Maîtriser quelques plantes vivaces dans le potager
Les tâches du jardinier dans le potager sont diverses. Elles font partie du plaisir du travail de la terre. Mais l’une d’entre elles peut devenir moins agréable si nous n’y prenons pas garde. Il s’agit de la maîtrise de l’enherbement. Un potager laissé à lui-même est rapidement conquis par les plantes sauvages naturellement présentes dans notre environnement.

Parmi les plantes sauvages, certaines ont un cycle de reproduction annuel. Les graines germent, une plante se développe, elle fleurit et laisse une nouvelle génération de graines en fin de cycle. Pour laisser suffisamment d’espace à nos légumes, le travail consiste à limiter les nouvelles graines produites chaque année. D’autres sont bisannuelles, leur cycle s’étend sur deux années de notre calendrier mais le principe reste le même.
Certaines autres plantes sauvages peuvent subsister plusieurs années dans le sol et s’étendre même si nous parvenons à éviter leur production de semences. Cette fois, le travail du jardinier sera différent. Il devra en outre limiter la présence des organes de persistance de ces espèces végétales dans son jardin. Sur le podium de ces plantes qu’on peut qualifier de vivaces, nous trouvons les liserons, les chiendents et les prêles.
Ce n’est pas nécessairement cette année que ces espèces se sont implantées dans un potager. Mais la météo des derniers mois a fortement favorisé leur extension.
Les conditions actuelles sont propices pour des interventions en vue de préparer la saison culturale prochaine. Voyons comment nous y prendre.
Une multiplication par graines et par rhizomes pour les liserons
Elles se multiplient par les graines et par les rhizomes. Les liserons se développent plutôt tardivement dans l’année et sont en pleine ampleur en fin d’été. Ils profitent des espaces laissés libres par les cultures récoltées pour s’étendre.
Les tiges s’allongent et grimpent en s’enroulant dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.
Les fleurs s’épanouissent par beau temps ensoleillé et elles se referment par temps humide.
Les graines sont très fertiles et peuvent être emmenées par les oiseaux qui les dissémineront.
Les tiges rampant sur le sol sont capables d’émettre des racines et des rhizomes ainsi que de se marcotter.
Les racines descendent jusque très profondément dans le sol. Elles sont puissantes et décompactent le sol en profondeur (70 ou 80 cm).
Les jolies fleurs sont mellifères.
C’est surtout à partir de l’été que les liserons sont vraiment envahissants. La croissance très rapide de leurs tiges grimpantes devient rapidement encombrante. Les légumes en place subissent une très forte concurrence. Les racines sont également capables de s’étendre rapidement.
Que faire pour limiter leur extension ?
La lutte contre l’extension des liserons combine plusieurs démarches complémentaires.
Elles consistent d’une part à arracher les parties aériennes pour éviter la production de semences et empêcher la plante d’accumuler des réserves de sucres dans ses parties souterraines.
Une bâche noire peut également être placée sur les liserons pour les priver de lumière et les faire disparaître.
De plus, en emprisonnant la tige du liseron dans une boîte de conserve métallique, elles finissent par mourir et disparaître. Cette technique est réalisable tant que le nombre de plantes est très limité.
D’autre part, il faut intervenir sur les parties souterraines. La fourche-bêche permet d’extirper les racines et les rhizomes. En les plaçant sur une surface sur laquelle ils ne pourront pas s’enraciner à nouveau, ils seront éliminés par dessèchement. Une pelouse peut convenir à cet effet, les tontes répétées ne permettront pas aux liserons de s’installer.
Ensuite, les engrais verts à végétation dense, telle que la moutarde par exemple, sont de forts concurrents pour les liserons et sont aussi une méthode de lutte efficace.
Cependant, le travail du sol avec un motoculteur découpe les racines et les rhizomes en petites boutures qui permettront la multiplication de l’espèce. Les binages également. Ils sont donc à éviter !
Les chiendents, soit précieux, soit détestés
Le chiendent se propage par ses rhizomes ramifiés. Puissants et pointus, ceux-ci sont capables de traverser un obstacle comme un tubercule ou la racine d’une autre plante.
Il se multiplie par les semences produites et par les rhizomes.

Faisant partie de la flore naturelle des herbages et des bords de voiries, il tend à s’étendre dans les potagers ou les terrains voisins.
Les racines du chiendent ne se développent pas très profondément. Ses rhizomes s’étendent latéralement et permettent l’extension de la plante. Les méthodes culturales de travail du sol qui favorisent la section de ces rhizomes permettent leur bouturage.
Les rhizomes sont aussi capables de développer sur un tas de compost.
Notons que les rhizomes de chiendent sont de précieux maintiens du sol des digues de fossés ou des bords de pente en état.
Comment intervenir sur cette vivace ?
Nous pouvons travailler à la fourche-bêche pour extirper les rhizomes et les laisser se dessécher au soleil sur une surface dure sur laquelle ils ne pourront pas s’enraciner.
De plus, le paillage est insuffisant pour freiner le chiendent, à moins qu’il soit de très grande épaisseur.
Le chiendent a des racines peu profondes. De ce fait, les labours profonds sont des méthodes de lutte mais présentent d’autres inconvénients.
Remarquons que le chiendent ne supporte pas bien le piétinement. Il tend à disparaître dans les prairies pâturées mais demeure sous les clôtures.
Des tubercules de prêles formés à un demi-mètre sous terre
Plusieurs espèces de prêles sont présentes en Wallonie. La prêle des champs (Equisetum arvense) est fréquente.
Les prêles sont souvent mentionnées comme des plantes indicatrices de l’acidité du sol. Cela ne signifie pas qu’elles disparaissent quand le pH est proche de la neutralité. Au contraire, elles se développent très bien dans les terres fertiles de nos potagers mais subissent l’effet concurrentiel des cultures à forte couverture foliaire.

Les prêles se reproduisent par les spores et surtout par les rhizomes. Ce sont des organes souterrains qui accumulent les réserves qui permettront la survie hivernale.
Les rhizomes descendent profondément dans le sol, de plusieurs mètres si le niveau de la nappe permanente d’eau le permet. Chaque année, les rhizomes s’étendent latéralement d’un demi ou d’un mètre, voire plus en conditions favorables et sans forte concurrence.
Le travail du sol fractionne les rhizomes et facilite leur propagation. Des tubercules sont formés en profondeur d’environ un demi-mètre en fin d’été et début de l’automne. C’est au départ de ceux-ci que seront formées les plantes de l’année prochaine.
Comment lutter contre les prêles ?
La lutte s’organise donc dès maintenant pour empêcher la mise en place de ces réserves par la plante et consiste à occuper le sol avec des plantes couvrantes, en particulier à partir du milieu de l’été.
La fauche répétée des parties aériennes de la prêle limite les mises en réserves dans les parties souterraines mais la plante ne disparaît vraiment qu’après plusieurs années de ce régime.
Le paillis a une efficacité incomplète. La prêle arrive même à percer des géotextiles.
Pour ces trois types de plantes
Si nous disposons d’un terrain qui sera cultivé comme jardin l’année prochaine, commençons dès à présent la maîtrise de ces espèces. Cela est possible depuis les précipitations du début de l’automne.
Pour ces trois espèces, évitons de couper les racines ou rhizomes de qui en ferait des boutures.
Le fraisage motorisé est déconseillé à ce titre pour cet usage.
Les hersages permettent de remonter les rhizomes en surface, de les éliminer ou de les laisser se dessécher au soleil.
Le dessouchement à la fourche-bêche est recommandé également.





