Quelles semences pour mon potager?
En ce début du mois de février, nous pouvons faire le point sur les semences dont nous disposons. Et ce sont les moments préférés du jardinier : rêver du potager qui va bientôt se couvrir de légumes. Le choix des espèces, des variétés est très large. Feuilleter les catalogues des grainetiers est un véritable plaisir.

Les variétés de légumes que nous avons à notre disposition dans les graineteries sont le fruit de centaines d’années de sélections. Chaque saison, des nouveautés font leur apparition dans les catalogues. Nous pouvons y trouver des formes ou des couleurs originales, des saveurs différentes ou de meilleures résistances aux maladies ou aux ravageurs.
Quant aux anciennes sélections ou variétés, elles restent présentes et représentent des valeurs connues des jardiniers. Notons que souvent les prix de leurs semences sont moins élevés.
Et il y a, bien sûr, les semences de notre propre récolte.
Que de choix !
Les catalogues décrivent les différentes variétés disponibles. Leurs qualités sont mises en évidence. Les indications sont précieuses en informations et nous permettent de connaître la période de l’année la mieux adaptée, d’éventuelles résistances au froid, à la chaleur et aux maladies.
D’un autre côté, il n’existe pas de variété parfaite. Une faiblesse d’un caractère végétatif n’est pas nécessairement mise en évidence dans le catalogue ou sur l’emballage. Nous pouvons le comprendre.
Par ailleurs, reconnaissons la grande qualité du travail des semenciers professionnels. Sélectionner, c’est choisir les individus aux caractères intéressants pour servir de portes graines. Il s’agit d’un véritable métier. C’est aussi de grands investissements pour permettre le maintien des caractères variétaux. Il s’agit d’empêcher les fécondations des fleurs avec du pollen emmené par le vent sans contrôle. Des serres couvertes de très fins filets empêchent l’arrivée des insectes pollinisateurs venant de l’extérieur. Les pieds sélectionnés sont installés dans des parcelles très éloignées des autres. La production se réalise dans des régions permettant une bonne maturation des graines sans humidité ou pluies excessives. Ce n’est pas évident d’égaler la qualité de ce travail en tant que simple jardinier amateur. Nous connaissons tous quelques cas de belles réussites de production de semences par des amateurs. Mais la réussite finale dépend beaucoup des caractéristiques botaniques de chaque espèce.
Des cercles horticoles proposent des achats groupés de semences, économisant sur les frais de livraison. Les réunions de commande sont également l’opportunité d’échanger nos expériences entre jardiniers. Au plus grand avantage des débutants. En effet, les jardineries nous proposent de très larges choix de semences. Et il est parfois difficile de s’y retrouver. Bien que les spécialistes nous proposent leur expérience et leurs conseils, ce partage de savoirs reste primordial.
Variétés fixées ou hybrides ?
Une variété fixée est une population de plantes ayant des caractères botaniques et technologiques semblables. Les individus peuvent être un peu différents l’un de l’autre. Dans son ensemble, la population peut quand même être considérée comme homogène. Les générations suivantes sont obtenues par la récolte de semences sur plusieurs individus de cette population. Ces plants semenciers sont choisis pour leur représentativité de la variété. Il faut travailler dans des conditions d’isolement d’autres sources de pollinisation.
Une variété hybride est le fruit du croisement d’une lignée homogène parentale femelle avec une lignée parentale mâle aux caractères différents de la première. Le sélectionneur retient les hybrides qui obtiennent ainsi des qualités qui lui semblent très intéressantes. Les générations suivantes ne peuvent pas être obtenues via les hybrides eux-mêmes, mais en croisant des individus issus des populations parentales. Les lois de la génétique décrites par Mendel et d’autres savants sont d’application. Le « F1 » nous indique que nous sommes face à une variété hybride.
En pratique, les variétés fixées et les hybrides ont des avantages et des inconvénients, à nous de choisir. Si nous en avons la place, cultivons les deux types côté à côté afin d’observer leurs différences.
Les hybrides sont choisis par le sélectionneur pour leur vigueur, la productivité, la résistance et l’homogénéité. Nombreuses sont celles issues de la recherche appliquée destinée aux productions professionnelles. La production potentielle supérieure amène aussi des besoins en eau et en nutriments supérieurs.
Les semences des variétés fixées sont généralement meilleur marché, les plantes sont moins exigeantes en eau et en engrais, le jardinier peut récupérer des semences pour son propre usage et la période idéale de récolte des légumes est souvent plus étalée dans le temps. Le fait qu’un lot soit légèrement hétérogène peut être avantageux : toutes les plantes n’arrivent pas à maturité en même temps.
La qualité des semences
La réglementation wallonne adapte les décisions européennes et précise les catégories de semences suivant leur niveau de certification. Les contrôles sont stricts.
Les graines peuvent , ou non, répondre au cahier de charge de l’agriculture biologique. Si elles ont été traitées contre une maladie ou un parasite, c’est mentionné sur l’emballage.
Celles-ci peuvent être enrobées d’un matériau inerte afin de faciliter les manipulations et le semis de précision. Ces semences ne se conservent souvent pas aussi longtemps que les graines nues quand l’emballage a été ouvert.
Le grand avantage des achats auprès de fournisseurs locaux est le conseil qui les accompagne. Le choix variétal proposé est établi pour notre région et son climat. Ce dernier correspond bien aux habitudes culinaires et de présentation.
De bonnes conditions de conservation
Une fois le sachet ouvert, les semences se conservent dans un endroit frais. Une date de référence est inscrite sur les emballages. Le sélectionneur conseille de bien la respecter.
En outre, il faut des conditions très sèches puisqu’elles absorbent l’humidité du milieu, et pourraient perdre rapidement leur pouvoir germinatif.
Il faut également qu’elles soient à l’abri de la lumière, et à température basse, si possible inférieure à 15°C ou même à moins de 6°C. Et surtout, il ne faut pas de variations de température, ce serait une source d’apport d’humidité par condensation.
Pour les semences autoproduites, il ne faut pas oublier d’étiqueter les lots : espèce, variété, année de production ou date limite de semis conseillée.
Enfin, ces graines doivent être protégées des rongeurs et des insectes dans des armoires ou des boîtes adaptées.
Tester le pouvoir germinatif
C’est le moment de mettre de l’ordre dans ses sachets de semences : par date d’emploi ou par ordre alphabétique de l’espèce. Pour pouvoir garder les informations utiles durant les plusieurs années d’emploi d’un sachet, il faut l’ouvrir avec logique. Par exemple, nous pouvons faire une coupe bien nette à l’ouverture du paquet et le refermer avec un bout de papier collant après l’usage. Cela permet de conserver les renseignements et d’éviter des pertes de graines lors des manipulations.
Quand la date ultime d’emploi approche ou lorsque les quantités restantes sont trop réduites pour une année, c’est l’occasion de prévoir un nouvel achat. Et pourquoi pas d’une autre variété, source d’autres découvertes ?
De plus, pour savoir si le pouvoir germinatif d’un lot est encore suffisant, nous pouvons le tester. Idéalement, il faudrait essayer avec au moins 100 graines. Mais les quantités disponibles ne le permettent pas nécessairement. Une indication grossière sera alors recherchée en testant seulement 20, voire 10 graines. C’est insuffisant pour comparer deux lots. Néanmoins si l’un d’eux ne germe plus du tout lors de cette phase test, il ne vaut mieux ne pas baser toute la production annuelle sur celui-ci.
Pour bien réaliser cet essai, sur une feuille de papier essuie-tout, nous plaçons un nombre bien connu de graines à distance les unes des autres. Nous humidifions légèrement la feuille, la plions pour qu’elle entre dans un bocal ou un sac plastique de congélation fermé. Nous plaçons le tout à une température constante d’une vingtaine de degrés. Nous comptons les semences germées après quelques jours. Si moins de la moitié germe, le lot a un pouvoir germinatif médiocre. À plus des ¾, ce pouvoir est bon pour un jardinier. Notons que les professionnels sèment les graines en place, avec des semoirs de précision, dans ce cas, le résultat doit approcher les 100 %.