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Du miscanthus et des MAEC pour préserver la qualité des eaux de captage

Dans le cadre des Journées Wallonnes de l’Eau, la Société Publique de Gestion de l’Eau (SPGE), in BW, le Centre Indépendant de Promotion Fourragère (CIPF) et leurs partenaires ont souhaité mettre en avant un projet innovant : « ReWaQua – Restore Water Quality ». Son objectif : encourager la mise en œuvre, par les agriculteurs, de pratiques favorables à la conservation et à l’amélioration de l’environnement – dont la protection des eaux de captage- et à la lutte contre les inondations et les coulées de boues.

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Le projet ReWaQua a pour but de maintenir les teneurs en nitrates dans les eaux du captage -dans le cas présent celui des « Sources de la Dyle »- à un niveau proche des concentrations naturelles. Pour y parvenir, à Houtain-le-Val, plusieurs agriculteurs ont marqué leur accord pour dédier une partie de leurs terres situées en zone de prévention du captage à la culture du miscanthus et à la mise en place de mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC). En 2020 et 2021, c’est plus d’un hectare de bandes de miscanthus qui ont été implantées.

Protéger les captages

La qualité de l’eau est devenue une préoccupation environnementale et sanitaire majeure. L’eau que fournit in BW répond à des normes de qualité strictes réglementées par la Wallonie sur la base de directives européennes et d’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé.

En effet, diverses sources de pollution menacent en permanence les captages : rejets d’eaux usées dans les rivières et dans les nappes phréatiques, accidents environnementaux (déversements d’hydrocarbure, fuites de citernes de fuel de chauffage…), nitrates et produits utilisés en agriculture, horticulture ou dans les jardins privés pour fertiliser les sols… Tous ces éléments peuvent présenter des risques lors de leur ruissellement dans les cours d’eau ou de leur infiltration dans les nappes souterraines.

« Pendant de nombreuses années, on a considéré que toute pollution pouvait être traitée et qu’il suffirait, par conséquent, de traiter les eaux de captages si elles contenaient des polluants, qu’ils soient d’origine agricole ou domestique, pour respecter les normes de potabilité au robinet du consommateur. C’était sans tenir compte du coût de ces traitements et de leurs impacts environnementaux non négligeables », explique Yves Renson, Directeur du département eau potable d’in BW. « Ainsi, le but du projet est de protéger la ressource en eau le plus en amont possible, ce qui est une démarche nettement plus motivante et fédératrice ».

L’intérêt du miscanthus

Le site de captage des Sources de la Dyle est une importante zone de prise d’eau destinée à satisfaire les besoins en eau du village et des communes avoisinantes. Il fait l’objet d’un « contrat-captage ». L’asbl Protect’eau y mène une série d’actions favorables à la préservation de l’eau en collaboration avec 23 agriculteurs : couverture des sols en hiver, cultures à bas niveau d’intrants… C’est dans cette logique que vient s’inscrire l’implantation de bande de miscanthus et de Maec.

« L’intérêt de ces choix réside dans le fait que les superficies dédiées au miscanthus et aux Maec ne nécessiteront plus aucun apport d’engrais ou de désherbage chimique. Le risque de lessivage de l’azote sur ces zones et de son transfert vers les eaux souterraines est, dès lors, fortement réduit », explique Gilles Manssens, du Centre Indépendant de Promotion Fourragère (Cipf) et coordinateur de « ReWaQua ».

« Avec le miscanthus, nous nous trouvons dans le cadre d’une culture nouvelle pour l’agriculteur, qui reçoit de l’aide et du soutien de partenaires spécialisés pour la mener à bien : réduction des frais de mise en place, conseils culturaux… De plus, si plusieurs agriculteurs géographiquement proches sont concernés par le projet, un partage d’expérience profitable à tous se développe, favorisant la réussite de cette culture », explique Yves Renson. « Malheureusement, il y a toujours un décalage entre les mesures prises sur le terrain et les résultats positifs visibles sur la masse d’eau. Néanmoins, le miscanthus ayant une durée de vie de 15 à 20 ans, il s’agit d’un programme à long terme et cela renforce sa probabilité de réussite. En outre, le produit récolté peut-être valorisé en tant que « combustible vert » -un intérêt qui va certainement se renforcer si le prix de l’énergie continue à flamber- et ce, dans un espace géographique limité ».

Les premiers résultats sont toutefois très encourageants : « L’impact de ses mesures sur la qualité de l’eau a fait l’objet d’un suivi régulier depuis 2 ans sur le site des Sources de la Dyle. Les analyses d’échantillons prélevés, à l’aide de bougies poreuses, montrent que l’eau percolant sous les Maec et sous les bandes de miscanthus est de bonne qualité et pauvre en nitrates », dit Gilles Manssens.

Des mesures utiles mais pas forcément à généraliser

Et de préciser : « Notons qu’il ne serait pas opportun de généraliser les Maec et la culture de miscanthus à l’ensemble de la zone de prévention du captage, car les productions agricoles à des fins alimentaires doivent rester majoritaires. Il est également avéré que les avantages environnementaux liés à ces deux pratiques sont maximisés lorsqu’elles sont intégrées au sein de cultures plus classiques. Enfin, je pense qu’il est également important d’indiquer que le miscanthus et les Maec peuvent également jouer un rôle dans le cadre de la prévention des coulées boueuses et des inondations. Implantés sous forme de bandes perpendiculairement aux axes de ruissellement, ils permettent de ralentir le flux d’eau, de favoriser son infiltration et de fixer les sédiments érodés ».

Propos recueillis par D. Jaunard

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