Capillotracteurs

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Notre agriculture n’échappe pas au phénomène : elle est fort capillotractée, à pleines mains et sans retenue ! Les théories et les réglements qui l’encadrent sont tirés par les cheveux, avec tout ce que cela suppose comme aberrations, outrances, débordements, disproportions. Regardons-nous ! Capillotractés sur nos tracteurs depuis des décennies, nos pilosités blanchissent et se raréfient, quand elles n’ont pas disparu au sommet de nos crânes ! Nous travaillons sans entractes, mais nos revenus se contractent ! En toute décontraction, d’innombrables détracteurs nous traquent et nous détraquent. JMP, notre inénarrable justicier masqué (pour cause Covid), dénonce et démonte régulièrement dans « Voix de la Terre » l’agribashing capillotracté de tous ces gens qui accusent l’agriculture des pires maux. D’incroyables inepties sont répandues au sujet de la viande rouge ; les produits phytosanitaires font l’objet de controverses peu éclairées ; notre empreinte carbone est exagérée à dessein. Rien ne nous est épargné : rumeurs malveillantes, approximations, interprétations erronées, amalgames gratuits, méconnaissance crasse de notre métier… Les capillotracteurs s’en donnent à cœur joie, quand il s’agit de nous dénigrer et de détourner ainsi l’attention du bon peuple des vrais dysfonctionnements qui accablent la filière alimentaire.

Le pire du pire vient des gens censés nous encadrer et nous protéger. Prenons entre autres l’Arsia et l’Afsca : voilà de redoutables capillotracteurs ! Jamais à court d’idées plus échevelées les unes, plus tirées par les cheveux les autres, les deux « A » nous inventent des réglements, des formalités, des maladies, des analyses à n’en plus finir, des délais d’attente, des kits « achats », des tampons, des signatures, des contrôles… On n’est jamais si bien capillotracté que par les siens, par des gens du terrain qui nous connaissent bien et qui s’ingénient à nous compliquer l’existence, semble-t-il à plaisir. Qu’avons-nous fait au bon dieu pour être ainsi capillotractés de gauche et de droite, du bas et d’en haut ?

Le haut, évidemment, c’est l’Europe. Il faudrait rebaptiser la PAC : Politique Agricole Capillotractée ! Lors de chaque réforme, elle nous surprend par ses changements de cap, ses nouvelles exigences envers les agriculteurs, ses directives remises au goût du jour. « C’est une fille d’avril (1962), pauvre de moi, une fille difficile ; elle ne veut pas, découvrir d’un fil, tout ce qu’elle a ». Cela dure depuis bientôt soixante ans ! À cet âge-là, tout de même, on est devenu un peu plus sage ! On a appris de ses erreurs. On sait combien il est utile de faire simple, au lieu de compliquer systématiqument la vie de ses administrés. Cela les amuse, ou quoi ? En 2020, l’Union Européenne oscille entre économie et écologie, entre santé et rendement ; elle sautille de social en capital, frétille entre Green Deal et Farm to Fork Strategy. Elle coupe les cheveux en quatre et ne sait où donner de la tête pour concilier les tiraillements nationaux qui la détraquent. Sa PAC est censée gérer l’approvisionnement européen en produits agricoles, mais pas n’importe lesquels, et pas n’importe comment ou à n’importe quel prix !

Pourtant, à l’ère des ordinateurs et des technologies triomphantes, la PAC se comporte avec l’agriculture comme un homme des cavernes qui traîne sa femme par les cheveux pour lui imposer sa domination. La PAC, notre société, et même ceux qui devraient nous guider et nous protéger !

Capillotracteurs un jour, capillotracteurs toujours !

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