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Les races bovines mixtes, un potentiel à développer en système herbager !

Avec la volatilité que connaissent les prix des matières premières et des produits animaux, nombreux sont les éleveurs à vouloir rendre leur ferme plus résiliente, plus autonome vis-à-vis des intrants, mettant davantage en avant la qualité et reconnectée aux consommateurs locaux. Une stratégie qui nécessite le développement de filières de qualité différenciée et la mise en avant des services rendus par l’élevage pour la société.

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Les systèmes de production les mieux à même de répondre à ces objectifs sont les systèmes herbagers à faibles niveaux d’intrants. En effet, la vache à l’herbe fournit un lait et une viande de qualité supérieure et elle optimise les bénéfices de l’élevage, environnementaux (moindre pollution, cycle de l’eau, de l’azote, puits de carbone, biodiversité…), économiques (tourisme, autonomie) et sociaux (bien-être des populations). Elle jouit également d’une image positive auprès des citoyens, soucieux du bien-être animal et de l’impact de l’élevage sur l’environnement. Il a en effet été prouvé que les systèmes herbagers extensifs sont les modèles les plus durables et résilients de production laitière.

S’adapter à la variabilité saisonnière

L’élevage bovin wallon repose actuellement sur deux productions : le lait et la viande. De telles spéculations impliquent des races bien distinctes, principalement la Holstein en système laitier et la Blanc-bleu belge en élevage allaitant. Si ces deux races montrent des performances inégalées en termes de productivité, elles ne semblent toutefois pas être les mieux adaptées aux systèmes herbagers à faibles intrants. En effet, leur potentiel de production est pleinement valorisé par une alimentation à haute valeur nutritive, impliquant la production ou l’achat et l’utilisation d’aliments concentrés. Ces races nécessitent une gestion fine et davantage de soins, ce qui est peu compatible avec la variabilité saisonnière de la quantité et de la qualité des fourrages disponibles sur la ferme en système herbager.

Davantage de rusticité

Les races bovines mixtes présentent d’excellentes qualités pour mettre en valeur les systèmes herbagers à faibles intrants. Elles sont bien adaptées à une alimentation à base de fourrages dont la qualité est variable, elles produisent un lait généralement de meilleure qualité et une viande mieux valorisable qu’une vache spécialisée dans le lait. Les races mixtes sont plus rustiques, nécessitent moins de soins et de compléments alimentaires. Leur moindre production est potentiellement compensée par ces différentes qualités. Néanmoins, des efforts de sélection doivent être réalisés afin d’améliorer certains défauts : qualité du pis de la Rouge Pie de l’Est et teneurs en matières grasses du lait de la Blanc Bleu mixte.

Développer le cheptel mixte

Différents leviers peuvent permettre le re-développement des races mixtes en Wallonie : une meilleure connaissance de leur potentiel économique via des études complètes et chiffrées, le développement de filières de valorisation du lait de races mixtes en produits fromagers via des coopératives rassemblant producteurs, consommateurs et PME de transformation, le développement des compétences de la filière sur ces races et l’organisation de la sélection génétique permettant d’améliorer les races tout en conservant leurs principales qualités : rusticité et mixité.

Enfin, il faut particulièrement veiller à la disponibilité de reproducteurs pour les races à faibles effectifs.

Le développement des races mixtes en région herbagère dans des systèmes à faibles intrants permettrait de rééquilibrer la production laitière wallonne, couvrant actuellement 118 % des besoins, largement excédentaire en fabrication de poudre de lait et déficitaire en production fromagère. Le lait des races mixtes à l’herbe est en effet le mieux adapté à la fabrication de fromages, potentiellement valorisés par des signes de qualité européens ou régionaux. Pour Nature & Progrès, il est primordial d’encourager leur développement aujourd’hui en rassemblant les acteurs, éleveurs, consommateurs, fromagers et bouchers, pour élaborer les filières de demain.

Sylvie La Spina

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