De 18.328 emplois directs dénombrés en 2017, on en compte encore 17.922 aujourd’hui. Les indépendants sont plus nombreux qu’il y a deux ans, mais cela ne suffit pas à compenser la réduction du nombre de salariés.
« Cette tendance s’observe depuis 2013 dans tous les secteurs de la production industrielle. La filière bois n’y échappe pas ! »
« Des pertes d’emplois s’observent dans tous les secteurs de la production industrielle. La filière bois n’y échappe pas ! »
La consommation de bois se montre quant à elle stable, voire en hausse, selon les secteurs d’activité, comme le montrent les chiffres ci-dessous. Cela ne doit toutefois pas occulter les difficultés que rencontre la filière.
Pâte à papier : un seul gros consommateur
Le secteur de la pâte à papier ne compte qu’un seul acteur en Wallonie, à savoir Burgo Ardennes, installé à Virton.
Celui-ci affiche une consommation de bois feuillus stable, à près de 1,5 million de m³ par an. L’entièreté de ce volume est orientée vers la production de pâte à papier. « Cette stabilité s’explique par le fait que l’usine, après avoir augmenté sa capacité de production, a aujourd’hui atteint ses limites. »
La société ne produit que de la pâte de feuillus mais a également besoin de pâte de résineux pour fabriquer du papier. Elle se tourne vers l’étranger pour satisfaire ce besoin.
Panneaux : que du résineux, même scolyté
Les chantiers de découpe s’inquiètent
L’export freine nos scieries de feuillus
La situation des scieries wallonnes de bois feuillus a peu évolué. Leur consommation s’est maintenue à 80.000 m³, dont 55 % de chêne. « Jusqu’il y a peu, celui-ci représentait 80 % du volume entré en scierie. Une entreprise s’est récemment lancée dans la découpe de peuplier, engloutissant pas moins de 15.000 m³. Ce qui explique ce recul du chêne. »
L’évolution du secteur suscite de nombreuses interrogations… Le volume transformé diminuera probablement dans les années à venir. « De nombreuses scieries familiales risquent de fermer leurs portes car leurs propriétaires, âgés entre 50 et 60 ans, ne disposent d’aucun repreneur. Sur la trentaine de scieries recensées, la moitié est menacée de disparition dans les 20 prochaines années. » On observe également un manque d’investissements et de vision à long terme dans le secteur. « Mais cela s’explique logiquement par l’absence de repreneur et les difficultés rencontrées sur le marché du bois feuillu. »

Les besoins des scieries sont en effet limités mais peinent à être satisfaits. La raison ? Les bois nobles transformés dans notre Région, comme le chêne et le hêtre, sont très fortement recherchés pour être exportés à prix fort vers l’Asie, et plus particulièrement vers la Chine. « Le hêtre s’adjuge le titre de feuillus le plus récolté de Wallonie, mais, ici, on n’en scie quasiment plus… Les prix pratiqués constituent également un frein pour nos entreprises », déplore Eugène Bays.
Les scolytes, pas sans impact sur les scieries de résineux
Les scieries de résineux traitent 2.227.000 m³ de bois, dont 84 % d’épicéa. On observe une certaine régression du volume scié, alors que la capacité de l’outil, fortement mécanisé, est nettement supérieure. La demande de bois est supérieure à l’offre. Les entreprises travaillent avec du bois local, mais ont également dû en importer, notamment de Russie, de Norvège et des pays baltes.
« Le bois acheté doit correspondre aux usages qu’il en sera fait. On ne peut utiliser des grumes scolytées pour fabriquer du bois de charpente. Mais elles peuvent être orientées vers la fabrication de palettes. » Or, les pullulations de scolytes touchent une bonne partie de l’Europe… Toutes les scieries produisent du bois de palettes, et ce marché s’approche de la saturation. Nos scieries ne peuvent donc absorber qu’un faible volume de bois scolyté, à condition qu’il soit frais et rapidement travaillé.
« Les peuplements d’épicéas sont en recul, la présence de scolytes modifie l’utilisation des grumes ou cause le dépérissement des arbres… La capacité de sciage wallonne de résineux n’augmentera pas dans les années à venir. »
Les granulateurs, d’importants acteurs
Les granulateurs, ou producteurs de pellets, constituent le plus jeune acteur de la filière bois. Cette industrie s’est structurée dans la seconde moitié des années 2000, suite à la mise en service de la centrale électrique des Awirs (Flémalle) fonctionnant à la biomasse.

Bois énergie : près de 3 millions de tonnes
La consommation de bois énergie s’élève à plus de 2,3 millions de tonnes de bois sous forme de bûches, rémanents forestiers, connexes, pellets et bois recyclés (issus des recyparcs notamment). À cela s’ajoute 599.623 t de liqueur noire, un coproduit issus de la production de la pâte de papier qui, après traitement, possède encore un important pouvoir calorifique.
« Au total, près de 3 millions de tonnes de « produits » bois sont utilisées sous différentes formes en vue de produire de la chaleur. On estime que deux tiers sont issus de Wallonie, toutes formes confondues. Le tiers restant est importé. » La liqueur noire est notamment considérée comme importée (à hauteur de 90 %) car le bois dont elle est issue provient en grande partie de l’étranger.
Construction bois : 11 % des logements neufs
Enfin, la part de logements résidentiels neufs en bois est stable et représente 10,9 % des nouvelles constructions. La part de rénovations, extensions et surélévations en bois s’élève quant à elle à 3,3 % de tous les travaux de ce type entrepris en Belgique.
« Cette dernière statistique est largement sous-estimée du fait de la procédure d’échantillonnage qui n’inclut que les entreprises spécialisées dans les constructions en bois. Or, ce type d’ouvrage est également réalisé par d’autres corps de métiers (les menuisiers, par exemple) ou en autoconstruction. » Les observations de terrain montrent que ce chiffre pourrait être supérieur à la part qu’occupent les logements résidentiels neufs parmi les nouvelles constructions. En France, on estime même que 20 % des travaux de rénovations, extensions et surélévations se feraient en bois.
« Pour pareils travaux, la Wallonie dispose d’un énorme potentiel, qui est valorisé ou non selon les chantiers acceptés par les entreprises et artisans. Mais cela ne se retrouve pas dans les statistiques… »
Les différents acteurs de la filière bois se sont déjà posé cette question : « Faut-il interdire l’abattage et l’utilisation des épicéas sains, pour se concentrer sur les individus scolytés ? ».
« Le bois scolyté frais ne présente que peu d’altérations. Seule son esthétique varie. A contrario, des phénomènes de bleuissement et d’échauffure ont le temps de se développer si l’abattage a lieu trop longtemps après l’attaque. Les conséquences sont alors nettement plus dommageables pour la valorisation du bois, qui ne présente plus guère d’intérêt économique », explique Eugène Bays. La présence de nombreux scolytés sur le marché tire également les prix du bois, même sain, à la baisse.
Ne plus vendre ou limiter les ventes de bois sains issus des domaines publics permettrait d’orienter le potentiel de récolte vers le bois scolyté frais. D’une part, on évacuerait celui-ci des forêts, ce qui réduirait les risques de propagation de l’insecte. D’autre part, on ne laisserait plus les épicéas attaqués se détériorer davantage.
En Wallonie, 300.898 ha de la forêt sont certifiés PEFC tandis qu’à peine 92 ha bénéficient du label FSC. Cela représente respectivement 54 % et 0,0002 % de la forêt wallonne. « L’entièreté de la forêt publique est certifiée PEFC, de même qu’environ 10 % de la forêt privée. La certification FSC n’a été attribuée, pour l’instant, qu’à des propriétaires privés », précise Eugène Bays. « Certaines communes souhaitent bénéficier des deux labels, notamment pour répondre aux demandes de leurs acheteurs. » La surface certifiée FSC pourrait donc s’étendre.
En Flandre et en Région bruxelloise, environ 25.000 ha sont certifiés FSC ; le label PEFC y est totalement absent.
À l’échelle nationale, 484 entreprises travaillent sont la certification PEFC et 693 avec le système FSC. « En valeur absolue, davantage d’entreprises certifiées sont localisées en Flandre. Cela s’explique simplement par le fait que la filière bois compte un plus grand nombre d’acteurs au Nord qu’au Sud du pays. »