Les années bonheurs, c’est quand?

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Mes ami(e)s ont tous un point en commun : l’amour de leur terre et de leur métier. Cela se lit, sans mentir, dans leurs yeux encore pétillants, sur leurs mains usées, sur la peau de leur visage burinée par le vent et le soleil. Ils n’ont pas l’âge de leurs artères ! Tant ils aiment la vie, leurs vies, leur participation encore très active à la vie de leur ferme ou de celle de leur enfant. Et même si, parfois ils fatiguent, jamais (ou presque) ils ne se plaignent.

Nous sommes de la génération de ceux qui ont connu une (r)évolution incroyable dans le secteur agricole. Nous avons vu nos pères guider les chevaux, traire à la main, jeter l’engrais à la main. Ce père qui contait la guerre, l’exode, parfois la déportation leur a appris l’espoir, la patience et le courage qu’il faut pour sortir le meilleur de cette terre. Cette révolution, on l’a connue aussi bien dans l’élevage – la manutention, l’évolution des étables, les traitements vétérinaires, la paperasse du suivi - que dans les cultures. « Ou sont les neiges d’antan ? » chantait-on.

Je pourrais dire où sont les printemps que l’on passait à biner et à sarcler les betteraves, les mois de juin à mettre les foins en chevalets, les mois d’août à entasser les petits ballots dans la fournaise des greniers, les automnes à arracher les betteraves fourragères ?

De tout cela, il ne me reste que du bonheur en souvenir, la fatigue, les soucis, les tracas sont oubliés. En regardant dans le rétroviseur, le chemin parcouru, aucuns regrets, aucunes rancœurs et la route devant nous est ensoleillée. L’évolution de l’agriculture, quoi qu’on en dise, a été un bien fait pour tous, les agriculteurs et leur famille et les consommateurs qui ont pu profiter d’une alimentation peu chère et toujours disponible.

Oui, il y a eu des erreurs, toute évolution en connaît, je n’excuse rien. N’oublions pas les hormones, les traitements antibiotiques systématiques et exagérés. La démesure des traitements phytos ou des épandages de lisier. Savait-on vraiment ? La tête dans le guidon, on nous parlait productivité ! Mais gardons espoir en la raison, la lucidité, et la nature même de l’agriculteur. La relève est là, ils feront mieux. L’avenir sera meilleur, l’agriculture raisonnée sera meilleure. J’ose y croire pour eux. Espérer, c’est déjà être heureux.

Manou de Warneton

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