Engraisser: entre difficultés et succès, tout dépend du profil de l’élevage
Votre ferme pratique-t-elle l’engraissement ? Si oui, comment ? Quelles difficultés rencontrez-vous ? C’est ce type de questions qui ont été posées par le Collège des producteurs et Elevéo à travers une enquête. Objectif : cerner au mieux les tenants et aboutissants de cette pratique pour ensuite accompagner efficacement les éleveurs bovins tant sur le pan techno-économique que commercial.

« Sur le terrain, la question primordiale reste : est-ce que l’engraissement est rentable ou non ? », constate Delphine Dutrieux, chargée de projet pour Elevéo. Et face à cette interrogation, il est difficile d’apporter une réponse toute faite. En effet, chaque exploitation est différente… Pour certaines, cette pratique sera fructueuse, tandis que d’autres n’obtiendront pas les résultats souhaités.
Néanmoins, en Wallonie, l’engraissement joue un rôle important pour la valorisation des bovins et des fermes ainsi que pour la production de viande bovine. « C’est pourquoi, il a été jugé intéressant de soutenir et de renforcer l’engagement des éleveurs qu’ils soient, ou non, déjà inscrits dans cette démarche », indique Quentin Legrand, chargé de mission en viande bovine pour le Collège des producteurs.
Ces deux organismes ont donc mené l’enquête à propos de l’engraissement, à travers un questionnaire auquel ont répondu 114 personnes. Aujourd’hui clôturée, il est temps de voir les grandes tendances qui s’en dégagent.
Principalement des taurillons, taureaux et vaches
Sur ces 114 répondants, deux tiers ont déclaré engraisser tout ou une partie de leurs bovins. Notons également que les éleveurs bio représentaient 30 % de l’échantillon. Au niveau des races dominantes, la Blanc Bleu Belge obtient la médaille d’or (62 %), la Limousine arrive en seconde position (19 %), tandis que la Blonde d’Aquitaine complète le trio de tête (8 %). 10 % des personnes interrogées ont aussi signalé qu’elles privilégient le croisement.
Toujours selon ces résultats, il en ressort que les agriculteurs engraissent principalement des taurillons, taureaux et vaches (80 %). Les génisses (27 %) et veaux (10 %) sont moins courants, sauf en bio, où 56 % des répondants engraissent des génisses.
Selon les chiffres de l’enquête, ces répondants participent à un volume d’abattage significatif : plus de 4.300 bovins finis par an, soit une moyenne de 58 à 63 bovins engraissés par exploitation. En bio, cela passe à plus de 650 bovins, avec une moyenne de 44 à 55 bovins bio engraissés par ferme.
Un véritable potentiel d’expansion…
Enfin, ce questionnaire a montré le potentiel d’expansion de cette pratique. En effet, 50 des participants, dont 19 en bio, souhaitent augmenter leur volume de bovins engraissés ou démarrer cette activité. Ensemble, cela pourrait représenter entre 1.562 et 1.782 bêtes supplémentaires par an, bref 34 à 39 animaux par ferme.
Néanmoins, si l’engraissement représente des opportunités, par exemple aller jusqu’au bout du processus de production, plusieurs difficultés subsistent. Citons le principal pour plus de 6 éleveurs sur dix : le prix élevé des aliments. « Néanmoins, sur les freins, leviers et opportunités, le plus interpellant est que le profil des éleveurs est très différent d’une ferme à l’autre. Si pour des répondants, le prix de l’alimentation est un élément bloquant, pour d’autres, ce n’est pas le cas », ajoute Quentin Legrand. « Il y a aussi le besoin de trésorerie. Par exemple, si par manque de place, un nouveau bâtiment doit être construit, celui-ci ne sera pas tout de suite rentabilisé », ajoute Delphine Dutrieux.
Sur le terrain pour analyser la rentabilité
Afin de soutenir l’engraissement, après les résultats de l’enquête, c’est à présent un travail directement sur le terrain qui attend Elevéo et le Collège des producteurs. Le premier proposera un accompagnement techno-économique aux éleveurs. « Grâce à l’enquête, nous avons remarqué que le côté technique est déjà assez maîtrisé chez la plupart des éleveurs. Ils savent comment procéder. Mais, encore faut-il voir si l’engraissement est une pratique rentable », explique le spécialiste. Dans cette optique, Elevéo va donc mettre en place un bilan de sortie dans les exploitations. « Cela permet d’offrir à l’agriculteur un indicateur économique pour savoir combien leur rapporte leur vache par jour de vie, et cela en lien avec les frais alimentaires, et les autres charges de l’exploitation », souligne Delphine Dutrieux.
À côté de cela, un volet commercial sera développé par le Collège afin de pouvoir dégager des débouchés pour ceux qui souhaitent s’ancrer dans cette pratique. Ainsi, à travers du questionnaire, plus de 6 personnes sur 10 souhaitaient être mises en relation avec des acheteurs intéressés.
« Il est important d’apporter de bonnes informations aux agriculteurs, grâce aux différents contacts pris avec les chevilleurs et les coopératives. Par exemple : savoir quels types d’animaux ils recherchent. Parfois, leurs ressentis sont différents. Par exemple, l’œil de l’éleveur et celui du chevilleur n’arrivent pas toujours aux mêmes conclusions, comme un bovin sur pied de grande qualité ne donnera pas forcément la meilleure carcasse », note Quentin Legrand.
De plus, le Collège des producteurs souhaite également mettre en place des événements afin que ces différentes parties prenantes puissent se rencontrer, et éventuellement déboucher vers de nouvelles et belles collaborations.
Si vous souhaitez obtenir plus de renseignements ou apporter plus d’informations, vous pouvez prendre contact avec Delphine Dutrieux pour l’aspect techno-économique (ddutrieux@awegroupe.be) ou Quentin Legrand pour l’aspect commercial (quentin.legrand@collegedesproducteurs.be).