La Petite Foire paysanne, à Roiveau, les 26 et 27 juillet

À quelques kilomètres de Libramont, La Petite Foire paysanne s’installe volontairement à contre-courant. Elle se déroule aux mêmes dates que la grande foire agricole wallonne, mais dans une philosophie radicalement différente. « Là où l’on célèbre l’agriculture comme un secteur industriel et productiviste, ici on défend une agriculture paysanne, à taille humaine, ancrée dans les territoires, soucieuse de la qualité plutôt que du volume », détaillent les organisateurs.

Cet événement rassemble des producteurs, des artisans, des citoyens, des syndicats, des associations et des acteurs engagés dans la défense d’un modèle agricole durable. Tous partagent un même constat : face aux défis environnementaux, sociaux et économiques, il devient urgent de repenser notre manière de produire et de consommer.

« Alliances & Résiliences »

Pour cette 12e édition, le thème retenu est « Alliances & Résiliences ». Il s’agit d’un appel à construire des ponts entre les différentes composantes du monde agricole, mais aussi avec la société civile. L’objectif est clair : renforcer les liens entre agriculteurs, artisans, mouvements sociaux, chercheurs, ONG, consommateurs et élus afin de bâtir des réponses collectives aux crises que traverse le secteur.

« Dans une période marquée par la disparition inquiétante des fermes familiales, l’endettement croissant, la pression foncière et les revenus agricoles insuffisants, le besoin d’unir les forces est plus que jamais d’actualité. Isolées, les alternatives peinent à se faire entendre. Ensemble, elles peuvent porter un projet agricole cohérent, crédible et porteur d’avenir », poursuivent-ils.

Une agriculture en quête de reconnaissance

Derrière les stands et les animations, La Petite Foire met aussi en lumière la réalité, trop souvent ignorée, d’un monde agricole fragilisé. Aujourd’hui, en Belgique comme ailleurs en Europe, de nombreux agriculteurs vivent avec des revenus en dessous du seuil de pauvreté. Leurs produits sont achetés à des prix qui ne couvrent pas les coûts de production, tandis que la grande distribution concentre toujours plus de pouvoir sur les filières.

À cela s’ajoute un renouvellement des générations en péril. Près de 70 % des agriculteurs ont plus de 55 ans, et dans plus de 80 % des cas, aucun repreneur n’est identifié. Entre 2008 et 2018, plus de quatre millions d’exploitations agricoles ont disparu en Europe. La Petite Foire veut alerter sur cette disparition silencieuse, et proposer des voies alternatives pour sauvegarder une agriculture de proximité, autonome et viable.

Un programme dense et ancré dans le réel

La richesse de La Petite Foire repose aussi sur la diversité de ses espaces et de son programme. Durant tout le week-end, les visiteurs pourront parcourir un grand marché de producteurs et d’artisans, découvrir les démonstrations de traction animale, échanger autour des métiers du pain, s’initier à la vannerie ou à la filière laine, ou encore participer à des ateliers pratiques.

Des conférences et tables rondes viendront ponctuer l’événement avec des thématiques très concrètes : le statut paysan, la relocalisation alimentaire, l’accès à la terre, les semences, l’agriculture sociale, la désobéissance civile, ou encore les alliances entre luttes paysannes et mouvements ouvriers. Le tout dans une ambiance conviviale, avec concerts, spectacles et animations pour tous les âges.

La participation à La Petite Foire ne repose pas sur un simple droit d’entrée. Chaque exposant est sélectionné selon un Système participatif de garantie (SPG) propre à l’événement. Ce dispositif repose sur des critères partagés entre producteurs, organisateurs et consommateurs, avec une attention particulière portée à la cohérence éthique, sociale et environnementale des pratiques.

« Le but n’est pas de juger, mais d’accompagner. La transparence, la discussion et la volonté d’amélioration sont au cœur du processus. Chaque exposant affichera ainsi la « Marguerite SPG », signe distinctif de cet engagement commun. Ce système permet de construire un climat de confiance et de rendre visible l’engagement des participants au service d’une agriculture plus juste », soulignent encore les organisateurs.

Une foire au service du territoire

La Petite Foire paysanne s’affirme comme un outil de mobilisation. Elle veut donner une voix à celles et ceux qui croient en une agriculture locale, durable, accessible à tous, et respectueuse des agriculteurs. Elle souhaite mettre en réseau les initiatives, suscite des coopérations nouvelles et interpelle les pouvoirs publics sur les enjeux cruciaux du monde rural.

Alors que l’agriculture belge traverse une période de mutation profonde, La Petite Foire propose de replacer l’agriculteur au centre des décisions. Revaloriser les métiers de la terre, garantir des conditions de travail dignes, stabiliser les marchés, relocaliser les filières et assurer un accès équitable à la terre : autant d’axes défendus par les acteurs réunis à Roiveau.

En pratique

Le site ouvre ses portes à partir de 10h. L’entrée s’effectue via la Route de la Croix Baptiste, la sortie via la Chaussée de Bertrix. Un parking gratuit est disponible sur une des prairies de la ferme. Une zone de camping, elle aussi gratuite, est prévue sur le site pour les festivaliers.

Contact : LPF@LeMap.be ou via Catherine Tellier au 0470/31.62.76.