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De la parcelle au hangar, la météo guide les patatiers

Les données météo sont des éléments essentiels pour les agriculteurs mais pas uniquement ! En effet, ces données s’avèrent utiles pour l’ensemble des acteurs du secteur agricole. Nous avons rencontré deux structures qui utilisent toutes les deux les données des 33 stations météo du réseau Pameseb géré par le Cra-w et consultables sur Agromet.be : la Fiwap et RumeXperts. Dans ce premier volets, focus sur la Fiwap !

Temps de lecture : 5 min

Daniel Ryckmans est conseiller technique et économique à la Fiwap (Filière wallonne de la pomme de terre). Celle-ci utilise les données météo des stations du Centre wallon de recherches agronomiques (Cra-w) depuis 5 ans. Ces données leur permettent, entre autres, d’alimenter régulièrement leurs analyses technico-économiques chaque mardi.

Pour Daniel Ryckmans (première rangée, à gauche), les données météo sont d’autant plus essentielles lors d’événements extrêmes.
Pour Daniel Ryckmans (première rangée, à gauche), les données météo sont d’autant plus essentielles lors d’événements extrêmes.

En quoi les données météo sont-elles importantes pour la Fiwap ?

Les données météo sont essentielles que ce soit pour le développement de la culture mais aussi pour la période de conservation. Ces données sont d’autant plus essentielles lors d’événements météorologiques extrêmes.

Quand on a un schéma de pluviométrie ou de température qui se situe dans les normales, il est moins intéressant de savoir quand il a plu ou de connaître la moyenne des températures des dernières semaines. Par contre, ces données météo sont particulièrement importantes quand il y a soit un déficit, soit un excès, parce que c’est à ce moment-là que les impacts sur la culture sont les plus importants.

Par exemple, les excès en pluviométrie de l’automne 2023 et de l’année 2024 ont, d’une part, retardé et rendu les arrachages très difficiles et ont, d’autre part, retardé les plantations. À l’inverse, les déficits en eau observés cette année ont permis des plantations très hâtives. Tout l’intérêt des données météo réside dans l’observation de la répartition de ces conditions sur l’ensemble d’une région.

Pourquoi utiliser les données des stations météo Pameseb du Cra-w ?

En arrière-saison, les données de température et d’hygrométrie de l’air sont aussi importantes pour la conservation des pommes de terre. Depuis 5 ans, nous constatons régulièrement une augmentation de la température de 1 à 2ºC au-delà des normales observées aux stations météo Pameseb les plus proches des hangars de stockage analysés au mois de février. Une différence de 2°C, c’est énorme !

Ces données ont montré que le schéma classique de ventilation n’était plus toujours pertinent, et qu’il était préférable de retarder la descente en température au 1er décembre pour améliorer la conservation. Avant cette date, certaines nuits froides permettent, certes, d’initier le refroidissement, mais les températures ont tendance à remonter ensuite. Si cette situation intervient alors qu’un lot de pommes de terre n’est pas tout à fait sec, ou contient des pommes de terre pourries ou avec beaucoup de terre adhérentes, la conservation ne sera pas optimale car il faudra continuer à ventiler pour sécher. Or dans ces conditions, on ne sait plus ventiler parce que les pommes de terre sont déjà partiellement refroidies mais pas totalement sèches.

Bien sûr, certaines années il sera possible de descendre en température plus tôt.

Est-il encore essentiel, en 2025, pour les producteurs de comprendre les données météo afin de raisonner leur stratégie de conservation ?

À l’heure actuelle, les hangars sont pour la plupart équipés de sondes de température et de systèmes de ventilation automatiques gérés par ordinateur mais il est important que les patatiers comprennent les tenants et aboutissants pour savoir raisonner leur stratégie au niveau de l’exploitation et même au-delà. Il faut rester attentif aux phénomènes météo qui se produisent dans sa ferme ou dans sa sous-région et voir s’ils sont similaires à ceux en vigueur sur le reste du bassin de production. Ces données peuvent avoir des conséquences sur le rendement et la qualité du produit et de fait influencer le marché.

Que vous a apporté cette collaboration avec le Cra-w ?

Nous avions remarqué, il y a quelques années, qu’il était important de connaître la température dans le sol et plus particulièrement dans la butte de pommes de terre. Les conditions particulières au sein de la butte déterminent le développement des pommes de terre. Quand la température au cœur de la butte dépasse 26°C et est suivie par une période de précipitations, il y a un risque de déclenchement de problèmes physiologiques de rejet. Il est donc important de prévenir les agriculteurs quand les températures dans le sol dépassent 25°C.

Les stations Pameseb se sont depuis lors équipées d’une sonde de température installée directement dans le sol. Ces données permettent de mieux se rapprocher des conditions subies par les plants.

Quelles évolutions souhaiteriez-vous à l’avenir ?

Pour la Fiwap, il est essentiel d’avoir des données météo sur l’ensemble du bassin de production de la pomme de terre, à savoir le nord de Paris, l’ensemble du Benelux, et l’ouest de l’Allemagne. Cette région est le cœur de production de la pomme de terre en Europe de l’Ouest et alimente toutes les usines de production belges, françaises et hollandaises.

Les producteurs de pommes de terre veulent connaître les conditions météo sur l’ensemble de ce bassin pour prévoir l’évolution du marché. Le marché des pommes de terre hâtives se situe principalement en Flandre occidentale et orientale et en Rhénanie du Nord-Westphalie et dans le Palatinat (ouest de l’Allemagne) et il influence aussi les prix en Belgique et Wallonie.

À 300 km plus au sud, des pommes de terre sont cultivées sur des parcelles régulièrement sans possibilité d’irrigation. En observant la réalité du terrain, là où il fait plus sec comme dans le sud de la Picardie ou en Champagne Ardennes, on peut obtenir une indication sur la manière dont la situation va évoluer chez nous dans les prochaines années.

Les équipes du Cra-w et de la Fiwap sont en train de chercher des solutions à l’avenir pour obtenir des cartes ouest-européennes.

Thomas Servais

WalDigiFarm

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