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Mots d’août

Radin comme un Hollandais, le ciel de juillet a gardé pour lui sa chaleur et ses pluies bienfaisantes. Nos amis flamands l’affirment : le nord-est ne leur apporte rien de bon, et pas uniquement le vent… Jusqu’à présent, nous vivons durant cet été une drôle de « sécheresse froide », avec des bises assez fraîches et un grand déficit de précipitations, malgré le passage fréquent de gros nuages gris. Le mois d’août va-t-il changer la donne ? Nous apporter des pluies et un peu de chaleur ? Nous susurrer des mots doux ? Chasser par exemple cet embêtant virus qui nous empoisonne la vie ? Nous trouver un gouvernement fédéral ? Éclaircir le bleu libéral de la PAC ?

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Ceci dit, les petites misères de la météo ne sont que maux doux ! Nous aurions tort de nous plaindre de ne pas revivre des canicules du style 2019 ! Les chaleurs torrides font bouillir le sang, et vous ramollissent les neurones comme dans une cocotte-minute. Nous y échappons jusqu’à présent. Ouuuff !! Le réchauffement climatique serait-il refroidi par cette autre fièvre, celle qui nous prend la tête depuis mars ? Ce petit monstre de Covid-19 ne nous lâche pas, et se balade à nouveau dans les grandes villes, tandis que les campagnes wallonnes enregistrent très peu de contaminations. Notre commune ardennaise, haut perchée et fort peu touristique, n’est pratiquement pas touchée, mais nous devons tout de même respecter tout un fatras de règles de sécurité. Ces obligations ne sont qu’un moindre mal : les semaines passent et le temps joue pour nous, en attendant un vaccin ou un traitement efficace. Les chercheurs du monde entier se sont lancés sur la piste du virus. À ce propos, m’a écrit naguère un ami, on prête ces mots au Général de Gaulle : « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve ; des chercheurs qui trouvent, on en cherche ! »

S’il ne s’agissait d’un sujet aussi grave, nous ririons de tout le cirque corona-médiatique actuel, dans l’arène duquel politiciens et scientifiques se tiennent par la barbichette. Les « mots doux » volent d’un côté à l’autre comme des balles de ping-pong. Tout ce beau monde a tort et raison à la fois. Une chose est sûre : la note finale risque d’être fort salée, des points de vue social, économique et environnemental ! Les 27 pays de l’UE peinent à trouver un langage commun pour y remédier, et il a fallu toute l’intelligence politique -tout son machiavélisme légendaire veux-je dire !- de notre Charles Michel national pour labourer et sarcler un terrain d’entente plus ou moins plat. Mais de toute évidence, la PAC ne sera pas favorisée par les prochaines mesures européennes ! Il lui faudra céder une bonne part de son gâteau, ou plutôt de sa miche de pain sec…

Ces « maux d’août » 2020, dont nous nous souviendrons encore longtemps, vont impacter durement le budget consacré à l’agriculture. De plus, comment celui-ci sera-t-il réparti, entre les aides directes, le développement rural et le verdissement ? Les mauvaises langues politiques se pourlèchent les babines de ces diminutions, et tempèrent : « Comme le nombre des agriculteurs est en chute libre, ils perçoivent chacun davantage d’indemnités ; la baisse globale du budget ne les affectera donc pas chacun en particulier ! ». Ces cyniques autant qu’iniques mots d’août ne réchauffent guère notre enthousiasme, mais comment les ignorer ? Nous vivons dans une sorte de marais politico-sanitaire, où les choses s’enlisent et rien ne bouge, à pas mal de niveaux. Rien de prometteur ne semble poindre à l’horizon. Les chiffres des contaminations et des décès rythment nos quotidiens, chez nous et dans le monde. Trump continue de trumpiser aux USA, Bolsonaro de bolsonariser au Brésil ; les pauvres y meurent par dizaines de milliers, sacrifiés sur l’autel de l’économie et de la bêtise criminelle de leurs dirigeants.

En Belgique, -tiens oui pourtant ! –, enfin une bonne nouvelle!! On parle de la formation d’un gouvernement fédéral avant la fin de ce mois. Bart De Wever, champion des formules-chocs, des citations latines et des mots doux envers les francophones, semble avoir justement trouvé les bons mots pour convaincre le PS wallon de s’atteler avec lui. Pourquoi pas ? En Belgique, il ne faut s’étonner de rien.

Août est le mois des moissons : le grain à moudre n’y manquera pas ! C’est également le mois des orages… Puissent les maux d’août nous épargner !

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Paysages en pays sage

Voix de la terre Il n’aura fallu que cinq jours ! Lundi matin, l’énorme vieille ferme dressait encore ses murs orgueilleux au milieu du village, défiant le temps et les saisons depuis trois cents ans. Vendredi soir, elle n’était plus là, tout simplement ! Disparue, envolée, comme si elle n’avait jamais existé. Un bulldozer, deux pelleteuses, ainsi qu’une noria de très gros tracteurs attelés de bennes, ont tout rasé et enlevé en quelques dizaines d’heures. Sur le terre-plein ainsi dégagé, sera bientôt construit un complexe de vingt appartements. L’un après l’autre, les derniers témoins de la vie agricole d’autrefois disparaissent des paysages intérieurs de nos localités.
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