Accueil Voix de la terre

Le Corbeau… et le maïs

Face aux dégats de corvidés, que dirait Jean de La Fontaine ?

Temps de lecture : 2 min

Maître Corbeau, dans une parcelle récemment semée,

Tenait en son bec un maïs à l’état de jeune plant.

L’agriculteur, par les potentiels dégâts inquiété,

Dû, à peu de chose près, « tirer son plan » :

« Hé ! Bonjour Monsieur du Corbeau.

Que vous êtes gourmand ! Que vous détruisez mes travaux !

Sans mentir, si votre gourmandise

Se rapporte à nos lourdeurs administratives,

Vous êtes le phénix des hôtes de nos campagnes. »

À ces mots, le corbeau appelle sa compagne ;

Et pour prouver leur voracité,

Ils ouvrent un large bec, dévorent les plants d’à côté.

L’agriculteur s’en trouva démuni, et dit : « Ma bonne administration,

Difficiles sont les jours qui suivent la plantation

Voilà pourquoi nous demandons un peu d’écoute

Ces dégâts valent bien des solutions sans doute. »

La ministre, préoccupée par la problématique

Suggère une nouvelle piste, qui ne doit pas être anecdotique.

(D’après Le Corbeau et le Renard, Jean de La Fontaine)

Ce n’est pas neuf : les corbeaux, choucas et corneilles font chaque année des dégâts dans nos cultures. Ce printemps encore, les parcelles de maïs ont été touchées sans qu’aucune solution ne puisse réellement enrayer la situation… Face à des oiseaux débarquant par dizaines, nous sommes démunis. Que faire ?

Les canons d’effarouchement ne semblent pas suffisants. Ils dérangent, ce que l’on peut comprendre, les riverains mais aussi bien d’autres oiseaux et nos troupeaux. Des dérogations permettant l’abattage de ces nuisibles peuvent être obtenues. Mais avec un délai beaucoup trop long : nous devons intervenir dès que les dégâts sont constatés !

Voici peu, le journal télévisé d’une chaîne privée annonçait que la Région wallonne souhaite réduire le délai d’intervention à quelques jours, plutôt que quelques semaines. Le but : protéger nos cultures ainsi que la biodiversité.

Serions-nous enfin écoutés ? Pourrons-nous enfin cultiver le maïs avec plus de sérénité ? L’avenir nous le dira, mais comme tant d’autres agriculteurs, je croise les doigts.

J. de R.

A lire aussi en Voix de la terre

Jeux de mots, jeux de maux…

Voix de la terre Comment peut-on être à la fois fermé et ouvert ? Quand je lis par exemple « fermes ouvertes », je me dis que l’expression présente quelque allure d’oxymore, composé de deux termes contradictoires, sauf que « fermes » désignent ici des exploitations agricoles. Le langage courant emploie des noms usuels auxquels on ne réfléchit pas trop. Ils nous viennent en tête parce qu’ils ont toujours existé, nous semble-t-il, et l’on ne distingue guère les multiples facettes qu’ils suggèrent. Le jargon agricole est truffé de jeux de mots : amusons-nous !
Voir plus d'articles