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Mon beau sapin ne mérite pas tant de critiques

Je souhaite réagir à l’article de Marc Assin paru dans le SB du 20 décembre dernier.

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Je souhaite réagir à l’article de Marc Assin paru dans le SB du 20 décembre dernier.

Les éléments avancés par ce Monsieur ne sont pas le reflet de la réalité. Afin d’argumenter son article, il emploie des termes non appropriés : pignons, plantules… pour ne citer que ceux-là. En outre, il laisse croire qu’il n’y a que les Danois qui récoltent les semences et les sèment pour en faire des semis, puis, 4 ans après, des plants. D’une part, il existe plusieurs marchands de semences en Belgique et même en Région Wallonne. Certains vont récolter les cônes eux-mêmes en Géorgie. D’autre part, à l’instar de Claude Guiot et Pol Zeler, fondateurs de l’UAP (Union Ardennaise des Pépiniéristes), un verger à graines a été installé sur les hauteurs de Mon Idée (Neufchâteau) voici plusieurs années. Les années ont passé et Monsieur Guiot nous a quittés mais le verger continue de vivre et il a produit ses premières semences en 2018. Bien sûr, la quantité récoltée n’est pas suffisante pour l’ensemble des producteurs de sapins de Noël pour l’instant mais, cela ne peut que s’améliorer et s’amplifier au fil des ans. D’ici quelques années, bon nombre de plants produits dans la région seront Ardennais, de la semence au produit fini présent dans les salons.

Marc Assin écrit « une parcelle de bêtes épicéas reste ouverte à tous les vents… C’est bien vrai, le gibier n’attaque pas cette essence, ou du moins, bien moins que le nordman qui doit être protégé de ces prédateurs qui mangent les bourgeons. Mais, l’un comme l’autre sont entretenus chimiquement pendant les premières années de leur croissance. La nouvelle charte élaborée en 2018, signée par un grand nombre de producteurs affiliés à l’UAP, précise, entre autres, que les deux ou trois dernières années de production, les plants ne recevront plus d’herbicide. Quant aux multiples pulvérisations au glyphosate dont il parle, elles se limitent à un passage ou deux par an, les quatre ou cinq les dernières années. D’autres pulvérisations interviennent, évidemment, pendant la croissance mais ce sont des engrais liquides ou des insecticides. Il faut bien protéger les plants contre les attaques de charançons, de rouille et autres problèmes affectant leur croissance. Lorsqu’on voit un producteur pulvériser son champ, ce n’est pas systématiquement avec du glyphosate. C’est malheureusement ce que tout le monde croit car les mouvements écologiques et autres qui se proclament défenseurs de la planète ne se gênent pas pour en remettre une couche à chaque fois qu’ils le peuvent.

Producteur de sapin = pollueur… Voyons un peu plus en profondeur la réalité chiffrée. La production de sapin de Noël en Région Wallonne couvre environ 3.120 ha. Le rapport de la DGO3 de 2017 établissait que la surface utilisée par l’agriculture en Wallonie avoisinait les 719.000 ha, ce qui signifie qu’avec ses 3.120 ha, le sapin de Noël ne représente que 0,45 % de la surface et 1,43 % en ce qui concerne la province de Luxembourg. L’utilisation du glyphosate en Belgique représente 533.000 kg de matière active (chiffre RW 2017) (595.000 selon Greenpeace !) Si l’on considère deux passages par an pour les sapins de Noël, on tourne autour de 3.400 kg de matière active. Faites le calcul, cela représente moins de 0,65 % de la consommation nationale. Cherchez l’erreur ! Qui utilise le reste de la matière active ?! L’agriculture évidement !

L’article reproche aux pépiniéristes de prendre les terres nourricières aux agriculteurs ! Néanmoins, la province de Luxembourg compte 440.000 ha : 205.000 ha sont emblavés par les forêts, 145.000 ha par l’agriculture dont seulement 2.052 ha en sapins de Noël, soit 1,45 % des terres ! Je ne vois pas très bien où est la menace. Il est vrai que lorsqu’un terrain est à vendre ou à louer, si les conditions sont bonnes pour la culture de sapins de Noël, les producteurs mettent le prix mais, cela reste très relatif. Ce qui est étonnant, c’est que l’article ne parle pas des acheteurs étrangers tels les grands ducaux qui arrivent avec de l’argent plein les poches et acquièrent les terres à des prix défiants toute concurrence. Et que dire de l’urbanisation qui a mangé 61.000 ha de bonnes terres depuis 1985, de la forêt qui s’est agrandie de 68.000 ha depuis 1984 ou encore des agrocarburants qui ont avalé 40.000 ha. Des chiffres qui concernent la Région Wallonne…, « les dizaines d’hectares achetés soi-disant à prix d’or par les pépiniéristes » me font donc bien rire.

Je pourrais également argumenter que ce n’est pas le montant de ces quelques hectares de terres vendus qui font « monter » le prix des terrains puisque l’augmentation du prix des terres est un phénomène constaté sur l’ensemble du territoire wallon, même dans les régions où il n’y a pas de sapins de Noël. Le baromètre des notaires a bondi de 26,6 % en 5 ans. La culture du sapin se fait principalement dans la province de Luxembourg, or c’est là que le prix des terres agricoles est le moins cher. Une baisse de 8,4 % a même été constatée durant le premier semestre 2018.

Le secteur engendre plus de 50 millions d’euros, emploie à temps plein 450 personnes et 650 de plus en saison. Il ne mérite pas tant de critiques.

J’ai également bien saisi votre allusion aux générations futures en l’image du petit Jésus mais, le système actuel est tel qu’il est impossible de revenir en arrière. On peut juste arrêter de faire pire, ce qui est fait est fait. Nos enfants et petits enfants naîtront et vivront avec. Notre génération n’a jamais rien fait pour enrayer l’évolution des technologies polluantes ou non, bien au contraire, elle en a profité à outrance. Et, aujourd’hui, quelques milliers ou millions de personnes descendent dans les rues pour manifester « pour le climat » mais, dès la fin de la manif, ils sautent dans un avion pour aller passer un long week-end à l’étranger, au soleil…

Enfin, pour revenir à nos sapins et concernant leur prix, il appartient à tout un chacun de calculer le bénéfice qu’il souhaite et le sapin de Noël est devenu « un attrape client », cela ne me dérange pas, il y a bien d’autres attrapes client pour lesquels personne ne dit mot (les soldes, braderies…).

R. Maitrejean

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