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Une problématique d’actualité: fertiliser les cultures maraîchères en période de sécheresse

Nous nous posons la question de la fertilisation des cultures maraîchères en période de déficit hydrique marqué. Différents fertilisants à absorption foliaire nous sont proposés. Examinons quels en sont les meilleurs usages dans notre situation.

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Avant tout, n’oublions pas que l’absorption des éléments minéraux se fait naturellement par la solution du sol prélevée par les racines des plantes. Cette solution du sol a une richesse en équilibre avec le sol lui-même. L’analyse du sol en début de saison de culture nous a informés de sa composition générale.

En période de déficit hydrique, la rétention des éléments minéraux par les colloïdes du sol est modifiée. Par ailleurs, le manque d’eau utilisable par les plantes réduit la possibilité de mise en solution de ces éléments et leur mise à disposition pour les plantes.

En absence d’irrigation, la croissance des plantes est altérée, les besoins en éléments minéraux diminuent en proportion du manque de croissance. Un apport foliaire par pulvérisation peut permettre une certaine absorption par la partie aérienne des plantes, mais ne corrigera pas significativement le manque d’eau disponible pour la photosynthèse et la croissance. Ces apports pouvaient donc être intéressants quand les analyses de début de saison indiquaient une carence. Dans les autres cas, l’intérêt n’est pas aussi évident.

Les carottes ont un enracinement permettant une certaine exploration du sol jusque 60 cm. Les besoins limités de la culture ne nécessitent pas de fertilisation importante. Le plus souvent, la minéralisation des matières organiques couvre déjà une large part des besoins de la culture .
Les carottes ont un enracinement permettant une certaine exploration du sol jusque 60 cm. Les besoins limités de la culture ne nécessitent pas de fertilisation importante. Le plus souvent, la minéralisation des matières organiques couvre déjà une large part des besoins de la culture . - F.

En cas d’irrigation, les besoins en éléments minéraux des plantes se situent à un niveau considéré comme normal chez nous. Pour autant que les apports d’eau soient calculés en fonction des besoins, la fertilisation reste normale.

Un apport foliaire pour stimuler la croissance ?

Il est tentant de vouloir faire quelque chose pour permettre une reprise de la croissance des plantes. Pour bien agir, réfléchissons d’abord sur les éléments manquant pour cette croissance. S’il s’agit de l’eau, un apport d’engrais foliaire n’y fera pas grand-chose.

Par contre, si les apports hydriques ont été satisfaits, un complément foliaire a bien sa place. Il sera idéalement déterminé sur la base d’une analyse de sol antérieure. Cette réflexion est importante. Nous pouvons trouver dans l’agro-distribution une large gamme d’engrais foliaires pour y faire notre choix.

Mais se lancer à l’aveugle au moment du choix peut être contre-productif. Un exemple vécu assez fréquemment est celui de sols maraîchers peu dotés en potassium. Nous rencontrons de tels sols quand nous ne disposons pas d’effluents d’élevage dans les apports organiques et que les autres apports sont insuffisants en cet élément. Un apport d’un engrais foliaire riche en azote et en magnésium va compliquer les choses en accentuant une mauvaise assimilation de potassium déjà insuffisamment présent dans le sol. Or, celui-ci est un élément clé pour permettre à la plante de bien supporter les périodes de sécheresse. Dans notre exemple, le choix de l’engrais foliaire est malheureux !

Un apport en ferti-irrigation ?

Il est facile d’ajouter un engrais soluble dans l’eau d’irrigation en goutte-à-goutte. Les pompes doseuses sont courantes et aisées à installer. Le choix du fertilisant est assez simple. N’oublions pas de prévoir à la fréquence de deux semaines environ une irrigation majorée d’une cinquantaine de pourcents et à l’eau claire. L’objectif est de diluer une éventuelle surconcentration saline autour du bulbe de sol mouillé, à proximité du globe racinaire des plantes

Les oignons ont des besoins directement en lien avec le type de culture et la variété. C'est le rendement potentiel qui guidera l'estimation. Or, ce rendement varie du simple au triple, selon le type de production adaptée à son marché.
Les oignons ont des besoins directement en lien avec le type de culture et la variété. C'est le rendement potentiel qui guidera l'estimation. Or, ce rendement varie du simple au triple, selon le type de production adaptée à son marché. - F.

De manière générale, les cultures maraîchères se distinguent des grandes cultures traditionnelles de notre région par la durée et la saison de l’occupation du sol, la profondeur de l’enracinement, le poids de matière sèche exportée par unité de surface. Les cultures sous abris (serres, serres-tunnels…) sont dans des situations particulières déterminant la fertilisation d’une autre manière.

Pour les petites fermes maraîchères, l’exiguïté des surfaces de chaque lot (une variété à une date de plantation) conduit le maraîcher à fertiliser sa parcelle de manière plus ou moins uniforme, se réservant des modifications locales ultérieurement.

Le cas particulier des cultures sous abri

Sous abri, par exemple sous les serres tunnels, la fertilisation sera influencée par la production globalement plus importante en matière sèche et donc davantage d’exportations en éléments minéraux.

En outre, la protection de la pluie limite le lessivage des éléments solubles et les pertes.

Mais, en particulier sous serre tunnel, la salinité peut perturber l’état de fertilité du sol, allant jusqu’à intoxiquer la plante. Après quelques années de culture sous abri, les apports insuffisants d’eau d’irrigation risquent de se traduire par une accumulation de sels solubles en partie supérieure du sol, perturbant significativement le développement racinaire et les équilibres ioniques de la solution du sol. Les conséquences sont alors lourdes avec de mauvaises levées, de mauvaises reprises de plantations, une croissance fortement ralentie, des maladies physiologiques (brûlure marginale en laitue, nécrose apicale en tomate, etc.).

En pratique, nous évitons les apports foliaires en cultures sous serres en été pour éviter les brûlures sur feuilles.

F.

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