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«La transition écologique a besoin d’un nouveau récit»

Lors de la séance inaugurale de la Foire de Libramont, le stratège en communication Wim Vermeulen a livré une intervention centrée sur la mobilisation des entreprises et des citoyens dans la transition écologique. Il a appelé à dépasser la perception d’inaction généralisée pour s’appuyer sur les signaux tangibles de changement, trop souvent masqués par un bruit ambiant médiatique et social.

Temps de lecture : 4 min

« Cross the signal, not the noise » (« captez l’essentiel, laissez de côté le superflu »), a-t-il répété en ouverture. Pour lui, il ne s’agit plus de convaincre de la réalité de la crise, mais de surmonter les mécanismes psychologiques et sociaux qui freinent l’action. « Les signaux sont clairs, mais nous nous laissons distraire par le bruit », affirme-t-il.

Une majorité silencieuse, mais bien présente

À rebours d’une certaine fatalité ambiante, Wim Vermeulen rappelle que l’élan citoyen pour la transition reste bien réel. Selon des données qu’il cite, près de 70 % des individus dans le monde affirment agir davantage pour le climat. Pourtant, ils se perçoivent à tort comme minoritaires – une distorsion qui favorise le repli sur soi et l’inaction visible.

Ce phénomène, que le communicant qualifie de « majorité silencieuse sélective », tient à un mécanisme social bien connu : chacun tend à ajuster ses comportements à ce qu’il pense être la norme, même lorsqu’il se trompe. « Pensant être seuls à vouloir changer, beaucoup renoncent à s’exprimer. Ce silence, paradoxalement, entretient l’immobilisme ».

La situation est similaire en Belgique : une nette majorité souhaite des politiques climatiques plus ambitieuses, tout en croyant représenter une minorité. Résultat : cette majorité reste discrète, peu visible dans le débat public.

Les entreprises en première ligne, mais prudentes

Côté entreprises, la dynamique est moins morose qu’il n’y paraît. Si 16 % d’entre elles ont réduit leurs efforts en matière climatique, 84 % poursuivent leurs engagements. Ce qui a changé, note M. Vermeulen, c’est la visibilité : « Beaucoup d’acteurs n’osent plus communiquer sur leurs objectifs, de peur d’être critiqués. Le travail se poursuit, mais dans l’ombre ».

Ce repli s’explique aussi par la défiance grandissante à l’égard du politique. En Belgique, seuls 2 % des citoyens considèrent les responsables publics comme les mieux placés pour mener la transition. À l’inverse, 83 % désignent les entreprises comme les acteurs les plus crédibles. Un renversement qui place le monde économique face à ses responsabilités, mais aussi face à ses blocages.

Traduire la science en récits partagés

C’est dans ce contexte que Wim Vermeulen a cofondé « WeTheHopeful », un collectif citoyen né en marge de son activité professionnelle. Composé d’une vingtaine d’experts en communication, ce groupe entend rendre les connaissances scientifiques sur le climat plus accessibles, plus compréhensibles, sans pour autant verser dans le militantisme. « Notre rôle n’est pas d’alerter, mais de traduire ».

Leur première initiative : deux vidéos conçues à partir de données scientifiques, imaginant la vie d’une même famille en 2050 selon deux trajectoires opposées. Dans le scénario positif, Paris est plus vert, l’air y est sain, les catastrophes naturelles mieux anticipées. Dans le scénario négatif, la ville suffoque, l’eau manque, la Seine déborde. Les conséquences d’un échec à agir sont présentées sans effet de manche, mais avec rigueur.

« Ce ne sont pas des fictions. Ce sont des projections fondées sur des données solides, que nous avons simplement mises en récit ».

Du catastrophisme à l’espoir lucide

Pour M. Vermeulen, il est urgent de renouveler le narratif dominant autour de la transition écologique. « Le message actuel, c’est trop souvent : « Rien ne va plus, et j’ai les chiffres pour le prouver. » Ce n’est pas mobilisateur. Il plaide pour un discours plus constructif, plus porteur, qui montre que d’autres futurs sont possibles.

« L’espoir inspire l’action, et l’action inspire l’espoir », résume-t-il. Pour illustrer son propos, il cite la campagne menée il y a vingt ans par la marque Dove, qui avait contribué à redéfinir les standards de beauté féminine dans le monde entier. « À travers un récit simple et puissant, une norme sociale a changé. Ce type de transformation est possible aussi pour la transition écologique, si l’on ose raconter les choses autrement ».

Marie-France Vienne

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