Accueil La Une

25 millions de poulets abattus chaque mois…et moi et moi et moi ?

Depuis plusieurs années, les scandales sanitaires se succèdent et se ressemblent tant ils ont au moins en commun d’engendrer l’aversion des consommateurs et le désarroi des producteurs. Mais au-delà du réflexe de regarder cette problématique en fixant ce qui compose notre propre assiette, une dimension interpelle lorsqu’on la met en perspective de ces dérives, celle des volumes concernés par le marché de l’abattage. En Belgique, ce sont des millions de têtes de bétails qui sont abattues chaque mois pour nous nourrir. Des chiffres qui posent question et reflètent les enjeux de cette spirale de surconsommation non-maîtrisée à laquelle il serait pourtant bon que se substitue un modèle plus équilibré qui conjugue quantité et qualité.

Temps de lecture : 4 min

Le calcul peut paraître simpliste lorsqu’on se rappelle que la Belgique compte 12 millions de bouches à nourrir et pourtant les chiffres donnent le tournis. En effet, les données publiées par Statbel, l’office belge des statistiques, sont éloquentes et interpellantes puisque le nombre moyen d’animaux abattus par mois en 2017en Belgique se compte en dizaines de millions :

· 25 millions de poulets

· 912.000 porcs

· 77.000 bovins

· 65.000 dindes

· 12.000 moutons

· 5.000 unités d’autres types de volailles

· 4.000 canards

· chèvres

· 500 chevaux

Exprimé en termes de poids, le porc représente à lui seul 59 % du poids total abattu sur un an, la volaille 25 % et les bovins 16 %. Ces dernières années, le nombre de porcs abattus a fortement reculé et affiche une baisse de plus de 8 % sur deux ans. Et dans le même temps, le nombre de bovins abattus a lui augmenté de plus de 5 % sur la même période.

Le coq wallon a intérêt à se faire entendre

Derrière ces chiffres exorbitants se cachent des enjeux économiques hors normes. Car si l’on porte notre attention aux volumes des animaux abattus par région, on se rend compte du poids prépondérant de cette activité en Flandre. On comprend dès lors pourquoi le débat sur la reprise de l’abattoir Veviba pose énormément de questions et représente un enjeu stratégique.

Sans préjuger des décisions dans ce dossier, la reprise de l’abattoir par une coopérative d’éleveurs de Wallonie prendrait tout son sens dans ce contexte marqué de méfiance. Cela permettrait aux éleveurs de mieux valoriser leur production tout en assurant une plus grande garantie au consommateur.

De plus, cela permettrait d’assurer et de maintenir la filière du blanc bleu belge dont l’avenir dépend fortement du marché belge.

L’industrie alimentaire en Belgique est un acteur de poids et un grand utilisateur de main-d’œuvre ce qui signifie que les enjeux sont importants aussi pour cette industrie. La cohabitation d’un modèle plus régional et d’une industrie alimentaire qui reste tournée vers l’international est donc un atout et permettrait de retrouver une filière saine et de rassurer le consommateur.

Consommer et raisonner dans le même temps

Dans le modèle actuel de consommation qui est le nôtre avec les dérives et enjeux que l’on connaît, le rôle de « consom’acteur » devient essentiel. Car les Belges doivent eux aussi adopter une attitude d’acteur responsable et conscient de leur impact sur l’ensemble de la filière. A la question de savoir comment conjuguer qualité et quantité, les Belges peuvent donc apporter un début de réponse et inspirer. Car bien sûr, face aux chiffres de volumes que nous venons d’exposer, il est évident que le consommateur ne peut pas à lui seul modifier fondamentalement la filière. Mais s’il souhaite une meilleure traçabilité de sa viande, il doit agir en modifiant ses habitudes de consommation.

Plus qu’une mode éphémère, les circuits courts, par exemple, ont le vent en poupe et sont peut-être une façon de rencontrer les attentes tant des consommateurs que des producteurs. La maîtrise de l’abattage permettrait non seulement d’apporter de la valeur ajoutée, mais également un meilleur contrôle. Bref, si le consommateur s’engage à devenir de plus en plus acteur du changement, et que les agriculteurs sont prêts à mieux prendre cette facette de leur destin en main, une majeure partie de l’équation sera résolue pour assainir cette filière en crise.

A lire aussi en La Une

Voir plus d'articles