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L’agriculture de conservation, une réflexion globale!

L’agriculture de conservation et le semis direct sont en plein essor. Mettre en place ce système sur son exploitation nécessite de revoir complètement son mode de production, en suivant les conseils des agriculteurs expérimentés pour réaliser au mieux cette transition.

Temps de lecture : 4 min

En agriculture de conservation, produire avec la nature en favorisant les régulations naturelles et les services écosystémiques est un objectif clairement affiché.

Il est démontré aujourd’hui que les pratiques agroécologiques dont s’inspire l’agriculture de conservation sont favorables au maintien de la biodiversité. Et dès lors que l’on produit avec la nature, le maître mot est la gestion préventive.

Petits exemples avec la gestion et l’élevage de vers de terre, architectes d’un sol performant, et la gestion des campagnols, ravageurs principaux dans les systèmes sans travail du sol.

Vers de terre, ces auxiliaires!

Les vers de terre sont les organismes facilement observables parmi les plus connus de la pédofaune. Vu leur place centrale dans la fertilité biologique des sols et leur forte réactivité aux pratiques agricoles, ils sont aussi considérés comme des espèces parapluies, porte-parole de la bonne santé des sols.

Ce sont des auxiliaires essentiels pour l’agriculture, mais ils demandent tout de même un peu d’attention pour se plaire dans les sols agricoles. Concrètement, il conviendra de :

– limiter le travail du sol: limiter la profondeur de travail, le nombre de passages et les outils animés;

– nourrir les auxiliaires en suffisance et régulièrement: restitution de matière organique, racines, engrais verts, apport régulier de matières organiques;

– conserver un sol en bon état structural, sans compaction. Attention aux charrois dans les parcelles et aux semelles de travail de sol;

– limiter la fumure minérale et contrôler le pH, utiliser un maximum de fumures organiques.

En échange de cela, les vers de terre rendront divers services : aérer et structurer le sol, augmenter l’infiltration de l’eau, stabiliser le sol et limiter les risques d’érosion, décomposer les débris végétaux et fertiliser le sol, améliorer la croissance racinaire et la vigueur des plantes, et gérer les ravageurs de culture.

Durant le printemps 2019, l’asbl Greenotec a réalisé près de 50 comptages de vers de terre à travers la Wallonie. Les champs échantillonnés étaient tous implantés en céréales, pour conserver une base commune. Dans chaque champ, les vers ont été dénombrés à l’aide d’un test mixte moutarde-bêche (https ://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/page/protocole- moutarde-tri-manuel). Ils ont ensuite été identifiés et pesés.

Les résultats obtenus s’articulaient comme suit :

– agriculture biologique : 490 vers de terre/kg de sol ;

– agriculture conventionnelle : 510 vers de terre/kg de sol ;

– agriculture de conservation : 840 vers de terre/kg de sol.

Il est évident que même si tous les comptages ont été réalisés dans une même culture de céréale d’hiver, l’historique de la parcelle et la place de la céréale dans l’assolement ont une influence significative. Les comptages permettent de connaître la situation actuelle au sein de la parcelle, reflet de son état de santé biologique.

La quantité de vers de terre varie très fort d’un champ à l’autre, allant de 40 kg à 1.770 kg/ha ! Les meilleurs résultats sont obtenus respectivement dans deux blés de colza associé (agriculture de conservation) et dans un mélange épeautre/lentille suivant une pomme de terre, qui suivait elle-même 3 ans de luzerne (bio). Les moins bons résultats sont obtenus dans les rotations légumières intensives, en bio ou non, où le sol est fortement travaillé.

«Les résultats de ces comptages montrent que les cultures les plus rentables sont en général les plus néfastes pour les vers de terre. À nous de trouver des compromis pour allier rentabilité et préservation de l’environnement», note Greenotec.

Gestion des mulots

Lorsque le sol n’est plus travaillé pendant plusieurs mois (colza, céréales), les campagnols s’installent rapidement dans la parcelle et peuvent occasionner des dégâts importants dans les cultures. Or des moyens de lutte naturelle et préventive existent ! Les campagnols ont de nombreux prédateurs que l’on peut favoriser ou défavoriser en fonction des pratiques mise en œuvre.

Dans certaines circonstances, les campagnols peuvent rapidement s’installer et causer des dommages dans les cultures. D’où la nécessité d’une action préventive!
Dans certaines circonstances, les campagnols peuvent rapidement s’installer et causer des dommages dans les cultures. D’où la nécessité d’une action préventive! - Greenotec

Un de leurs prédateurs est, par exemple, le faucon crécerelle, petit rapace commun dans les campagnes. Ceux-ci ne construisent pas leur nid eux-mêmes, ils nichent dans les vieux nids de pies ou de corneilles, dans les anfractuosités des murs, des arbres ou des rochers. Pour les inviter à venir chasser dans vos parcelles, offrez-leur le gîte avec des perchoirs (arbres, perchoir artificiel) ainsi que des nichoirs pour qu’il s’y installe durablement.

Deux journées à Fromée

Signalons encore que l’asbl Greenotec organise la 3e édition du Festival de l’agroécologie et de l’agriculture de conservation, les mercredi 17 et jeudi 18 juin à Fromée (Gerpinnes). Plus d’informations: www.greenotec.be.

D’après l’asbl Greenotec

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