soutenues depuis le début de l’aventure par François Huberty, les chevilles ouvrières de la Petite Foire tenaient à pérenniser l’ancrage de leur manifestation sur cette commune dont le représentant des « Engagés » est le bourgmestre.
La mise en œuvre de « l’Undrop » comme fil rouge
Elle se tiendra donc sur le site agroécologique de Roiveau qui abrite le projet d’élevage de moutons et de production de fruits (pommes, poires, fraises, prunes, noisettes, noix, châtaignes) et de légumes (courgettes, potirons, pommes de terre) d’Olivier Henneaux, un agriculteur engagé et animé par la volonté de faire du citoyen un acteur de sa propre consommation.
La Foire se tiendra sur le site agroécologique de Roiveau qui abrite le projet d’élevage de moutons et de production de fruits et de légumes d’Olivier Henneaux. - M-F V.
Organisée par le Map (mouvement d’action paysanne), la Petite Foire aura pour fil rouge la philosophie qui sous-tend la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (Undrop) dont le contenu se retrouvera en filigrane des activités organisées tout au long du week-end.
« C’est une manifestation durant laquelle nous souhaitons communiquer sur l’alimentation, nos pratiques agricoles, mais surtout toucher nos collègues et amis paysans en bénéficiant d’un lieu sur lequel nous pouvons nous retrouver et partager des pratiques qui permettent à une agriculture durable et pérenne de s’installer » a synthétisé devant la presse la coordinatrice de la Petite Foire, Anne Charrière.
Un carrefour de rencontres et de démonstrations d’artisans
La Petite Foire se veut un carrefour de rencontres d’artisans représentant différentes filières (poterie, cuir, meunerie, vannerie, maréchalerie, boulangerie…) en ce compris celle de la laine dans son ensemble au cœur de la bergerie d’Olivier Henneaux, avec des démonstrations de tonte de moutons, filage, cardage, tissage, tricot.
L’Atelier paysan et son camion-atelier ainsi que la Fabriek paysanne, seront sur site pour poser et répondre aux questions de la souveraineté technologique avec des outils auto-construits et dimensionnés pour des fermes de petite taille.
L’une des attractions du week-end sera certainement le village de la traction animale, mis en scène et orchestré par l’Asbl Meneurs qui prend part pour la dixième fois à cet événement.
Un village de la traction animale
« Dans un rapport de décembre 2022, les Nations-Unies demandaient à ses membres de prendre en considération la traction animale pour faire face aux enjeux énergétiques futurs » a expliqué Gaëtan Pyckhout, administrateur de l’Asbl, convaincu qu’elle reprendra une place « non négligeable » dans notre société « dans les 15 à 20 prochaines années ».
Les organisateurs espèrent une belle affluence sur son nouveau site de Roiveau. Elle encourage les agriculteurs conventionnels à leur rendre visite pour poursuivre le dialogue entre les différents modèles agricoles et resserrer les liens entre eux. - M-F V.
« Notre rôle est de maintenir vivant cet outil et ce savoir-faire » souffle M. Pyckhout dont l’association mettra en lumière toute l’habilité et l’utilité du cheval, mais aussi des bœufs et des ânes dans les petits travaux agricoles.
Dans ce premier village de la traction animale en Wallonie, l’Asbl présentera par ailleurs des ateliers d’outils basiques en auto-fabrication qui permettent aux plus bricoleurs d’accéder à une certaine autonomie en la matière. Une formation qui rencontre un franc succès « auprès des personnes qui sont dans la paysannerie mais aussi des particuliers », a assuré le débardeur.
Cet événement dans l’événement sera par ailleurs un rassemblement de fabricants et vendeurs de matériel en traction animale belges et étrangers, « qui viendront exposer leur travail sous la forme d’un petit salon ».
Espace de conférences et tentes à palabres
La Petite Foire est aussi un grand rassemblement de paysans qui viennent partager leur savoir-faire, le fruit de leur travail et défendre une autre façon de se nourrir, au sein d’un grand marché qui accueillera près de 80 artisans et producteurs bio et locaux.
Qui dit foire dit aussi conférences et moments d’interaction avec un large panel d’intervenants qui viendront échanger sur le contenu de la déclaration des Nations-Unies sur les droits des paysans et des personnes vivant en milieu rural. Il sera question des 28 droits qu’elle comporte, dont ceux relatifs aux semences, à la terre, à l’égalité des genres.
Ce sera aussi la présentation de la « Charte des communes paysannes », un référentiel d’engagement co-écrit par les membres du Map à destination des futurs élus, la question du revenu juste pour les travailleurs de la terre quand l’agro-industrie et les géants de la distribution récoltent les fruits de leur labeur, la sécurité sociale de l’alimentation.
On mange bien et sain!
Si, à la Petite Foire, on se bat et on milite, les organisateurs savent aussi faire la fête grâce à la présence d’acteurs de théâtre, d’artistes circassiens, de musiciens dont certains sont eux-mêmes paysans avec des textes dont les paroles relatent leur lutte et leurs souffrances.
Les organisateurs l’ont promis, on mangera bien sur le champ de foire. Et notamment des frites élaborées avec les pommes de terre qui ont été plantées, pour l’anecdote, le 17 avril dernier sur le site agro-écologique lors de la journée mondiale de la lutte paysanne.
Élevage ovin oblige, on servira de la viande de moutons (burger et merguez) tandis que le collectif 5C animera un espace « Miam » qui proposera une mise en scène de produits du terroir. Question boissons, les bières seront à l’honneur, dont la 100PAP, une mousse solidaire brassée au profit d’un projet de lutte contre la précarité matérielle et temporelle des logements des collectifs de personnes sans papiers. Le bar proposera du vin, des jus de fruits fournis par Oxfam.
De la créativité, du cœur et du bénévolat
Contrairement à sa grande sœur libramontoise, la Petite Foire paysanne ne perçoit aucun subside du ministère wallon de l’Agriculture et n’a pu compter que sur un soutien du cabinet de la ministre Tellier à hauteur de 20.000 €, d’un montant de 5.000€ en provenance de la Province de Luxembourg ainsi qu’une aide de la Ville de Neufchâteau au niveau de la logistique.
Elle est portée à 100 % par une quinzaine de bénévoles au quotidien et une centaine à l’approche de l’événement et durant celui-ci.
Si l’entreprise est un moteur de créativité, mais aussi un combat qui génère chaque année un formidable élan d’enthousiasme et de solidarité, les organisateurs ont aussi évoqué les limites d’un engagement qui constitue malgré tout une source de grande pression pour les bénévoles.
Cela n’empêche pas la Petite Foire d’attirer les foules. En 2023, elle avait accueilli 4.500 visiteurs malgré une météo particulièrement chahutée. Au plus fort de la fréquentation, l’événement en avait drainé jusqu’à 8.500. C’était en 2018.
L’organisation espère une belle affluence sur son nouveau site de Roiveau. Elle encourage les agriculteurs conventionnels à leur rendre visite pour poursuivre le dialogue entre les différents modèles agricoles et resserrer les liens entre eux.
Informations pratiques
Les 27 et 28 juillet sur le site agro-écologique de Roiveau, Tournay (Neufchâteau).
Accès par l’autoroute E411, sortie n° 26 (Neufchâteau).
EconomieAu terme de six mois de présidence, la Pologne a achevé, le 24 juin dernier, son mandat en présentant un bilan dense, reflétant à la fois la complexité des chantiers en cours et les lignes de fracture qui traversent les débats agricoles européens. Le ministre polonais de l’Agriculture, Czeslaw Siekierski, a profité de cette dernière conférence de presse pour livrer une vision résolument politique de l’avenir du modèle agricole européen, entre transformation écologique, tensions commerciales et revendications de souveraineté.