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La vaccination subsidiée: «L’opportunité de ne pas rééditer la catastrophe de 2024!»

Comme de nombreux vétérinaires, Jean-Philippe Demonty n’est pas près d’oublier 2024 : une année noire en raison des insectes et de leurs conséquences, parfois mortelles, sur les animaux. Cependant, à l’instar d’autres professionnels de la santé animale, il insiste sur le fait que la vaccination ne constitue pas seulement une obligation. C’est aussi l’opportunité d’éviter de revivre la catastrophe de ces derniers mois.

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Lors de la 37e journée d’étude de Remouchamps, organisée par le Comice agricole et l’Association des éleveurs d’Ourthe-Amblève et de Theux-Verviers, en collaboration avec le Spw-Arne et Elevéo, plusieurs experts ont pris la parole sur la thématique de la FCO et de la MHE. Un sujet incontournable puisque, rappelons-le, tous les bovins nés avant le 1er janvier 2025 doivent être vaccinés contre les sérotypes 3 et 8 de la FCO ainsi que contre la MHE avant le 1er juin 2025, à l’exception des veaux d’engraissement.

Derrière ces acronymes, désormais au cœur de toutes les discussions, se cachent avant tout des drames humains, avec des éleveurs « qui ont trinqué », comme l’a justement rappelé Jean-Philippe Demonty, vétérinaire à Herve. Ce dernier a témoigné de la situation vécue directement sur le terrain afin d’en tirer des leçons pour mieux appréhender les mois à venir.

Ainsi, dès avril, ce professionnel a dû intervenir dans les élevages en raison de mortalités dues aux piqûres de simulies, des insectes différents des culicoïdes, provoquant des chocs hémorragiques et allergiques chez les bêtes. « Une étudiante a pu démontrer que cette multiplication des simulies avait un rapport avec la pollution des cours d’eau, notamment de la Vesdre, suite aux inondations », explique-t-il.

Plusieurs traitements utilisés face à la maladie

Quelques mois plus tard, en août, rebelote. Mais cette fois, c’est au tour de la FCO de faire des ravages… Pour faire face à la maladie, le vétérinaire et son équipe ont utilisé plusieurs traitements, notamment des anti-inflammatoires non stéroïdiens.

« Aux Pays-Bas, ils ont aussi testé le paracétamol sur les ovins, avec pas mal de succès. La cortisone a également montré une bonne efficacité, parfois même lors de traitements prolongés, pour diminuer les effets pulmonaires de la maladie de la langue bleue ». Les antibiotiques ont, eux, été indispensables pour éviter les infections secondaires et les complications bactériennes. En revanche, les diurétiques et les antihistaminiques n’ont pas été à la hauteur des attentes.

Par ailleurs, les soins prodigués par les éleveurs ont aussi été primordiaux. Par exemple, en donnant aux bêtes une nourriture facile à avaler et de l’eau à volonté, certains animaux ont pu s’en sortir.

Au cœur des fermes, ce professionnel a aussi pu constater l’impact de la maladie sur les jeunes. Alors que certains veaux ont survécu plusieurs jours et semblaient en apparence normaux, leur autopsie a révélé que leur cerveau était réduit à sa plus simple expression.

« Nous avons également remarqué des pertes très variables d’une ferme à l’autre. Toutefois, les animaux vaccinés suffisamment tôt ont moins souffert, ce qui est de bon augure. Suite à mon retour d’expérience, je crois vraiment que les vaccins peuvent réduire les symptômes et les pertes ». De plus, toujours d’après ses constatations, les troupeaux vaccinés ont montré une meilleure résilience en matière de fécondité, avec un retour à la normale assez rapide.

Jean-Philippe Demonty, vétérinaire à Herve, a expliqué les aspects pratiques,  notamment les zones où les injections seront réalisées.
Jean-Philippe Demonty, vétérinaire à Herve, a expliqué les aspects pratiques, notamment les zones où les injections seront réalisées. - D.T.

80 % des éleveurs préfèrent confier cette tâche à leur vétérinaire

Même s’il rappelle qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les vaccins empêchent totalement la maladie, au risque d’être déçu, ces traitements obligatoires restent indispensables pour protéger les élevages.

Concrètement, le vétérinaire poursuit l’objectif de réaliser le chantier vaccinal avant la mise au pré, pour des raisons pratiques évidentes, mais aussi stratégiques, à savoir avant le retour des insectes redoutés. Ainsi, il prévoit une première dose fin février, suivie d’une seconde à la mi-mars. De plus, pour la FCO3, une seule injection de rappel sera nécessaire pour les animaux vaccinés en 2024.

Rappelons également que, pour les bêtes non destinées à l’export, cette tâche peut être réalisée par l’éleveur. Néanmoins, dans les faits, selon Jean-Philippe Demonty, 80 % des détenteurs préfèrent confier cette tâche à un vétérinaire.

Sur le plan pratique, l’objectif sera d’administrer les trois doses en une seule intervention. En effet, comme l’avait également souligné le vétérinaire Léonard Théron, il est préférable de regrouper les chantiers afin d’éviter le stress du regroupement.

« Nous allons essayer de faire les trois vaccins en même temps, mais pas au même endroit et pas avec la même seringue ». Les injections seront réalisées à l’avant, au niveau de l’encolure et de l’épaule.

Enfin, si beaucoup craignent les effets secondaires, l’expérience française montre qu’ils sont généralement limités à des douleurs ou des gonflements au site d’injection. Néanmoins, les conséquences plus graves restent rares, avec moins d’un cas sur 10.000. « Si vous constatez d’autres réactions, il est important de le signaler au vétérinaire afin qu’un rapport de pharmacovigilance puisse être établi ».

De plus, comme le vétérinaire Léonard Théron l’expliquait (voir Le Sillon Belge du 26 décembre), pour mettre toutes les chances de son côté afin de protéger ses animaux, il faut aussi miser sur l’immunité du troupeau. Même son de cloche concernant un complément en oligo-élément. « Cela augmente d’environ 50 % la qualité du traitement », avait pointé le précédent spécialiste.

Le soutien financier

Pour aider les éleveurs, tout bovin ayant reçu une primo-vaccination complète pour les séréotypes 3 et 8 de la FCO et pour la MHE enregistrée avant le 1er juin 2025 donne droit à une subvention de 23,50 € (TVAC). Il s’agit d’une aide afin d’alléger les frais de vaccination, dont le coût peut varier selon les vaccins utilisés.

Ces subsides sont perçus par les vétérinaires et retournés aux éleveurs. « Nous allons recevoir deux tiers en janvier pour faciliter la commande. Le reste sera perçu en juin si l’encodage est fait correctement, c’est le vétérinaire qui est en charge de celui-ci », indique Jean-Philippe Demonty.

Notons qu’une foire aux questions, tant pour les éleveurs bovins, ovins et vétérinaires est disponible sur https://www.health.belgium.be/fr/

campagne-de-vaccination-btv-ehdv Cette plateforme est mise à jour le plus rapidement possible avec les dernières informations concernant la campagne vaccinale.

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