Mettez de la couleur dans vos assiettes avec les piments et les poivrons
Pour les jardiniers qui disposent d’une serre, les derniers poivrons et piments ont été récoltés il y a quelques jours ou le seront prochainement. C’est donc le moment opportun pour faire le point sur cette culture et envisager les nouveaux semis pour mars prochain.

Sur les six dernières années, quatre ont été chaudes et ensoleillées en été, soit une météo idéale pour les poivrons et les piments. Même en plein air, les récoltes étaient bien fournies, bien que lors d’années plus humides, comme les deux dernières, la réussite était plus limitée. Sous serre, les résultats sont plus réguliers.
Cette culture a besoin de 6 à 8 mois au moins pour produire des fruits à maturité. Et plusieurs techniques permettent cette production chez nous.
Jaune, orange, rouge, il y a en a pour tous les goûts !
Il existe des variétés sélectionnées anciennes et, en général, développées dans les pays plus chauds que chez nous. Nous disposons aussi de variétés hybrides F1 destinées initialement aux professionnels. Les fruits peuvent être courts ou allongés, carrés ou coniques, ils peuvent également avoir la forme d’une corne. Ils sont verts avant de prendre leur couleur typique : jaune, orange, rouge. Quant aux variétés sélectionnées dans les régions de l’Est de l’Europe, comme la Hongrie, elles donnent des fruits blanchâtres qui deviennent jaunes ou orange à maturité.
En poivrons, les lignées sélectionnées de « Petit Marseillais », de « Calvil de Vienne », de « Poivron tomate », de « Doux des Landes » et de « Tequila Sunrise », entre autres, sont aussi intéressantes.
Par ailleurs, nous pouvons découvrir de nouvelles sortes en achetant les semences en jardineries. Les sachets sont souvent suffisamment pourvus de graines pour les besoins d’une famille durant plusieurs années.
De plus, il est possible de produire ses propres semences de variétés sélectionnées non hybrides. L’autofécondation est la plus fréquente naturellement, avec un petit pourcentage de pollinisation croisée. Les graines sont récupérées sur des fruits bien mûrs et sont mises à sécher rapidement en vue de leur conservation en un lieu sec.
Enfin, rappelons que les piments possèdent des saveurs plus ou moins brûlantes. L’échelle de Scoville sert de référence (voir ci-dessous). Pour profiter pleinement de leurs qualités, restons dans les saveurs moins piquantes, à moins d’être habitué aux sensations fortes !
La chaleur, indispensable, pour réussir le semis
Le semis se réalise assez tôt, vers fin février ou début mars, en terrine ou en godets. Il faut absolument de la chaleur pour le réussir, basons-nous sur au moins 20°C et un optimum de 25°C dans le lit de germination. Cette étape peut facilement se faire dans la maison.
Un mois plus tard, nous repiquons en godets ou pots de 7 à 9 cm de diamètre. Les godets peuvent être placés dans l’habitation près d’une fenêtre orientée à l’est ou à l’ouest. Une autre bonne solution est de les installer en couche ou en serre sur un tapis chauffant pour garder un minimum de 18°C la nuit.
Un mois plus tard encore, nous transplantons dans des pots de 14 ou 17 cm de diamètre. Les transplantations successives visent l’alimentation progressive des plants tout en favorisant l’extension du chevelu racinaire.
La plantation ne se fera que quand les risques de températures basses seront passés, soit vers la mi-mai sous serre et vers fin mai ou début juin en plein air. Retenons que les piments et poivrons se développent moins bien en températures inférieures à une dizaine de degrés. De plus, jusqu’à la floraison, la culture demande 18 à 24°C. Toutefois quelques nuits à température de 10 ou 12°C n’affectent pas le résultat final.
Sous serre, nous aérerons au maximum dès que la température atteint 35°C.
Un emplacement très ensoleillé
Le poivron et le piment doivent être bien éclairés naturellement, le soleil doit pouvoir pénétrer sans obstacle dans le feuillage. Pour ce faire, nous devons écarter suffisamment les plantes les unes des autres : 0,75 cm entre elles et entre les lignes convient bien.
La culture est paillée pour économiser l’eau. La réduction de l’évaporation d’eau par le sol permet aussi de gagner un peu de température. Pour les arrosages, il est très important d’employer de l’eau tiédie. C’est une question de maintien de la température du sol à au moins une vingtaine de degrés. Le plus simple est de remplir les arrosoirs pour que l’eau se réchauffe durant la journée. À ce propos, les arrosages se font le soir, au pied des plants. C’est important lors des premières semaines de culture au printemps.
La structure du sol doit être impeccable, le poivron et le piment développent la plupart de leurs racines peu profondément (60 cm). Ils sont très sensibles à l’asphyxie racinaire.
En plein air, ils ont besoin d’un emplacement très ensoleillé. N’hésitons pas à postposer la plantation en repiquant les plantes dans des conteneurs plus grands et sous serre si la température extérieure est encore basse.
Le premier soin consiste à maîtriser l’enherbement et éviter la concurrence pour la lumière ainsi que les disponibilités en eau et sels minéraux.
Les bourgeons floraux situés à la première fourche des embranchements sont enlevés, les fruits qui s’y développeraient risquent de traîner au sol à leur complet développement ou d’être emprisonnés et coincés par les branches principales de la plante. Les fleurs sont produites à chaque embranchement. Elles sont visitées par les insectes attirés par le nectar.
Nous pouvons palisser les branches sur des bambous ou sur des fils tendus horizontalement. La hauteur des plantes de piment ou de poivron diffère d’une variété à l’autre, de 0,5 à 2 m. Nous n’enlevons pas ou très peu de feuilles pour que les fruits restent protégés de l’ensoleillement direct. Le palissage permet d’éviter que les plants ne se couchent sous l’effet du poids de la canopée et sous l’effet du vent.
En fin d’été, les plantes de piment ou de poivron peuvent encore avoir un feuillage luxuriant alors que la température baisse. Nous pouvons déterrer les plantes avec un maximum de racines et les replanter dans un conteneur. Nous plaçons alors ce dernier dans une véranda ou dans une pièce bien éclairée. La récolte pourra se poursuivre. Il est même très possible que la plante reste encore en très bon état végétatif au printemps prochain. Dans ce cas, une bonne taille pour raccourcir les branches et la plantation en serre ou en plein air pourra donner une nouvelle production.
Éviter les défauts des fruits
Comme la tomate, les fruits des piments et poivrons peuvent présenter une nécrose apicale. Une aération insuffisante des abris en est souvent la cause primaire en induisant une évapotranspiration insuffisante des plantes et donc une absorption de calcium insuffisante.
En cas de taille trop sévère dans le feuillage, les fruits peuvent montrer des brûlures dues à un ensoleillement direct excessif.
Le déficit hydrique peut aussi provoquer un flétrissement des fruits. Attention également au manque d’eau, à un défaut d’enracinement, au sol trop froid ou à un arrosage avec de l’eau froide