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Myrle Claessens : «Je facilite, j’oriente, je conseille»

Désignée en juillet, Myrle Claessens devient la première référente pour la chaîne agroalimentaire en Belgique. Placée sous l’égide du SPF Économie, sa mission consiste à accompagner les agriculteurs et les autres acteurs du secteur dans leurs relations commerciales, prévenir les tensions et favoriser un dialogue plus équilibré. Une fonction inédite, née des revendications portées lors des mobilisations agricoles du début de l’année 2024.

Temps de lecture : 5 min

Rencontrée lors de la Foire de Libramont, la nouvelle référente nous a présenté les enjeux et les limites de son rôle, pensé comme un levier discret de rééquilibrage au sein d’une chaîne agroalimentaire marquée par de fortes disparités.

Dans quel contexte s’inscrit la création de cette fonction de référente neutre pour la chaîne agroalimentaire ?

La fonction est née dans le sillage des mobilisations agricoles de février 2024. Celles-ci ont exprimé un mal-être profond, nourri par la complexité des règles, la pression sur les prix et un sentiment de déséquilibre croissant dans les relations commerciales. Dans le cadre de la task force agroalimentaire relancée par le ministre David Clarinval, il a été décidé de créer une fonction de référent, accessible à tous les maillons de la chaîne. C’est une première en Belgique.

Vous venez d’être nommée en juillet. Que recouvre précisément votre mission ?

Je suis un point de contact indépendant, confidentiel et, si nécessaire, anonyme. Je peux être sollicitée pour toute question relative aux relations commerciales dans la chaîne agroalimentaire : réglementation, pratiques contractuelles, tensions naissantes. Mon rôle est d’apporter de l’information, de soutenir le dialogue et d’éviter que des conflits n’évoluent en litiges formels. C’est un rôle préventif, précontentieux.

Vous n’intervenez donc pas en tant que médiatrice ?

Non. Contrairement à des modèles comme celui du Royaume-Uni, de l’Irlande ou de la France, où le référent peut intervenir directement dans un litige et jouer un rôle actif de médiation, voire de régulation, nous avons choisi, en Belgique, une approche plus souple. Je n’ai pas de pouvoir contraignant, je n’impose rien. Je facilite, j’oriente, je conseille. Cette posture de neutralité est essentielle. Je dois être perçue comme une interlocutrice légitime par toutes les parties, du producteur au distributeur.

Comment réagissez-vous si un agriculteur vous contacte pour dénoncer une pratique déloyale ?

Je l’écoute, je lui fournis une information objective sur ses droits, notamment dans le cadre de la loi UTP (Unfair Trading Practices), qui interdit certaines clauses abusives. Si la situation semble grave ou clairement illégale, je peux l’orienter vers l’Inspection économique, qui est compétente pour instruire une plainte officielle. Mais très souvent, les agriculteurs hésitent à franchir ce pas. Mon rôle est justement de leur permettre de mieux comprendre les règles, de se sentir moins isolés, et de rouvrir un dialogue plus équilibré avec leurs partenaires commerciaux.

Comment peut-on vous contacter ?

Je suis clairement identifiée sur le site du SPF Économie, avec une adresse e-mail professionnelle et un numéro de téléphone. L’idée est que chacun, y compris un agriculteur seul dans son exploitation, puisse me joindre facilement et sans crainte.

Le secteur agricole est souvent éloigné de l’administration. Comment vous faire connaître ?

C’est un véritable enjeu. Nous comptons sur les fédérations agricoles pour jouer leur rôle de relais. Elles ont elles-mêmes demandé la création de cette fonction. Nous utilisons aussi la presse spécialisée. Des événements comme la Foire de Libramont sont, bien entendu, des occasions précieuses de visibilité.

Votre mission s’inscrit dans un cadre plus large, celui de la task force agroalimentaire. Où en est ce travail ?

La task force agit sur trois fronts. Le premier est réglementaire : nous avons adapté l’arrêté royal encadrant les pratiques commerciales déloyales. Le second est éducatif : nous avons lancé une grande campagne nationale de sensibilisation, « Achetez consciemment », qui a été lancée en décembre dernier. Elle encourage les consommateurs à faire des choix plus responsables, à privilégier les produits locaux et durables, et à soutenir une agriculture plus juste.

Et le troisième volet ?

Il concerne la transparence. Nous développons des indicateurs de rentabilité agricole par filière, en lien avec l’Observatoire des prix. Ces données permettent de mieux comprendre les coûts de production réelle, les marges, et d’objectiver les négociations commerciales. Quatre indicateurs ont déjà été publiés ; deux autres sont en cours (viande maigre et betterave sucrière). Le défi est de couvrir progressivement l’ensemble des filières, avec les moyens disponibles.

Quelle est la position du SPF Économie par rapport à une évolution vers un rôle de médiateur officiel ?

À ce stade, ce n’est pas envisagé. Mais le SPF Économie reste à l’écoute du secteur. S’il s’avère qu’un rôle plus actif de médiation est nécessaire, ce sera discuté. La commission pousse d’ailleurs dans ce sens, en encourageant les États membres à renforcer les mécanismes de prévention et de règlement des conflits. Mais pour l’instant, notre mission est de soutien, pas d’arbitrage.

Quel message souhaitez-vous faire passer aux agriculteurs ?

Qu’ils n’hésitent pas à me contacter. Cette fonction existe pour eux, pour qu’ils ne restent pas seuls face à un partenaire plus fort. Il ne s’agit pas d’une procédure de plainte, mais d’un appui neutre, humain, confidentiel. Un moyen d’équilibrer la relation, de rouvrir le dialogue et, dans le meilleur des cas, d’éviter le conflit.

Marie-France Vienne

Contacter Myrle Claessens

– Courriel  : Referent.agrifoodchain@economie.fgov.be

– Numéro de téléphone : 02/277.81.34

– Mobile : 0477/66.01.79

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