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La présidence danoise entre simplification, innovation et transition verte

Le Danemark a pris le relais, le 1er juillet dernier, de la Pologne à la présidence tournante du conseil de l’UE. Dans un contexte de fortes attentes du monde agricole, d’inquiétudes liées au changement climatique et de débats croissants sur la souveraineté alimentaire, le pays nordique entend impulser une dynamique nouvelle. Son programme, que nous avons parcouru, trace les contours d’une politique agricole à la fois simplifiée, verte, compétitive et innovante.

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La priorité absolue du Danemark consistera à simplifier en profondeur le cadre réglementaire européen.

La présidence s’efforcera de finaliser les négociations en cours sur un premier « paquet de simplification » et d’ouvrir, au sein du conseil, une discussion stratégique sur la nécessité d’un allègement structurel de la régulation. La commission prépare d’ailleurs, pour la fin de l’année, un nouveau paquet qui dépassera le strict périmètre de la Pac. Anticipant ce tournant, le Danemark souhaite poser les bases d’un changement de culture administrative, adapté aux réalités du terrain agricole.

Parallèlement, la présidence lancera les travaux préparatoires à la refonte de la Pac post-2027. Le débat portera sur la capacité de cette politique à rester pérenne, cohérente et efficace dans un monde agricole en mutation. C’est dans ce cadre que s’inscrira la réunion informelle des ministres de l’Agriculture prévue du 7 au 9 septembre à Copenhague, quelques semaines après le premier conseil des ministres de l’Agriculture, fixé au 14 juillet. Le thème central de cette rencontre sera la durabilité de la Pac, à travers le prisme de la simplification et des nouvelles technologies.

Une Pac modernisée, verte et cohérente

Le Danemark souhaite impulser une réforme en profondeur de la Pac, en la rendant plus écologique, plus cohérente et plus intégrée aux autres politiques européennes. Il s’agira de garantir que la Pac continue de soutenir le développement rural, la production biologique, le renouvellement générationnel dans les filières agricoles, tout en contribuant à la préservation du climat, de l’environnement et du bien-être animal.

La cohérence législative entre les différents textes environnementaux et agricoles sera renforcée, afin d’assurer une approche plus systémique des enjeux contemporains. L’objectif est de réconcilier performance économique et respect des limites écologiques, dans un cadre réglementaire compréhensible et applicable pour les agriculteurs.

L’innovation comme levier de souveraineté et de résilience La présidence danoise accordera une place centrale à l’innovation technologique. Le développement de nouvelles techniques génomiques, en particulier, est vu comme un levier fondamental pour renforcer la résilience des cultures face aux aléas climatiques, réduire l’usage des intrants chimiques et accélérer la transition vers une agriculture plus durable. Le Danemark cherchera à conclure les négociations relatives à ces technologies, ainsi qu’aux matériels forestiers de reproduction et au matériel végétal.

Vers une souveraineté alimentaire plus durable

La bioéconomie, quant à elle, sera placée au cœur de l’agenda agricole. Le Danemark entend promouvoir l’émergence de solutions biosourcées et de pratiques innovantes, fondées sur la science, capables de créer de la valeur économique tout en réduisant l’empreinte environnementale de l’agriculture. Un nouvel acte législatif européen sur les biotechnologies est attendu dans ce cadre. La présidence veillera à ce que ce cadre soit à la fois souple, simplifié et porteur d’opportunités pour les exploitants.

Par ailleurs, les discussions politiques autour de la future stratégie européenne pour la bioéconomie figureront parmi les priorités de la présidence, en lien étroit avec le Conseil Environnement. La question de la compétitivité dans l’utilisation des ressources naturelles y sera centrale.

Autre pilier du programme danois : la consolidation de la souveraineté alimentaire européenne, notamment par une meilleure autonomie en protéines et une transition vers des régimes alimentaires plus durables. La présidence entend promouvoir un plan d’action commun sur les aliments d’origine végétale, ainsi qu’une stratégie européenne sur les protéines, afin de soutenir les productions locales, diversifier les sources d’approvisionnement et renforcer la sécurité alimentaire du continent.

Dans le même esprit, le Danemark s’engage à améliorer le fonctionnement de la chaîne alimentaire, en concluant les négociations sur le règlement relatif aux pratiques commerciales déloyales transfrontalières, et en révisant l’organisation commune des marchés agricoles. Il s’agit d’assurer une répartition plus équitable de la valeur dans les filières, en revalorisant la position des agriculteurs face aux intermédiaires et aux grands groupes de distribution.

Bien-être animal et santé : une approche intégrée

Le bien-être animal sera l’une des priorités affichées de la présidence. Le Danemark entend faire progresser les négociations sur les conditions de transport des animaux et ouvrir les discussions sur le bien-être des chiens et des chats, en étroite concertation avec le Parlement européen. Plus largement, la présidence plaidera pour une modernisation des textes européens en la matière, afin de les aligner sur les connaissances scientifiques actuelles et les attentes sociétales.

Cette approche s’inscrit dans une vision transversale de la santé, articulée autour du concept « One Health » : une seule santé pour l’animal, l’humain et l’environnement. La résistance croissante aux antimicrobiens, qui constitue une menace majeure pour les systèmes de soins et pour la santé publique, sera au cœur des discussions, tout comme les stratégies de prévention contre les épidémies animales et les menaces phytosanitaires émergentes.

Une politique commerciale offensive

Dans un contexte géopolitique instable et marqué par des débats sur la souveraineté économique, la présidence danoise défendra une politique commerciale ambitieuse, offensive mais encadrée par des règles. Elle s’efforcera d’accélérer l’entrée en vigueur des accords de libre-échange déjà négociés, parmi lesquels figure, sans être explicitement nommé, l’accord controversé avec le Mercosur.

Parallèlement, les relations commerciales avec les États-Unis feront l’objet d’une attention particulière. Le Danemark souhaite favoriser une coopération transatlantique constructive, reposant sur un socle commun de normes et de valeurs. L’intégration des produits agricoles européens

dans les chaînes de valeur mondiales sera ainsi repensée à l’aune des exigences environnementales et sociales.

Marie-France Vienne

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