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Culture de maïs fourrage et grain: rétrospective d’une année 2019... très contrastée!

Malgré des semis réalisés à bonne date, la croissance des plantes n’a véritablement démarré qu’à la mi-juin. Pas de chance, certaines parcelles ont commencé à souffrir du manque d’eau dès le début juillet. Les pluies de la 2e quinzaine d’août ont été salutaires de sorte que le réel coup d’envoi des ensilages est intervenu à la mi-septembre, avec au final des rendements tributaires des pluies orageuses et du pouvoir de rétention en eau des sols.

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En 2019, le recensement provisoire de l’office belge de statistique indique une surface totale de maïs sur notre territoire de 224.742 ha, dont 48.867 ha pour le grain. Par rapport à l’an dernier, cela représente un recul de 2,0 % des surfaces de maïs fourrage et de 9,5 % des surfaces de maïs grain (voir tableau 1).

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Des semis effectués à bonnes dates

Après des mois de janvier et février à la pluviométrie proche de la normale et deux premières décades de mars bien arrosées, des conditions plus sèches se sont installées à partir du 20 mars et ont permis d’accéder aux parcelles; les températures sont toutefois restées très basses jusqu’à la mi-avril.

Les premiers semis ont pu débuter vers le 18 avril et se sont poursuivis jusqu’au 1er mai dans de bonnes conditions. À cette date, la plupart des variétés pour le grain étaient semées. Du côté du maïs fourrage, la majorité des semis ont été réalisés du 20 avril au 5 mai, mais dans certaines régions ou certaines situations (après une première coupe de ray-grass, méteil…) les semis se sont prolongés jusqu’au 15-20 mai.

Un début de croissance en conditions fraîches

Les derniers jours d’avril et la première quinzaine de mai ont fréquemment subi du gel nocturne sur gazon.

Les levées ont été satisfaisantes, mais les plantules ont jauni à cause de nuits trop fraîches. Ce n’est qu’à partir du 1er juin que les températures nocturnes ont dépassé les 10ºC avec des journées au-delà des 20ºC. La croissance a véritablement démarré à partir du 16 juin avec souvent des températures de 25 à 30ºC pendant la journée.

Les pucerons se sont montrés discrets, tandis que des attaques de taupins ont été localement observées particulièrement dans le sud du pays.

Des adventices bien maîtrisées

Les pluies régulières du mois de mai et de la première quinzaine de juin ont favorisé la levée régulière des adventices mais également de bonnes conditions d’efficacité pour les produits systémiques avec une action radiculaire complémentaire. Le contrôle des adventices a été ainsi réussi pour des stades normaux d’application, tant en préémergence qu’en postémergence.

Les températures très élevées en juillet ont entravé le bon déroulement des fécondations dans certaines parcelles: dessèchement des pollens et des soies.
Les températures très élevées en juillet ont entravé le bon déroulement des fécondations dans certaines parcelles: dessèchement des pollens et des soies. - M. de N.

La sécheresse au début juillet et la canicule durant les floraisons

Des conditions ensoleillées se sont installées à partir du 21 juin, et les averses ont complètement disparu.

Dès les premiers jours de juillet, les parcelles sablonneuses ou schisteuses ont montré des signes de déficit hydrique avec l’apparition progressive d’enroulement des plantes. La croissance sur les parcelles trop peu pourvues en eau a été ralentie et des irrégularités de croissance sont apparues.

Des températures de 37 à 41ºC ont été relevées les 24 et 25 juillet, période où beaucoup de parcelles étaient en floraison.

Certaines parcelles ont connu de mauvaises fécondations (dessèchement des pollens et des soies), mais les cas d’extrême gravité ont été moins nombreux qu’appréhendé. L’émission de pollen se manifeste pendant une dizaine de jours sur une parcelle et heureusement les températures supérieures à 36ºC n’ont duré que 2 jours.

La deuxième quinzaine d’août a apporté des averses qui ont permis aux plantes de reprendre vigueur et aux épis de poursuivre leur bon remplissage. La répartition de ces pluies au caractère orageux a forcément été très aléatoire, de sorte que certaines régions sont restées en insuffisance.

Les orages ont localement fait de gros dégâts ruinant les espoirs d’une bonne récolte.
Les orages ont localement fait de gros dégâts ruinant les espoirs d’une bonne récolte. - M. de N.

Des récoltes, également à date normale

Après quelques journées caniculaires durant la 3e décade d’août, les températures ont baissé en septembre, si bien que les récoltes des variétés précoces n’ont véritablement débuté que vers le 18 de ce mois.

La période de sécheresse ayant bloqué la pousse d’herbe des prairies et certains silos étant vides, quelques parcelles ont toutefois été récoltées dès la fin août malgré une maturité insuffisante.

En région sablo-limoneuse et limoneuse, au 20 septembre, la teneur en matière sèche des variétés très précoces variait de 29 à 33 % selon les dates de semis.

En Condroz et en Famenne, la maturité optimale a souvent été atteinte vers le 5-10 octobre alors qu’en Ardenne, il a généralement fallu attendre la mi-octobre. Des dégâts de pyrale ont été observés. Toutefois, les vols ont été plus tardifs et on a observé moins de bris de tiges que l’an dernier.

Le maïs fourrage a pu être récolté en absence de fusariose dans toutes les régions. Par contre, la présence de charbon n’était pas rare, avec des contrastes bien visibles entre variétés.

Des rendements tributaires des pluies orageuses et du pouvoir de rétention en eau

Il serait inadéquat de parler de bons rendements pour les agriculteurs situés dans les régions que les orages ont évitées et qui cultivent des parcelles sur schiste ou sable. Dans ces champs, les plantes étaient parfois très courtes et les épis mal remplis si bien que certains n’ont guère récolté plus de 10 à 12 tonnes de matière sèche par ha. Il s’agit toutefois d’une proportion limitée des surfaces (voir tableau 2 ).

Dans les bonnes parcelles des régions sablo-limoneuses et limoneuses, les rendements ont atteint de 17,5 à 20 t de MS par ha pour des maïs à maturité optimale; toutefois, dans ces régions, certaines parcelles n’ont produit que 11 à 13 t de MS.

En Campine et Région sablonneuse, les rendements ont également été plus élevés que l’an dernier, mais avec une assez grande variabilité entre les parcelles.

En Condroz, Famenne profonde et région herbagère, les parcelles ont atteint de 16 à 18 t de MS par ha.

En Ardenne, même s’il existait une certaine variabilité, les rendements ont été satisfaisants avec des teneurs en matière sèche proches de l’optimum dans les zones où il a été possible d’attendre jusqu’au 15-20 octobre pour récolter.

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La qualité de ce maïs fourrage

En Basse et Moyenne Belgique, la teneur en amidon est un peu plus faible qu’en 2016 et 2017. Dans les essais, elle atteint 33,7 % en moyenne pour les variétés très précoces à précoces et 30,6 % pour les variétés demi-précoces à demi-tardives. Les valeurs VEM sont comparables à celles de 2018 pour les variétés très précoces à précoces, avec 928 VEM en moyenne. Pour les demi-précoces à demi-tardives, elles atteignent 919 VEM en moyenne contre 946 en 2018.

La qualité des ensilages est généralement bonne au sud du Sillon Sambre-et-Meuse, hormis dans les régions qui ont fortement souffert du manque d’eau.
La qualité des ensilages est généralement bonne au sud du Sillon Sambre-et-Meuse, hormis dans les régions qui ont fortement souffert du manque d’eau. - M. de N.

Au sud du Sillon Sambre-et-Meuse, à l’exception des régions ayant fortement souffert du déficit hydrique, la qualité du maïs est généralement bonne. En moyenne des 3 essais récoltés, la teneur en amidon est plus élevée que celles obtenues en 2016 et 2017, tandis que la teneur en VEM est d’un bon niveau (946 VEM) et comparable à celle obtenue en 2018.

Et le maïs grain ?

Le début de croissance en conditions fraîches, la sécheresse de juillet ont été défavorable à la production de maïs grain. Néanmoins, les rendements des parcelles d’essais suffisamment homogènes sont proches de ceux obtenus au cours des 3 années précédant 2018.

Onze parcelles bien homogènes sur sols limoneux ont produit en moyenne 12,5 tonnes de grain à 15 % d’humidité.

La production de maïs grain a souffert cette année des conditions fraîches en début de croissance et de la sécheresse durant le mois de juillet.
La production de maïs grain a souffert cette année des conditions fraîches en début de croissance et de la sécheresse durant le mois de juillet. - M. de N.

Sur des parcelles plus sablonneuses, la variabilité est beaucoup plus grande et les rendements sont de l’ordre de 9 à 11 t de grain à 15 %, avec des teneurs en humidité à la récolte de 28 à 31 %. Sur les parcelles qui ont rapidement souffert de sécheresse, les rendements étaient bien plus bas.

Quelques problèmes de verse ont été observés localement sur certaines variétés.

Enfin, la fusariose des tiges est apparue au cours de la dernière décade d’octobre sur quelques variétés plus sensibles.

Guy Foucart, Michaël Mary, Fabien Renard

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Cipf, Centre pilote maïs, Faculté des bioingénieurs, Ucl Louvain-la-Neuve

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