Née en début de confinement, Coevia, la coopérative (qui n’en est pas encore une) des éleveurs viandeux associés, n’a que quelques mois, mais pour Aurélien Holvoet, secrétaire de Coevia, l’idée mûrit depuis un petit moment déjà.
« Notre première réunion ORI (organiser, réfléchir, dégager des idées) s’est tenue début mars, juste avant le confinement. Celle-ci s’est principalement intéressée à la question du revenu durable et équitable dans la filière viande bovine », explique Aurélien
Son idée de départ ? Fonder une coopérative pour améliorer le revenu des éleveurs viandeux, mais avant d’y arriver il leur semblait important de se concentrer sur la mise en place d’un échange d’informations afin de rendre le système de fixation des prix plus transparent.
« Depuis quelques semaines, voire quelques mois, nous nous sommes attelés à démêler toutes les infos relatives à ce marché. Nous essayons également de trouver des collaborateurs qui seraient prêts à tirer les gens dans le bon sens en vue d’avoir une meilleure concertation et ainsi pouvoir faire bloc vis-à-vis des autres maillons de la filière. »
L’initiative amène un vent de fraî
Une cotation hebdomadaire
Si le chemin est loin d’être simple, ces éleveurs ont commencé par regrouper les infos pour créer un système de cotation qui se base sur la collecte de données d’éleveurs via un formulaire en ligne. « Le compte rendu est communiqué tous les mardis, à 8h, par mail aux adhérents. Nous les publions relativement tôt dans la semaine pour une meilleure réactivité par rapport à la vente de nos animaux », explique Aurélien. Aujourd’hui, près de 195 personnes souscrivent à notre newsletter. »
Le système de cotation a également pour but de donner des clés de compréhensions du système de fixation des prix pour aider les producteurs à vendre mieux. Des informations sur les classifications sont notamment fournies. « Nous voulons donner aux gens une idée de la tendance du marché, et ce d’une semaine à l’autre. Toutefois, ce n’est pas parce qu’un éleveur vend une bête à un tel prix que toutes les autres doivent partir à ce tarif. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de bien connaître ses classifications et de s’en informer auprès de l’ivb ou de la cw3c. Car l’éleveur a clairement une responsabilité dans la vente de ses bêtes », poursuit-il.
Plus les éleveurs seront nombreux à partager leurs données de vente, plus la cotation sera précise et les tendances standardisées. « C’est important ! On constate que pour des animaux comparables, le prix payé varie en fonction de la région dans laquelle on se trouve. En Flandre, c’est encore autre chose, le prix payé est souvent plus élevé. Nous regrettons certains monopoles de prix et les certaines mauvaises habitudes pour ne pas donner un prix correct à l’éleveur ! »
« D’autant qu’un éleveur qui vend une bête ne saura le prix qu’il touche que trois semaines plus tard. Le secteur a eu tendance à ne plus se battre pour un prix rémunérateur en faisant peut-être un peu trop confiance à la cheville. »

Un marché opaque
Un modèle de marge brute
« On l’a vu aussi au niveau de la crise du Coronavirus. Les prix de la viande ont augmenté dès le mois de mars, on en a pourtant eu que les premiers échos début mai. Pendant un mois ou deux, la cheville et les marchands ont temporisé et en ont un peu profité. C’est d’autant plus déloyal que quand les prix chutent, l’éleveur est directement impacté. »
Pour le président de l’asbl, l’idée n’est pas de remettre en cause toute la filière « Tout le monde doit gagner sa croûte. On aimerait simplement que notre travail soit davantage pris en considération et rémunéré plus justement. D’où l’importance d’avoir une meilleure concertation entre éleveurs. »
Malgré tout, Coevia se veut positive. « Nous voyons que certains magasins veulent travailler à livre ouvert avec la filière pour lui permettre de subsister. Certains ont bien compris que si l’élevage n’est pas rémunéré plus justement, il est voué à disparaître avec toutes les conséquences que l’on connaît derrière. »
Pour Aurélien Durant, c’est d’autant plus paradoxal que la meilleure image de la viande est avant tout celle de la vache qui pâture et non une carcasse qui pend au crochet. « Le sang n’attire personne ! »
D’abord le Blanc-bleu, les autres races ensuite ?
L’asbl n’est pas en manque d’idée pour la suite. Ses membres se réunissent régulièrement afin d’établir les directions dans lesquelles aller.
Pour le moment, Coevia reste spécialisée dans le Blanc-bleu et est d’ailleurs hébergé sur le site www.blanc-bleu-belge.com. « Nous préférons d’abord nous consacrer au Blanc-bleu avant d’étendre nos autels aux autres races. C’est une race tellement spécifique. Nous n’avons pas envie de nous lancer dans une foule de projets et de ne les mener qu’à moitié. »
Ces jeunes appellent évidemment les éleveurs à les rejoindre. « Plus vous vous inscrirez à notre cotation, plus le système sera précis, mieux nous vendrons ». Car, comme Aurélien se plaît à le dire : « l’union fait et fera notre force ».
Notons que le Sillon Belge intègre désormais les cotations Coevia dans ses pages «Marchés».
Pour s’inscrire à leur info-semaine, une adresse : https ://urlz.fr/cUnO.
Pour participer à la collecte des données : https ://urlz.fr/dyHg.