Un documentaire sur la question existentielle de l’élevage
Une vache peut-elle être une alliée du climat ? C’est la question qui a été posée lors de la projection du documentaire américain « Un monde sans vaches » le 21 mai dernier au parlement européen. Organisé par le groupe centriste Renew Europe et l’eurodéputé Benoît Cassart, l’événement a réuni un public nombreux, preuve de l’intérêt croissant pour les enjeux liés à l’élevage et à son avenir.

Réalisé par les journalistes Michelle Michael et Brandon Whitworth, le film s’attaque à une idée apparemment simple, « Et si les vaches disparaissaient ? », pour en révéler toute la complexité. Derrière la figure du bovin se cache en réalité un enchevêtrement d’enjeux économiques, culturels, alimentaires et climatiques, trop souvent simplifiés ou déformés par les idéologies.
Des animaux transformateurs de ressources et de débats
Loin des discours à charge, le documentaire s’appuie sur des données scientifiques pour repositionner les bovins dans la chaîne alimentaire mondiale. Il met notamment en lumière le phénomène d’« upcycling », à travers les travaux de Tryon Wickersham, professeur à l’université Texas A&M.
Ce dernier démontre qu’une vache nourrie avec 700 livres de maïs peut produire assez de protéines pour alimenter 17 enfants pendant un an, contre seulement 3 si le maïs est directement consommé par des humains. Un exemple parmi d’autres qui illustre la capacité des ruminants à transformer des ressources que l’homme ne peut digérer, comme l’herbe, en protéines de haute qualité.
Tara McCarthy, vice-présidente d’Alltech, l’entreprise à l’origine du projet, souligne la volonté d’ouvrir un dialogue. Pour elle, « ce documentaire n’ignore pas les externalités négatives de l’élevage, mais il montre aussi tout ce qu’on perdrait à le supprimer. »
Des prairies comme puits de carbone
L’empreinte climatique des bovins est, elle aussi, réévaluée. Certes, selon le Giec, les vaches représentent 5 à 7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais les réalisateurs donnent aussi la parole à des chercheurs et agriculteurs qui montrent comment les pâturages peuvent compenser, voire excéder, ces émissions par leur capacité à stocker du carbone.
C’est le cas du ranch de Buck Island en Floride, ou encore de l’élevage de la Praule, en Wallonie, dont le propriétaire, Adrien Paquet, affirme avoir obtenu des résultats similaires grâce à des outils de mesure installés sur ses terres : « La capacité de nos sols à capter le carbone est essentielle, et encore trop peu prise en compte dans les bilans carbone globaux. »
« Remettre les pendules à l’heure »
Pour M. Cassart, co-président de l’intergroupe sur l’élevage durable, il est temps de sortir des approches idéologiques. « On parle souvent des vaches de manière émotionnelle, déconnectée des réalités du terrain. Ce film rappelle que l’élevage est aussi un levier pour la transition écologique et la sécurité alimentaire ».