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Une bouffée d’air bavarois pour l’élevage

À l’heure où les ruminants et leurs éleveurs sont devenus les symboles d’un mode de vie à bannir, régulièrement fustigés dans les sphères politiques et médiatiques en Wallonie, et plus largement en Europe, une nouvelle venue d’Allemagne redonne espoir aux défenseurs de l’élevage traditionnel.

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Le 28 avril dernier, Friedrich Merz, futur chancelier allemand et figure de proue de la CDU (union démocrate-chrétienne), a levé le voile sur la composition de son gouvernement. À la surprise générale, le portefeuille de l’Agriculture a été confié à Alois Rainer, député bavarois et… boucher de formation.

Ce choix marque une rupture nette avec la ligne défendue depuis 2021 par son prédécesseur écologiste et végétarien, Cem Özdemir. Alois Rainer, président de la commission des Finances du Bundestag depuis plus d’une décennie, entend incarner une vision pragmatique et décomplexée de l’agriculture. Il rejette d’emblée l’idée d’une fiscalité punitive sur la viande, comme la taxe de 0,10 €/kg soutenue par Cem Özdemir, et s’oppose aux initiatives municipales imposant des menus exclusivement végétariens. Sa philosophie est limpide : accorder la confiance aux agriculteurs plutôt que les infantiliser. À ses yeux, ces derniers ne sont pas des enfants à placer sous tutelle, mais des professionnels à accompagner. Il privilégie une politique fondée sur l’incitation plutôt que sur la contrainte. Ce ton franc et ce positionnement pro-rural séduisent une partie du monde agricole, lassée d’un discours souvent culpabilisant et perçu comme punitif. Mais ils inquiètent aussi les défenseurs de normes environnementales et sociales exigeantes, qui redoutent un recul des avancées en matière de bien-être animal et de durabilité.

Face à ces tensions, le nouveau titulaire du maroquin de l’Agriculture pourra compter sur le soutien des syndicats agricoles qui voient en lui un homme de compétence et d’expérience pour harmoniser écologie et économie, et reconnaître le rôle clef du monde rural dans la chaîne de valeur agroalimentaire. Entre ouverture économique, attachement aux terroirs et volonté de desserrer l’étau réglementaire, la nomination d’Alois Rainer augure d’un virage assumé. Pour les agriculteurs allemands, mais aussi pour bon nombre de représentants politiques européens que M. Rainer côtoiera bientôt au sein des réunions du conseil des ministres de l’Agriculture, cette nomination sonne incontestablement comme une véritable bouffée d’oxygène pour le secteur de l’élevage.

Marie-France Vienne

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