Quand élevages Blanc-bleu et limousin cohabitent dans la même exploitation!
Alors qu’il élève des limousines depuis une trentaine d’années, Jean Luc Goedert, éleveur de Schandel (Grand-Duché de Luxembourg) s’est récemment lancé, en parallèlle, dans le Blanc-bleu. Une « diversification » peu surprenante pour l’Aredb, les comices et la Fja de Bastogne qui y a invité le 8 février les éleveurs de la région pour une visite d’exploitation.


Jean-Luc Goedert est un personnage atypique, au ton bien tranché. Ce Luxembourgeois est ceux qui ne conçoivent pas rester cloîtré dans leur exploitation et travailler le nez dans le guidon ! Outre son métier d’éleveur, il fait de l’entreprise et traverse les frontières pour faire affaire (de pailles notamment)… pour « s’occuper » comme il aime le rappeler. Mais, ne nous y trompons pas, l’homme sait toujours où il va…
Aujourd’hui à la tête d’une centaine de limousines, Jean-Luc les engraisse et les vend dans la filière grand-ducale. Il les soigne avec du maïs et de l’ensilage d’herbe qu’il produit sur les 130 ha à sa disposition – 100 ha de prairie, 30 ha de cultures (maïs et céréales). « La ration est peu complémentée, les animaux reçoivent donc maïs et herbe ensilée de novembre à mars et du maïs et foin dès qu’elles retournent en prairie car il fait relativement sec en été.
À l’heure de la visite, l’exploitant compte une cinquantaine de vaches vêlées, 48 veaux dont une partie déjà sevrée. Dès que la pâture sera suffisamment portante, il laissera partir les bêtes et ne gardera près de la ferme que celles qui doivent encore vêler.
Une année problématique
Les années passent et ne se ressemblent pas. S’il ne rencontre généralement pas trop de problèmes au niveau des vêlages, cette année fut plus problématique. Sur les 60 vêlages, le taux de mortalité a voisiné les 12 % et 12 césariennes durent être pratiquées. « C’est une mauvaise année, c’est la première fois que nous avons autant de naissances difficiles… Mais même au vu du coût engendré par la césarienne, le veau en vaut toujours la peine.
La faute à la sélection ? « On a toujours eu l’habitude de choisir des taureaux culards. Je fais confiance à un ami éleveur qui m’en envoie de France. La sélection est donc vite faite ! », sourit-il.
Et question naissance, les vaches vêlent régulièrement ! Et pour preuve, l’intervalle vêlage est de 11 mois ! Les 2 taureaux sont en permanence avec les vaches. « Je ne veux pas rater la première ou la deuxième chaleur. Si on les rate, c’est plus compliqué de les avoir pleines par la suite. »
Et de commencer à regarder à la docilité des animaux ! Certaines mères sont trop maternelles, voire difficiles à aller chercher… Avec les jeunes, ça devient plus facile ! »
Investir moins en aliments
Après trente ans d’élevage limousin, l’éleveur a vu le marché au Grand-Duché se rétrécir ! Pour lui, ce type d’élevage s’est « industrialisé » : « Tout le monde s’y met et, comme le marché reste restreint, les prix sont à la baisse ! La moitié du cheptel bio doit d’ailleurs être écoulé dans la filière conventionnelle. » Et ce pour la simple raison que ledit marché n’y est pas organisé.
Des coûts différents d’un pays à l’autre
Là où le Blanc-bleu l’emmène…
Et quand un éleveur lui demande qu’elle race il préfère, il ne tarde pas à choisir le Blanc-bleu. « Les vaches B-BB sont plus faciles à attraper, surtout à mon âge », sourit-il.
« J’ai toujours eu envie de travailler avec la race mais je n’avais encore jamais vraiment trouvé de bon vendeur. Après un premier essai infructueux, j’ai trouvé, il y a 3 ans, un beau lot de génisses chez un éleveur du pays de Bastogne. Pour le taureau, Starter, il vient de chez Guillaume à Ochamps. »
Et depuis tout suit son cours. Tout ce que Jean-Luc produit part vers la Belgique. « Je peux y vendre plus facilement mes femelles, d’autant qu’il n’y a guère de marché pour les taureaux au Grand-Duché de Luxembourg »
Le cheptel, aujourd’hui composé d’une trentaine de mères, va encore grandir mais l’éleveur n’a pas vraiment d’objectifs définis à long terme. « Je suis un amoureux de la race. Je le fais pour mon plaisir car dans 10 ans je serai à la retraite ! » Le temps pour lui de « chipoter encore un petit peu » tant qu’il a encore tous les terrains à sa disposition.