Nécroses et brûlures: comment protéger ses tomates?
Lors des dernières semaines, les jardiniers ont pu constater des taches de nécroses sur les tomates ou les poivrons. Elles peuvent notamment être dues à la météo des derniers jours de mai, de juin et des premiers jours de juillet. Néanmoins, d’autres éléments peuvent causer ces lésions parfois inquiétantes.

D’abord, il faut distinguer les nécroses se trouvant à l’apex des fruits, soit la zone de croissance marquée par l’ombilic de la fleur. Cet endroit est situé à l’opposé du pédoncule. Ensuite, il y a les nécroses sur le flanc des fruits orientés au sud.
Ces deux types de nécroses ne présentent pas la même image. De plus, leur positionnement permet de déduire quelles en sont les causes les plus probables.
Attention au manque de calcium
Sur les tomates, les piments, les poivrons ou plus rarement sur les aubergines, nous constatons parfois une nécrose de la partie du fruit proche de l’emplacement de la fleur. Il est possible d’observer des signes semblables sur les courgettes ou les concombres.
L’ampleur de la lésion dépend de la gravité des facteurs en cause. Les cas les moins graves sont visibles par l’apparition d’une petite zone liégeuse à l’intérieur du fruit, près de l’endroit où était attachée la fleur. Les cas graves sont, quant à eux, visibles à l’extérieur du fruit et se limitent à une petite zone nécrosée, brunâtre ou noirâtre. Les atteintes les plus sévères amènent une forte altération de plus de la moitié du volume du fruit.
La nécrose apicale proprement dite est physiologique. La partie nécrosée et les zones proches sont sensibles au développement de champignons ou de bactéries.
La cause de celle-ci est un manque important de calcium au niveau de la partie du fruit la plus proche de la fleur. Cela concerne la partie apicale (proche de l’apex) du fruit. Le calcium est un élément minéral peu mobile dans la plante.
Plusieurs situations amènent une faible teneur de cet élément à ce niveau. Par exemple, le calcium est trop peu disponible dans le sol. Ce n’est pas le phénomène le plus fréquent mais si c’est le cas, une analyse de sol détermine l’ampleur de la carence.
Il peut aussi s’agir d’un sol, avec du calcium, mais compacté dans lequel les racines des plantes s’y étendent très peu. Il est donc mal exploré par les radicelles qui ne peuvent pas en absorber suffisamment.
Bien équilibrer les arrosages
Une autre cause peut être un arrosage insuffisant. L’élément est présent dans le sol, les radicelles sont étendues toutefois le manque d’eau ne permet pas une absorption suffisante d’éléments nutritifs par la plante. Cette année, il faisait relativement frais en avril. Les plantes installées à cette époque sous serre ont connu ces températures, et les premiers fruits ont démarré sous ces conditions. Par la suite, la météo était plus chaude et les risques de nécrose apicale ont diminué.
Il se peut également que l’arrosage fût insuffisant lors des mois précédents. Quand l’évaporation et l’absorption d’eau par les cultures sont significativement plus importantes que les apports, nous constatons une remontée capillaire d’eau qui amène des sels dissous et une accumulation des sels dans la partie supérieure du sol. Lorsque le bilan reste déficitaire sur une longue période, la teneur en sels solubles dans l’eau peut devenir très élevée. Nous constatons alors deux conséquences, une toxicité par excès de sels et un déséquilibre entre les éléments nutritifs. Le calcium est présent, néanmoins les racines ne parviennent pas à fonctionner normalement à cause de teneurs trop élevées en sels minéraux. Les risques de salinités sont bien plus importants sous serres qu’en plein air.
Une autre cause peut être que les racines sont affaiblies par des animaux (campagnols par exemple), des champignons pathogènes ou encore une autre raison.
Enfin, les premiers fruits sont les plus souvent atteints. C’est surtout vrai lorsque les arrosages sont réalisés avec de l’eau froide. Au début de saison, par exemple à la mi-avril, la température du sol est basse. Au même moment, la température de l’air diminue la nuit et augmente en serre durant la journée. Il s’ensuit une activité insuffisante des racines tandis que la partie aérienne des plantes est déjà bien en croissance. En arrosant avec de l’eau tempérée, il est possible de limiter un peu le problème.
Diminuer les risques…
En assurant une hygrométrie optimale aux plantes (60 à 80 %), nous limitons les risques de nécrose apicale de manière préventive. L’ombrage ou le blanchiment du toit et de parois des serres exposées au soleil permet de réduire la durée des périodes chaudes et sèches dans la serre.
Les protections contre les vents chauds et secs vont dans le même sens.
Par ailleurs, la fertilisation équilibrée permet d’apporter suffisamment de calcium et d‘éviter les excès en azote.
Les pH du sol entre 6,5 et 6,8 conviennent bien.
Dans les serres et sous abri, l’apport global en eau doit être suffisant pour éviter la salinité excessive.
En outre, le paillage du sol est positif, il permet une meilleure stabilité de l’humidité du sol.
Un bon développement des racines est la base d’une bonne exploration du sol et dès lors d’une large utilisation des réserves en calcium disponible. Cela signifie qu’il faut une bonne structure, un sol aéré et décompacté.
Des feuilles pour éviter aux fruits de subir l’ensoleillement direct
Les fruits des tomates en plein air ou sous serre sont en grossissement. Lors des dernières semaines, le temps ensoleillé a amené une forte luminosité. En parallèle, le vent était faible ou modéré.
Ce sont de bonnes conditions pour qu’elles produisent des fruits de grande qualité en plein air comme sous serre.
Pourtant, nous avons parfois déploré des brûlures sur les fruits et parfois aussi sur les feuilles.
Sur la face du fruit exposée au sud, partie la plus exposée au soleil, la peau se fripe et pâlit, le fruit tend à se déshydrater.
Par la suite, des champignons peuvent s’installer sur la partie endommagée.
Ces brûlures se constatent tant sous abri et qu’en plein air.
Les fruits entourés de feuilles sont protégés des brûlures. Ceux qui en possèdent moins sont donc plus sensibles. Un effeuillage excessif ou une chute des feuilles suite à une maladie comme le mildiou favorise cet accident. Le blanchiment des parois des serres le réduit.
En outre, les risques de brûlures sur fruits sont élevés dans les potagers situés dans des endroits très peu ventilés. Les jardins entourés de murs ou de haies hautes et denses sont aussi moins aérés.
La prévention consiste à ne pas effeuiller ou d’effeuiller peu les tomates, blanchir ou ombrer les serres et protéger contre les maladies du feuillage comme le mildiou lors des années propices à cette maladie, ce qui heureusement n’est pas le cas cette saison jusqu’à présent