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Remplissage et nettoyage du pulvérisateur: où les agriculteurs du sud du pays opèrent-ils?

Lors de la dernière déclaration de superficie, vous avez été invité à renseigner les lieux de manipulation des produits phyto. Les informations ont été traitées par le service gestionnaire de Pac-on-Web,et permettent d’avoir une idée plus précise des pratiques sur le terrain. Protect’eau tire les enseignements de ces résultats.

Temps de lecture : 7 min

Depuis cette année, les agriculteurs wallons doivent cocher, sur Pac-on-Web, les options « au champ », « sur une aire enherbée » ou « sur une aire étanche », pour les opérations de remplissage et de nettoyage du pulvérisateur.

Le choix est libre, mais il est conditionné par l’obligation de disposer du matériel approprié. Plusieurs cases peuvent être sélectionnées par opération. L’analyse des statistiques qui en résulte a permis à l’asbl Protect’eau de prendre connaissance des emplacements ou combinaisons d’emplacements les plus usités en Wallonie. Pour chacun d’eux, elle propose des astuces et aménagements observés par ses conseillers sur le terrain.

Lieux de manipulation de produits phyto: statistiques en Wallonie

Les statistiques compilées par le gestionnaire de Pac-on-Web (OPW) sont présentées dans les figures 1a et 1b ci-dessous.

En ce qui concerne l’opération de remplissage de la cuve principale (remplissage d’eau et incorporation du produit, Figure 1a), on observe une proportion de déclarations équivalente entre les trois emplacements : 1/3 des déclarations « au champ » ; 1/3 « sur une aire enherbée » ; et 1/3 « sur une aire étanche ».

PHYTO 1 (2)

Pour les opérations de nettoyage du pulvérisateur (rinçage interne de la cuve et nettoyage de la carrosserie, Figure 1b), près de 2/3 des déclarations (68%) renseignent un nettoyage au champ, suivi de l’aire enherbée (28%) et enfin, l’aire étanche (5%).

PHYTO 2

Décryptage et lien avec les situations sur le terrain

Depuis juin 2019, les conseillers de Protect’eau ont réalisé près de 650 visites en ferme pour accompagner les agriculteurs dans l’élaboration de projets d’aménagement ou d’équipement de leur pulvérisateur.

Voici quelques réflexions et recommandations récoltées auprès de ces conseillers.

Opérations de remplissage

Le nombre de déclarations relatives à la réalisation du remplissage au champ est élevé au regard des contraintes que cette pratique occasionne. Cette opération couvre, en effet, toutes les étapes du remplissage: de l’incorporation d’eau claire dans la cuve à l’ajout et au mélange du produit phyto.

Y parvenir au champ permet, ceci dit, de s’affranchir de devoir revenir à la ferme une fois la cuve terminée et, également, de faire l’économie d’un investissement dans une aire étanche.

Mais comment faire ? Certains utilisateurs professionnels recourent à l’utilisation d’une « nourrice » (véhicule porteur d’eau, figure 2), avec l’inconvénient de mobiliser un deuxième chauffeur.

Figure 2. Le remplissage au champ implique l’utilisation de véhicules porteurs d’eau pour l’étape d’incorporation d’eau claire dans la cuve.
Figure 2. Le remplissage au champ implique l’utilisation de véhicules porteurs d’eau pour l’étape d’incorporation d’eau claire dans la cuve.

Une autre solution consiste à remplir le pulvérisateur à partir de cuves d’eau claires entreposées au champ.

Comme mentionné précédemment, cela reste assez contraignant et, parmi les agriculteurs intéressés, peu mettent finalement ces techniques en pratique.

Attention, si la cuve est remplie d’eau à la ferme, mais que le produit est incorporé au champ, il faut respecter l’ensemble des conditions applicables « aux opérations de remplissage réalisées à la ferme », à savoir : travailler sur une aire étanche et résistante aux produits phyto ou sur une aire enherbée. Dans ce cas de figure, c’est bien la case « aire étanche » ou « aire enherbée » qu’il faut cocher, et non « au champ » (figure 3).

Figure 3: le remplissage du pulvérisateur concerne toutes les étapes de remplissage, à savoir : du remplissage d’eau claire à l’incorporation du produit et au mélange de la bouillie. Si l’eau claire est introduite dans la cuve à la ferme, il faut cocher la case « sur une aire étanche » ou « sur une aire enherbée », dans Pac-on-Web.
Figure 3: le remplissage du pulvérisateur concerne toutes les étapes de remplissage, à savoir : du remplissage d’eau claire à l’incorporation du produit et au mélange de la bouillie. Si l’eau claire est introduite dans la cuve à la ferme, il faut cocher la case « sur une aire étanche » ou « sur une aire enherbée », dans Pac-on-Web.

Dans la même logique, afin de n’avoir aucune manipulation à réaliser dans la cour de ferme, on veillera à ce que l’aire enherbée soit située à proximité d’une source d’approvisionnement en eau dès lors que l’on souhaite y pratiquer les opérations de remplissage du pulvérisateur (figure 4).

Figure 4: l’aire enherbée doit être située à proximité d’une source en approvisionnement en eau pour pouvoir y effectuer le remplissage du pulvérisateur.
Figure 4: l’aire enherbée doit être située à proximité d’une source en approvisionnement en eau pour pouvoir y effectuer le remplissage du pulvérisateur.

Pour rappel, il est également nécessaire d’être équipé d’un système anti-retour et anti-débordement (figures 5 et 6), quel que soit l’emplacement choisi pour le remplissage (au champ, sur une aire enherbée ou à la ferme).

Figure 5: l’utilisation d’une potence (montée ici sur la cuve) fait office de système anti-retour.
Figure 5: l’utilisation d’une potence (montée ici sur la cuve) fait office de système anti-retour.

Figure 6: installation d’un volucompteur à arrêt automatique comme système anti-débordement.
Figure 6: installation d’un volucompteur à arrêt automatique comme système anti-débordement.

Opérations de nettoyage

Les chiffres relatifs aux opérations de nettoyage révèlent, quant à eux, que l’aire étanche à la ferme connectée à un « système de traitement des effluents phytos » (Stephy) ne concerne qu’un tout petit nombre d’agriculteurs (300 déclarations, soit moins de 5 %, figure 7).

Figure 7: l’obligation de s’équiper d’un système de traitement d’effluents phytosanitaires ne concerne que les utilisateurs qui souhaitent nettoyer leur pulvérisateur sur l’aire étanche, à la ferme, soit une toute petite partie des agriculteurs en Wallonie.
Figure 7: l’obligation de s’équiper d’un système de traitement d’effluents phytosanitaires ne concerne que les utilisateurs qui souhaitent nettoyer leur pulvérisateur sur l’aire étanche, à la ferme, soit une toute petite partie des agriculteurs en Wallonie.

Si c’est certainement l’emplacement le plus confortable, c’est également le plus exigeant en matière d’équipement et donc de coûts : dalle étanche, systèmes de séparation des eaux de pluie et des effluents phyto, éventuel stockage et/ou système de traitement des effluents phytosanitaires (sauf si enlèvement par un prestataire agréé).

Il est autorisé « d’autoconstruire » son système de traitement d’effluents. Protect’eau vient de publier, sur son site internet, le guide de montage du biofiltre. N’hésitez pas à faire appel à leurs conseillers pour un avis technique plus précis.

Ce sont les opérations au ch amp qui remportent les suffrages, en combinaison avec des interventions ponctuelles sur une aire enherbée pour des lavages occasionnels. C’est également la combinaison préconisée par l’asbl.

Figure 8: un kit de lavage embarqué peut être installé facilement sur de nombreux modèles de pulvérisateurs et permet de nettoyer la carrosserie au champ.
Figure 8: un kit de lavage embarqué peut être installé facilement sur de nombreux modèles de pulvérisateurs et permet de nettoyer la carrosserie au champ.

Nettoyer son pulvérisateur au champ est la solution la plus simple et sans doute la moins coûteuse. Cela nécessite néanmoins d’équiper correctement son pulvérisateur avec un kit de lavage externe embarqué ou autonome (lance ou pistolet raccordé à une pompe ainsi qu’un tuyau d’une longueur suffisante, figure 8) et une cuve de rinçage d’un volume suffisant (10 % du volume nominal de la cuve principale en cas de présence d’une buse de rinçage interne, 20 % sinon, figure 10). La cuve d’eau claire peut être embarquée ou connectable au pulvérisateur.

Figure 10: la présence d’une buse de rinçage dans la cuve du pulvérisateur réduit le volume nécessaire de la cuve de rinçage (10 % du volume nominal contre 20% en l’absence de cet équipement). Elle peut être d’origine ou ajoutée, comme ici, par l’agriculteur.
Figure 10: la présence d’une buse de rinçage dans la cuve du pulvérisateur réduit le volume nécessaire de la cuve de rinçage (10 % du volume nominal contre 20% en l’absence de cet équipement). Elle peut être d’origine ou ajoutée, comme ici, par l’agriculteur.

L’aire enherbée est une alternative pour celui qui ne souhaite pas s’équiper d’une aire étanche mais souhaite néanmoins réaliser le remplissage ainsi que des lavages occasionnels près de la ferme.

Un usage intensif d’une aire enherbée pour le nettoyage du matériel n’est pas idéal en raison de la difficulté de maintenir un couvert herbacé permanent (phytotoxicité, zone boueuse…).

Certains agriculteurs équipent leur aire enherbée de « rampe d’accès » (grille, plaque…) afin d’éviter l’embourbement (figure 11).

Figure 11: certains agriculteurs s’équipent de «rampes d’accès» posées sur l’herbe pour ne pas abîmer leur aire enherbée.
Figure 11: certains agriculteurs s’équipent de «rampes d’accès» posées sur l’herbe pour ne pas abîmer leur aire enherbée.

Attention, il ne peut pas y avoir d’excavation du sol et il faut éviter que les passages de roues « aménagés » ne deviennent des voies d’écoulement vers l’extérieur de la parcelle. De même, le fait de prévoir une aire enherbée de plus grande taille que nécessaire permet d’alterner les zones de stationnement et réduire ainsi la pression exercée sur l’herbe.

Pour rappel, une aire enherbée ou une aire étanche ainsi que les éventuelles installations de stockage ou de traitement qui l’équipent, ne peuvent être implantées à moins de 5 mètres d’une voirie, de 10 m d’habitations de tiers et de 10 m de tout point d’entrée vers les égouts, les eaux de surface et les eaux souterraines.

Au champ avec un minimum d’eau, c’est possible !

En appliquant certaines recommandations, il est possible de réduire ses besoins en eau pour le rinçage interne, ce qui permet de recourir à la cuve d’eau claire pour d’autres usages au champ tels que le lavage de la carrosserie ou le nettoyage des filtres afin de ne ramener aucun effluent phyto à la ferme.

1.  Limitez les surplus de bouillie à la fin du traitement : plus le volume du fond de cuve est important, plus la quantité d’eau claire nécessaire pour la dilution et le rinçage est importante ;

2.  Fractionnez la dilution au 100e en 3 étapes consécutives avec de petits volumes d’eau : contrairement à l’idée reçue, c’est plus efficace et moins gourmand en eau que de rincer son pulvérisateur avec un grand volume; pour vous aider, la « calculatrice de dilution » de Protect’eau est à votre disposition sur www.protecteau.be (> Publications > Fiches techniques et autres outils > Remplissage, rinçage et nettoyage du pulvérisateur) ;

3.  Évitez les rinçages superflus : une simple dilution est généralement suffisante pour les traitements réalisés sur une même culture ou une culture compatible, ou lorsqu’ils sont suivis d’un épandage d’azote liquide, ou encore, après les traitements fongicides et insecticides ;

4.  Choisissez un pulvérisateur bien conçu et bien équipé : cuve de forme arrondie plus facile à rincer, parois lisses, volume mort réduit, cuve d’eau claire suffisante, programme de rinçage automatique ou semi-automatique, kit de lavage externe, filtres facilement démontables… Les conseillers de l’asbl peuvent vous renseigner au sujet de certaines de ces caractéristiques techniques.

Plus d’informations

Les conseillers de Protect’eau accompagnent les agriculteurs dans l’élaboration de projets d’aménagement. Ils peuvent également vérifier avec eux, de manière confidentielle, si l’infrastructure et les équipements répondent aux normes et conseiller, le cas échéant, sur les éventuels aménagements spécifiques à réaliser. De petits aménagements et un peu d’inventivité sont généralement suffisants.

N’hésitez donc pas à contacter votre Centre d’action de l’asbl: info@protecteau.be ou consultez www.protecteau.be.

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