Engraissement de vaches de réforme Blanc-bleu: une capacité d’ingestion journalière de 12 kg de foin séché en grange… sans forcer!

Si la technique du foin séché en grange se développe en Wallonie, elle est avant tout utilisée en élevage laitier. Quid en engraissement, et de surcroît en région herbagère, où l’herbe est la première ressource fourragère. Le projet Leader, dans lequel s’inscrit l’essai exploratoire, s’est donc intéressé à l’engraissement de bovins allaitants (ici, du Blanc-bleu, en pur et en croisement) avec du foin séché en grange pour apporter les premières données chiffrées utiles aux éleveurs intéressés.

David Knoden, de l’asbl Fourrages Mieux : « Les filières étant déjà bien en place pour les taurillons, nous avons opté pour l’engraissement de vaches de réforme. Et si les résultats sont probants en pur – où la capacité d’ingestion est plus limitée –, ils doivent l’être d’autant plus dans les autres races dont la capacité d’ingestion est plus importante et les besoins de concentrés à l’engraissement plus faible. Notons que l’idée était de partir sur des balles de foin séché et non d’avoir des infrastructures de séchage à disposition. »

Le Cra-w a accueilli l’essai dans son étable expérimentale dans laquelle les ingestions des animaux ont pu être calculées individuellement. Arrivées maigres (650 kg en sorties de prairie) le 10 octobre, les vaches ont été allotées par 7 selon trois régimes alimentaires distinctifs : R1 – foin à volonté et concentré limité ; R2 – foin et concentré « extensif » ; R3 – foin et concentré « intensif ».

Chaque lot était alimenté selon trois phases : 1. le démarrage des animaux (du 10 octobre au 10 novembre) ; 2. l’augmentation de la densité énergétique de la ration par l’introduction du concentré de finition (du 11 novembre au 8 décembre) ; 3. une période de finition pour amener les animaux à une bonne conformation pour les amener ensuite à l’abattage (du 9 décembre à maintenant).

Notons que pour ce qui est des concentrés, l’équipe expérimentale s’est orientée vers des aliments qui peuvent être produits à la ferme ou localement : triticale, orge, maïs grain, pulpe de betterave déshydratée, tourteau de colza, tourteau de lin, graine de lin et CMV. Exit le soja, la graine de lin apportera la matière grasse pour la finition. » La densité énergétique du concentré correspond à celle recommandée pour l’engraissement de vaches de réformes de ce type », explique Virginie Decruyenaere, attachée scientifique au Cra-w.

Un foin très digestible

Des analyses ont été effectuées sur le foin donné durant le premier mois de l’essai. Si elles sont encore partielles, les résultats montrent que la teneur en matière sèche était plus élevée que celle d’un foin classique (88 % vs 80-85 %). Le taux de protéines avoisine les 13 %, les teneurs en sucre tournent quant à eux autour des 9-10 %.

Si le taux de cendre est normal (9 %), Virginie Decruyenaere estime que la teneur en cellulose est très intéressante. « Elle est plus basse qu’un foin classique avec en moyenne 28 % de fibres. »

Autre donnée remarquable : la digestibilité du foin qui tourne autour de 70 %.

« Avec les modules de calcul à disposition, nous sommes sur un foin de qualité dont la teneur en énergie de l’ordre de 850 Vevi/kg de MS (à confirmer). »

Les analyses des refus montrent que les vaches trient peu et que leur valeur est assez comparable à celle du foin distribué. « Les refus laissés l’ont en fait été car l’aliment était distribué à volonté », note la scientifique.

Une capacité d’ingestion importante

À l’analyse des poids à l’entrée en stabulation, les lots relativement homogènes. Les dernières pesées réalisées le 8 janvier ont permis de calculer le GQM (voir tableau 1).

« Si on prétend que le Blanc-bleu a une capacité d’ingestion limitée, on voit qu’avec ce foin, ladite capacité était relativement importante, soit 1,9 kg de MS par 100kg de poids vif. On est sur des niveaux d’ingestion relativement élevés. Il n’y a pas vraiment de différence entre les 3 régimes. Ce n’est pas parce qu’elles ont eu peu de foin et beaucoup de concentrés que leur ingestion était plus importante. Elles peuvent donc manger jusqu’à 12kg de MS de foin par repas sans forcer », analyse Mme Decruyenaere.

En termes de performances, une réponse à l’apport de concentrés est clairement remarquée. Les vaches du R3 présentaient les meilleures notes d’embonpoint. Si le GQM moyen est inférieur pour R1, il est intermédiaire pour R2 et supérieur pour R. Quel que soit le lot, on y retrouve des vaches très performantes (voir GQM max).

8 animaux abattus

Le 16 janvier, 8 vaches ont été abattues (5 individus du R3 et 3 du R2). « Nous sommes parvenus à finir des animaux en 98 jours avec des quantités de concentrés limitées et des proportions de foin de l’ordre de 10 à 12kg de foin/vache/jour. Durant cette période, les animaux en R2 ont eu un gain de poids de 70kg, de 96 kg en R3. Les poids à l’abattage ne sont pas très différents : 727 kg pour le R2, 778kg pour le R3. L’ingestion moyenne en kg MS/100 kg PV est assez similaire entre régimes (1,75 à 1,86 kg MS/100 kg PV). À noter que les vaches de R1 n’ont pas la plus faible ingestion.

L’essai est toujours en cours et se terminera dans un mois avec l’abattage des derniers animaux. Les performances à l’abattage et des analyses de viande viendront compléter les résultats.

Une visite de l’essai est toujours possible sur demande ! Contacter Yves Seutin ou Virginie Decruyenaere, par téléphone au 081/87.40.05. : secrétariat du Bâtiment Haute Belgique, rue du Serpont, 100, 6800 Libramont.

P-Y L.

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