Communiquer demeure la clé!

La semaine précédant la fête des mères, une association de défense des animaux bien connue s’est offert une campagne de communication d’envergure (affichage urbain, réseaux sociaux, fresques murales, messages radio…) destinée, selon ladite association, à dénoncer la séparation des veaux et de leur mère dans le seul but « de réserver un maximum de lait à la consommation humaine ». Et de suggérer, sur son site internet, de se tourner vers les alternatives végétales, qu’il s’agisse de boissons, yaourts ou encore fromages.
En parallèle, Le Sillon Belge publiait sur ses réseaux sociaux une vidéo d’éclosion de poussins au cœur même du poulailler où ils passeront leur vie (pratique du « NestBorn », lire notre édition du 8 mai). Celle-ci suscita, bien entendu, quelques réactions…
Quel est le lien entre ces deux situations ? Une image tronquée, parfois caricaturale, du monde de l’élevage. Mais aussi le constat évident que les agriculteurs doivent reprendre la main sur les communications relatives à leur métier afin, d’une part, d’éclairer le grand public sur les réalités qui sont les leurs et, d’autre part, d’éviter que d’autres occupent l’espace médiatique avec des campagnes telles que celle évoquée ci-avant.
Cette nécessité n’est pas propre aux éleveurs, qui souffrent trop souvent d’une image peu flatteuse auprès d’une certaine tranche de la population. En effet, communiquer demeure la clé, qu’importe la filière. Ainsi, et ce ne sont que des exemples, les agriculteurs bio doivent davantage communiquer auprès des consommateurs sur les spécificités de leur mode de production, les fraisiéristes wallons doivent expliquer en quoi leur produit est différent des fruits produits sous serres chauffées, les maraîchers doivent rappeler à leur client l’importance de la saisonnalité…
Mais comment ajouter cette clé à un trousseau déjà bien rempli ? Traite, soin aux animaux, semis, récoltes, fauche, tâches administratives, vente à la ferme, comptabilité… Ajouter une clé au trousseau risquerait de le rompre. Et pourtant, il faudra bien se saisir de ladite clé, et la glisser dans la bonne serrure. Car communiquer, ce n’est pas se défendre, c’est exister, transmettre et se faire comprendre. Qui d’autre que les agriculteurs peuvent replacer le travail de la terre ou le soin aux animaux dans leur contexte ? Qui d’autre peut partager ce savoir-faire ? Qui d’autre peut exposer les valeurs qui sont celles du monde agricole ?
Il ne s’agit pas de rivaliser avec des campagnes chocs ou avec des commentaires publiés sur les réseaux sociaux, mais de témoigner d’une réalité, d’une passion et de choix de vie, parfois difficiles, qui permettent aux consommateurs de remplir leurs assiettes de produits de qualité. Communiquer, c’est aussi honorer la profession. Car si chaque histoire est unique, c’est leur combinaison qui reflète une image juste et réelle de l’agriculture wallonne que tout agriculteur se doit de partager.