Accueil Equipements

Immatriculations européennes de tracteur: une année 2019 stable, mais des incertitudes se profilent à l’horizon

La Cema, l’Association européenne des constructeurs de machines agricoles, relève dans son dernier rapport que plus de 190.000 tracteurs neufs ont été immatriculés en Europe en 2019. Des chiffres stables mais qui ne rassurent néanmoins pas le secteur.

Temps de lecture : 8 min

Sur base des chiffres fournis par les diverses autorités nationales concernées, la Cema constate qu’un total de 191.587 tracteurs a été immatriculé en Europe l’année dernière. En détail, 43.642 véhicules étaient d’une puissance inférieure à 50 ch tandis que le solde, soit 147.945 véhicules, développaient une puissance supérieure. La Cema considère que 154.321 de ces engins sont des tracteurs agricoles, le reste étant des quads, chargeurs télescopiques ou autres équipements agricoles.

2018-2019 : +5 %

Par rapport à 2018, les immatriculations agricoles ont augmenté de 5 % en 2019. Il convient toutefois de se souvenir qu’en 2018, elles ont été fortement affectées par l’entrée en vigueur, au 1er  janvier, de la nouvelle législation européenne « Tractor Mother Regulation » (ou règlement UE 167/2013). De nombreux tracteurs ont en effet été immatriculés en décembre 2017, soit avant qu’elle ne soit d’application, sans que l’on observe une hausse de la demande du côté des agriculteurs et entrepreneurs.

L’augmentation relevée en 2019 ne doit pas faire oublier ce phénomène, d’autant que 2018 n’a pas été une mauvaise année pour les ventes de tracteurs. La figure 1 montre clairement que les immatriculations ont atteint un pic en décembre 2017 avant d’accuser un certain recul au premier trimestre 2018. Si l’on fait abstraction de ce pic inhabituel, 2019 confirme la tendance de ces dernières années, à savoir que les ventes de tracteurs agricoles sont stables.

Pour le marché belge en particulier, on s’attend à observer un recul des ventes  en 2020 et ce, alors qu’Agribex s’est tenu en décembre dernier.
Pour le marché belge en particulier, on s’attend à observer un recul des ventes en 2020 et ce, alors qu’Agribex s’est tenu en décembre dernier. - J.V.

Surtout des modèles de moins de 100 ch

Si l’on dresse une comparaison par catégorie de puissance, les immatriculations de tous les types de véhicule ont augmenté, à l’exception des tracteurs de plus de 300 ch. Une baisse de 4 % a en effet été observée dans cette catégorie.

Plus de la moitié des tracteurs immatriculés sont d’une puissance inférieure à 100 ch (52 % en 2019, 51 % en 2018). Moins d’un quart des véhicules dépassent les 150 ch (24 % en 2019 contre 25 % en 2018). Ces résultats confirment une tendance amorcée voici plusieurs années déjà.

Variable d’un pays à l’autre

Les marchés français et allemand demeurent les deux plus grands ( figure 2 ). En France, un impressionnant bond – +26 % ! – des immatriculations a été observé l’an passé. En Allemagne, la hausse est plus modeste : +5 %.

JER2

Le marché italien se montre stable (+1 %) tandis que l’Espagne voit ses ventes croître de 7 %. Même tendance au Royaume-Uni où les immatriculations gagnent 5 % après avoir accusé une baisse en 2018.

Des hausses notables sont aussi constatées en Croatie, Serbie, Monténégro, Luxembourg, Danemark et Bosnie-Herzégovine. A contrario , les marchés slovaque, grec, lituanien et islandais reculent sévèrement.

Une fois les tracteurs non agricoles soustraits des chiffres fournis à la Cema par les autorités nationales, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espagne s’adjugent deux tiers des immatriculations de tracteurs réalisées en 2019.

Quelques marchés

sous la loupe

Allemagne

Chez nos voisins allemands, le marché des tracteurs s’est affiché en hausse en 2019 (+5 %). Deux tendances opposées ont été observées au cours de l’année.

Au premier semestre, le nombre d’immatriculation était plus élevé qu’à la même période en 2018. Cela s’explique, entre autres, par l’entrée en vigueur de la « Tractor Mother Regulation » qui a influencé négativement les ventes durant le premier trimestre 2018.

En outre, une autre réglementation européenne, portant sur la sécurité fonctionnelle des véhicules agricoles et forestiers, est entrée en vigueur le 1er  juillet dernier. Les machines présentant des normes antérieures ne pouvaient plus être commercialisées au-delà de cette date. En conséquence, les immatriculations réalisées par les concessions ont augmenté avant le 1er  juillet, de même que les stocks. Résultat : l’Allemagne constate une baisse des immatriculations au second semestre 2019 et plus spécifiquement au dernier trimestre, avec un recul particulièrement fort en décembre.

France

Côté français, 34.555 tracteurs agricoles (toutes puissances et tous types, y compris le matériel pour les espaces verts) ont été immatriculés l’année dernière. Cela représente un saut de 15 % par rapport à 2018.

Déduction faite du matériel de jardinage, qui a connu un pic important en 2018, les immatriculations de tracteurs agricoles bondissent de 25 % en un an. Il s’agit du plus haut niveau d’immatriculation jamais atteint depuis 2013, année de référence en France.

Les tracteurs continuent en outre à gagner en puissance. La puissance moyenne d’un modèle standard est de 147,7 ch en 2019, contre 147,1 ch en 2018 et 129 ch en 2010.

Italie

En Italie, 18.575 immatriculations ont été enregistrées en 2019, soit une très légère augmentation (+0,7 %). Ce résultat s’inscrit tout à fait dans la tendance observée pour la période 2014-2019. La moyenne des immatriculations sur cette période, hors 2017, est de 18.400 unités.

Le marché italien s’est stabilisé ces dernières années, mais à un niveau nettement inférieur à ce qui était observé avant la crise économique qui a frappé le pays (environ 30.000 immatriculations par an de 2000 à 2007). Outre les modèles neufs, on notera que 39.800 tracteurs d’occasion ont été vendus en 2018 (+5,3 %).

Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, 2019 se caractérise, par deux tendances. Après des années 2017 et 2018 nettement positives, le premier semestre 2019 a suivi la même direction. La situation s’est toutefois compliquée au second semestre.

Cela s’explique de plusieurs manières. Premièrement, le matériel récemment acquis est moins susceptible d’être remplacé. Il s’agit là d’une tendance cyclique. Deuxièmement, l’incertitude politique a pesé sur le climat économique. Enfin, la détérioration des conditions météorologiques a probablement influencé les ventes.

Le nombre total d’immatriculations a augmenté de 10 % au cours des sept premiers mois de l’année, pour ensuite reculer de 3 % au cours des cinq derniers mois.

Espagne

Du côté de l’Espagne, le marché total des tracteurs a atteint 44.542 unités (+3 %) en raison des tendances positives observées sur ses trois principales composantes. Le marché des tracteurs neufs a augmenté de 6,7 % (12.178 unités ; 27,3 % du marché total), celui des tracteurs d’occasion de 1,5 % (30.714 unités ; 69 % du marché total) et celui des tracteurs d’occasion importés de 3,6 % (1.650 unités ; 3,7 % du marché total).

L’investissement total (taxes exclues) pour les tracteurs agricoles a été de 671,4 millions d’euros, pour une puissance moyenne par tracteur de 113,47 ch.

Belgique

Sur notre marché national, les immatriculations de tracteurs agricoles d’une puissance supérieure à 50 kW (68 ch) ont augmenté de 0,8 % en 2019. De nombreux tracteurs ont été vendus et immatriculés avant la fin de l’année en raison de quelques modifications fiscales. Il en va de même pour les télescopiques et autres équipements de manutention.

Malgré un début d’année incertain, 2019 affiche de bons résultats. Davantage de machines ont été vendues en Flandre qu’en Wallonie. 2020 a bien débuté mais un déclin des immatriculations est attendu d’ici à la fin de l’année.

Pays-Bas

Bien que les ventes aux Pays-Bas soient stables, le nombre de commandes passées en 2019 a diminué de 11 % par rapport à 2018.

République tchèque

En République tchèque, 4.151 tracteurs agricoles (tous types et toutes puissances) ont été immatriculés en 2019, soit un bond de 14 % par rapport à 2018. Cela marque également un retour, ou presque, au niveau de 2017 (-1,5 %). Les tracteurs concernés par une première immatriculation, soit les modèles neufs, étaient au nombre de 2.759 (en croissance de 12 % par rapport à 2018).

La puissance moyenne des tracteurs augmente aussi, mais légèrement. Elle était 118 ch en 2019, contre 116 ch en 2018 et 115 ch en 2017.

Turquie

Hors Europe, mais à proximité immédiate, le marché turc a poursuivi au premier semestre 2019 l’important déclin des ventes amorcé au second semestre 2018 et ce, alors que les ventes totales de tracteurs avaient atteint un record en 2017 (72.909 unités). Après avoir clôturé 2018 avec 48.356 unités, seules 26.297 ventes ont été réalisées en 2019, soit une baisse de 46 %. En outre, 45 % des nouveaux tracteurs vendus en 2019 étaient des modèles de 2018.

Ces résultats s’expliquent par la tendance baissière de l’économie turque (qui a débuté au second semestre 2018), la hausse notable des taux d’intérêt et des taux de change, ainsi que l’augmentation significative des prix des intrants agricoles (qui n’est pas compensée par les prix des denrées agricoles). Cependant, vu la diminution des stocks, la stabilité des taux de change et la baisse des taux d’intérêt des prêts agricoles, on constate une amélioration des ventes depuis quelques mois.

Récession courte

et temporaire ?

Comme le souligne la Cema, l’indice général du climat des affaires pour l’industrie des machines agricoles en Europe reste négatif, mais s’est nettement amélioré par rapport à février. Si cette tendance se confirme dans les mois à venir, la phase de récession actuelle pourrait s’avérer être relativement plus courte et temporaire que la précédente.

Une amélioration est observée au niveau des prévisions de chiffre d’affaires. Celle-ci n’est toutefois pas due au fait que les membres de la Cema s’attendent à une croissance mais au fait qu’ils sont davantage, par rapport aux mois passés, à s’attendre à un chiffre d’affaires inchangé.

Une grande partie des membres se montre néanmoins indécise, ce qui indique une fois de plus qu’il existe une grande incertitude dans le secteur quant à l’avenir proche, d’autant que l’impact qu’aura la pandémie de coronavirus est totalement inconnu.

J.V.

D’après la Cema

A lire aussi en Equipements

Voir plus d'articles