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En visite au Gaec de Laschamp, dans le Puy-de-Dôme: trois associés, la Blonde d’Aquitaine et l’énergie verte

Ouvert sur le monde et à l’avant-garde des nouvelles technologies propres, ce groupement d’exploitation en commun mène quatre activités en étroite interaction : élevage bovin, cultures, biométhanisation et photovoltaïque. Une rencontre réalisée dans le cadre du Sommet de l’élevage à Clermont-Ferrrand.

Temps de lecture : 7 min

Juché à 600 m d’altitude, à Saint-Maigner, en Auvergne, au plein cœur de la France, le Gaec de Laschamp s’étend sur quelque 240 ha, dont 130 de prairies, 30 ha de maïs grain et fourrage, 60 ha de blé et triticale et 20 ha de colza. Autant de productions dédiées majoritairement à l’alimentation du bétail né, élevé et engraissé au sein de l’exploitation.

Le Gaec de Laschamp s’étend sur quelque 240 ha dans une communie du département français du Puy-de-Dôme, à quelque 80 km au nord-ouest de Clermond-Ferrand.
Le Gaec de Laschamp s’étend sur quelque 240 ha dans une communie du département français du Puy-de-Dôme, à quelque 80 km au nord-ouest de Clermond-Ferrand.

Qui dit Gaec – groupement agricole d’exploitation en commun – dit associés, au nombre de trois en l’occurrence. Responsable du développement des différents pôles d’activité, Bertrand Duprat, résume d’emblée ce qui le réunit avec ses deux acolytes : « forts d’une vision commune de l’agriculture moderne respectueuse de l’environnement, nous apportons chacun notre savoir-faire et notre réflexion à l’élaboration d’une entreprise en adéquation avec nos principes. »

Le pôle grandes cultures de l’exploitation comporte du maïs grain et fourrage, du colza et des céréales à paille – blé et triticale – .
Le pôle grandes cultures de l’exploitation comporte du maïs grain et fourrage, du colza et des céréales à paille – blé et triticale – .

Autonomie alimentaire

La surface agricole utile du Gaec est valorisée pour assurer au maximum l’autonomie alimentaire du cheptel, sous la forme d’ensilage de préfané et foin séché en grange (luzerne et prairie), complémentés avec de la pulpe surpressée de betterave, du blé et du triticale aplatis, du maïs grain et ensilage, des tourteaux de colza et de lin, sans oublier des minéraux. Tout est produit à la ferme, à l’exception de la pulpe surpressée issue de betteraves cultivées dans la plaine de la Limagne (Clermont-Ferrand).

La surface agricole utile du Gaec est valorisée pour assurer au maximum l’autonomie alimentaire du cheptel, notamment sous la forme d’ensilage de préfané et foin séché en grange (luzerne et prairie).
La surface agricole utile du Gaec est valorisée pour assurer au maximum l’autonomie alimentaire du cheptel, notamment sous la forme d’ensilage de préfané et foin séché en grange (luzerne et prairie).

Une attention est également portée à l’ergonomie dans les bâtiments en cours de rénovation, avec l’intention d’installer une distribution d’aliments robotisée, alimentée par des panneaux photovoltaïques disposés sur la toiture. L’objectif étant de passer moins de temps à l’alimentation des animaux, avec l’avantage d’une plus grande précision du robot, et aussi de se libérer du temps pour faire autre chose.

Le choix de la Blonde !

« À deux ans de la retraite, las de l’élevage de ses Charolais, mon père s’est décidé à acquérir 30 Blondes d’Aquitaine. Un choix qui répondait à mes aspirations », admet volontiers Bertrand, qui se souvient qu’à l’école, cette race était présentée sous des traits comparativement plus intéressants.

Facilité d’élevage, tendreté d’une viande en outre peu grasse, prix de vente élevé à l’abattage... des arguments mis en avant pour expliquer ce choix en faveur de la Blonde d’Aquitaine.
Facilité d’élevage, tendreté d’une viande en outre peu grasse, prix de vente élevé à l’abattage... des arguments mis en avant pour expliquer ce choix en faveur de la Blonde d’Aquitaine. - M. de N.

Une décision qui s’est confortée au fil des ans. « La Blonde nous tranquillise par sa facilité d’élevage et remporte aussi nos suffrages pour ses qualités bouchères. D’un fort développement musculaire, avec une forte proportion de viande tendre et peu grasse, elle répond aux exigences des consommateurs actuels. Sa docilité, sa facilité de vêlage, le prix élevé de vente pour l’abattage et une vitesse de croissance élevée – en quantité de viande produite – sont autant de qualités bien réelles. »

Notre interlocuteur mentionne toutefois un point d’attention concernant les aplombs. « Il faut y être attentif dans la sélection. Quand je choisis un reproducteur, je fais particulièrement attention au poids de l’animal à sa naissance et il faut que sa mère dispose de 4 bonnes pattes et 4 bons trayons. »

Cette conversion n’est d’ailleurs pas un acte isolé. Aujourd’hui, dans la région, on comptabilise quelque 1.500 vêlages en Blonde d’Aquitaine, 3.000 en race limousine, 500 à 800 en race Salers et autant en Aubrac ; il y a 20 ans, le cheptel était presque exclusivement sous bannière charolaise.

180 vêlages

Le troupeau compte actuellement 180 mères à vêler et leur suite, soit quelque 400 animaux. Les vêlages sont répartis sur deux périodes : du 15 septembre au 1er décembre, et du 15 mars au 1er mai. Cette distribution dans le temps procure un grand avantage sur le plan sanitaire, mais également au niveau commercial, permettant d’assurer l’approvisionnement de la clientèle tout au long de l’année.

Les mâles sont engraissés pour être vendus à 18 mois à un poids carcasse moyen de 515 kg.
Les mâles sont engraissés pour être vendus à 18 mois à un poids carcasse moyen de 515 kg. - M. de N.

De manière générale, les veaux sont sevrés aux alentours de 9 mois, voire 10 mois au maximum ; cela dépend de la saison, des disponibilités alimentaires. En période de sécheresse, le sevrage peut interveinr plus tôt : à 8 mois, voire moins.

Tous les veaux mâles sous la mère sont complémentés, de même que les petites génisses, tant qu’elles sont à l’étable, jusqu’à 4 mois. « Chez la Blonde d’Aquitaine, il est important de développer le potentiel des animaux pendant la première année, car ce potentiel pourra être mis à profit plus tard, au moment de la finition », juge encore Bertrand Duprat.

Premier vêlage à 30 mois

Le groupage des chaleurs est pratiqué pour les génisses et l’insémination est essentiellement assurée avec des doses sexées femelles. L’objectif : sécuriser le premier vêlage, qui intervient en moyenne à 30 mois. « Les doses sexées nous ont permis d’obtenir une proportion élevée de femelles et d’accroître ainsi rapidement l’effectif du troupeau, favorisant ainsi la sélection des animaux. Normalement, d’ici 3 ans, nous disposerons d’un cheptel conforme à nos attentes. »

Circuit court…

Pour le commerce, les trois associés ne recherchent pas la très grosse carcasse, mais visent toutefois des animaux qui se démarquent du marché des limousins. L’objectif visé pour les mâles engraissés et vendus à 18 mois se situe autour des 515 kg. En réforme, une cinquantaine de vaches sont engraissées et valorisées chaque année en circuit court avec l’Association Blondes des Combrailles (lire ci-après), en collaboration avec la grande et moyenne distribution et les bouchers de la région. La vente se fait volontairement à l’échelle locale, la viande des animaux de l’exploitation est consommée dans un rayon de 80 km.

En termes de prix de vente au kg carcasse, « les vaches en promotion sont vendues autour de 4,85 euros (10 % des ventes), les vaches standards sont vendues entre 5,25-5,35 euros et les vaches de qualité supérieure partent à 5,50-6,00 euros. Les mauvaises génisses partent à des prix de 5,25 euros en promo, 5,65 euros pour la qualité standard et 6,00-6,50 euros pour la qualité supérieure. Attention, dans ce prix, il y a 0,12 euro d’étiquetage et 0,10-0,15 euro pour les journées consacrées à des actions de promotion et dégustation (dédommagement calculé au prix équivalent au recours à un service de remplacement) ».

«Citoyen du monde», comme il aime se présenter, et excellent communicateur, Bertrand Duprat est le parfait d’ambassadeur d’une agriculture qui entreprend, innove et s’inscrit économiquement mais aussi humainement dans son environnement.
«Citoyen du monde», comme il aime se présenter, et excellent communicateur, Bertrand Duprat est le parfait d’ambassadeur d’une agriculture qui entreprend, innove et s’inscrit économiquement mais aussi humainement dans son environnement. - M. de N.

« Parallèlement, nous avons initié un nouveau créneau dans la commercialisation de nos Blondes d’Aquitaine, avec la vente de viande de veaux rosés, qui permet de se différencier sur le marché ; les animaux ont moins de 6 mois, avec un objectif de poids carcasse de 180 à 220 kg », poursuit Bertrand.

… et outil commercial

Pour aller jusqu’au bout des choses, le Gaec de Laschamp a décidé de maîtriser aussi l’image d’un travail accompli avec fierté. C’est ainsi qu’il y a trois ans, avec un petit groupe d’éleveurs, les trois comparses ont créé une association locale baptisé Aliance Blonde des Combrailles. Cet outil commercial promeut l’excellence et fédère les exploitants du territoire autour d’une filière de production commune, régulière et bien alimentée : une constance recherchée pour assurer une exploitation stable et garder la confiance des consommateurs.

« La gestion actuelle de notre exploitation – auto-production de l’alimentation animale, maîtrise des gaz à effet de serre par la biométhanisation et production de kW verts grâce aux installations photovoltaïques – nous permet, de surcroît, de proposer à la vente une viande à énergie positive et à l’impact carbone très limité  », assure enfin Bertrand.

Energie renouvelable

Le Gaec de Laschamp est très impliqué dans l’autonomie énergétique, avec la production d’électricité via les 8.000 m2 de panneaux photovoltaïques disposés sur les toitures des bâtiments et une unité de biométhanisation en construction. «Nous profitons de l’avion pour voyager dans le monde, mais l’empreinte carbone de nos activités et l’héritage que nous laisserons à nos enfants nous préoccupent beaucoup également. D’où notre implication aussi sur ce plan à l’échelle de quatre département», relève Bertrand Duprat.

Le Gaec est très impliqué dans le développement local de l’énergie photovoltaïque. Les associés joignent le geste à la parole avec l’installation progressive de bâtiments agricoles en couverture solaire sur l’exploitation.
Le Gaec est très impliqué dans le développement local de l’énergie photovoltaïque. Les associés joignent le geste à la parole avec l’installation progressive de bâtiments agricoles en couverture solaire sur l’exploitation.

Pour développer ces activités, le fil conducteur est le mutualisme, «car nous sommes bien conscients de n’être que des petits dans ce monde. Travailler à plusieurs permet d’avoir une réflexion collective et d’impulser de la force à nos raisonnements. Cela nous a permis aussi de fédérer autour de nos projets des partenaires: des constructeurs, des banquiers, des assureurs...»

Entre le photovoltaïque, la méthanisation et la production agricole, les associés souhaitent valoriser de manière vertueuse tout ce que le soleil, l’eau, le sol veulent bien donner. «Lorsque notre projet de biométhanisation sera opérationnel, nous serons également autonomes pour la fertilisation de notre SAU.»

M. de N.

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