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Pollec, kekcékça?

Pollec, pour « Politique locale énergie climat », est un programme de la Région wallonne qui invite les communes qui le souhaitent à réduire leur empreinte carbone. Cela passe par un subside qui permet l’engagement d’un coordinateur pour piloter des actions dans divers domaines : isolation des maisons, transports, et bien entendu… agriculture.

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Il se trouve que dans ma commune, c’est un jeune agronome qui opère, en phase avec le monde agricole. En tant que « supporter » de l’agriculture, j’ai le plaisir d’y participer.

Lors de la dernière réunion entre agriculteurs, deux experts du Collège des producteurs étaient sur place « au service du dialogue entre agriculteurs et riverains ». Ce n’est pas fondamental au niveau énergétique mais essentiel pour la confiance et le respect mutuel. Bref, c’est une question délicate quand il faut sortir le pulvérisateur et que la météo invite les citadins ou les voisins à la promenade champêtre.

Chacun a pu exprimer son ressenti, avec toutes les nuances que nécessite cet exercice.

Bien entendu, un pulvérisateur au travail, cela génère plus de doigts d’honneur que d’applaudissements. Mais c’est surtout la méconnaissance de ce qui se fait en agriculture qui entraîne la méfiance.

On ne va quand même pas organiser une « journée mondiale du pulvérisateur » pour défendre l’image de cette grande machine si mal perçue malgré les services qu’on lui demande.

Alors, comment communiquer ?

Rien que les termes utilisés révèlent l’état d’esprit des interlocuteurs. S’il est question de PPP, on a affaire à un connaisseur qui n’est pas contre les « produits de protection des plantes ». Quand on parle de « pesticides » en se pinçant le nez, c’est plus compliqué. Personnellement, j’aime assez le mot « phytopharmacie ». Il me rappelle mon jeune temps, quand le professeur Detroux faisait office d’expert n°1 en la matière.

Je me dis aussi que la pharmacie, les gens connaissent. Il y en a une dans tous les quartiers. On voit que les affaires tournent. Les gens leur font confiance. Pas un politicien pour suggérer des économies en cette matière. On peut donc imaginer que personne non plus ne souhaite une « non-protection des plantes en danger »

Ceci dit, il faut expliquer le fil rouge qui guide les agriculteurs en cette matière : « Les phytos ? Aussi peut que possible, autant que nécessaire ». Dans ma région, c’est mis en pratique par le Ceta de Thudinie. Les réductions de doses sont effectives depuis 35 ans, mais à part les agriculteurs concernés, personne n’est au courant.

Il faut aussi pouvoir expliquer que, si les pulvérisateurs sortent souvent en fin de nuit, ce n’est pas par honte mais parce que c’est à ce moment-là que les stomates des feuilles sont grands ouverts, ce qui permet d’être plus efficace avec moins de produit. C’est aussi le moment où il y a le moins de vent, outre le fait que les jets sont généralement anti-dérives.

Depuis toujours, l’agriculture a dû faire face aux aléas climatiques, se battre pour l’accès à la terre et investir beaucoup de travail. Au XXe siècle, il a fallu, en plus, être compétent en matière de semences, de fertilisation, de protection et de mécanisation.

Depuis un quart de siècle, se sont ajoutés une plus grande prise en compte de l’environnement, l’informatisation comme partout, des réglementations au-delà du raisonnable et, désormais, l’indispensable communication.

Dans ma commune, on se dit qu’on est plus fort ensemble pour communiquer, que la commune est rurale, que les agriculteurs y ont évidemment toute leur place et que « Pollec » n’est pas un outil de contrainte mais un appui au transfert d’informations.

L’aventure vient de commencer. J’espère pouvoir vous raconter un jour comment les différents moyens de communication qui se mettent en place auront permis de rapprocher les riverains des agriculteurs.

JMP

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